Georges Lautner (1926-2013) : les tontons, Monocle, Guignolo et autres barbouzes orphelins

Posté par MpM, le 23 novembre 2013

Georges Lautner 1966Georges Lautner semblait destiné au cinéma. A l'âge de sept ans, il déménage à Paris pour suivre sa mère qui s'apprête à commencer une carrière cinématographique. Marie-Louise Vittore, plus connue sous le pseudonyme Renée Saint-Cyr (elle apparaîtra sous ce nom dans une dizaine de films de son fils), connaît un succès certain avec Les deux orphelines de Maurice Tourneur et enchaîne les tournages avec René Clair, Jean Grémillon, Christian-Jacques... ce qui amène le jeune Georges à fréquenter assidument les milieux cinématographiques et les salles obscures.

Son bac en poche, après la libération de Paris, il commence une série de petits boulot liés au cinéma, dont décorateur sur La Route du Bagne de Léon Mathot. Il fait ensuite son service militaire, ce qui lui vaut un stage de projectionniste 16 mm puis un passage au service cinématographique des armées de Paris. Fort de ces expériences, il devient second assistant-réalisateur (notamment auprès de Sacha Guitry pour Le Trésor de Cantenac en 1949) et s'oriente peu à peu vers une carrière de cinéaste, après quelques apparitions devant la caméra qui lui confirment qu'il est trop timide pour être acteur.

C'est en 1958 qu'il trouve l'occasion de réaliser son premier long métrage, La Môme aux boutons, un échec commercial cuisant. Georges Lautner considérera toujours le suivant, Marche ou crève, comme son véritable premier film. Tout en faisant ses armes derrière la caméra, Georges Lautner rencontre peu à peu ceux qui l'accompagneront pendant une partie de sa carrière : l'acteur Bernard Blier, le scénariste et journaliste Pierre Laroche (avec lequel il collabore à cinq reprises) et surtout le directeur de la photographie Maurice Fellous.

Son premier succès commercial a lieu en 1961 avec Le monocle noir, une parodie d'espionnage qui met en scène Paul Meurisse dans le rôle du Monocle. Deux autres volets suivront : L'oeil du monocle en 1962 et surtout Le monocle rit jaune en 1964. Summum de la parodie des films d'espionnage, situé à Hong Kong, le film est un régal d'aphorismes ("Il est toujours bon, jeune homme, d'être en guerre avec les Anglais", "Voyez-vous, Major, plus je vois ces Chinois, plus je me dis : Mon Dieu, qu'ils sont Français...", "Mon nom de baptême est Théobald, je vous autorise à m'appeler... Mon Commandant", etc.), de situations décalées et de fusillades excentriques. Il doit sans doute beaucoup aux dialogues de Michel Audiard qui collabore pour la deuxième fois à un film de Lautner.

Leur première collaboration est restée à tout jamais dans les annales : Les tontons flingueurs, film noir hilarant où les gangsters ont de belles manières et le sens de la formule (la moitié des répliques sont restées dans les mémoires aujourd'hui encore alors qu'on fête son 50e anniversaire), restera probablement le film le plus connu de Georges Lautner (à son grand dam). En plus de réunir un casting 5 étoiles : Lino Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche..., il condense tout ce qui fait le sel du cinéma de Lautner : personnages charismatiques, sens de la formule, intrigue centrale prétexte à de nombreux rebondissements décalés, gros plans qui mettent en valeur le jeu des acteurs, découpage serré qui dynamise l'action...

Dans le genre, le cinéaste signera un autre film culte, Les barbouzes, qui réunit à nouveau les acteurs des Tontons, et leur adjoint la blonde Mireille Darc, véritable égérie de Lautner (on la retrouve dans Ne nous fâchons pas, Galia, Les pissenlits par la racine, La grande sauterelle...).

Le succès de Lautner se confirme dans les années 70 avec Il était une fois un flic, La valise, Quelques messieurs trop tranquilles... Après avoir offert un rôle à Jean Gabin dans Le Pacha, le réalisateur continue de tourner avec les plus grands : Jean-Pierre Marielle, Jean Yanne, Pierre Richard, Alain Delon et même Jean-Paul Belmondo avec lequel il se lie d'amitié. Les deux hommes tourneront ensemble Flic ou voyou, Le professionnel, Le Guignolo, Joyeuses Pâques...

Le succès de Lautner se dément un peu dans les années 80 où il alterne échecs commerciaux et succès relatifs. Fidèle à lui-même, il tourne avec Aldo Maccione (Le cow-boy), Michel Serrault (La cage aux folles 3), Patrick Bruel (La maison assassinée), Jean Carmet (L'invité surprise), Michel Galabru (Room service), et même Robert Mitchum (Présumé dangereux). En 1992, il met un terme à sa carrière (une quarantaine de films en 60 ans) avec L'inconnu dans la maison, librement adapté du roman de Georges Simenon, et qui sera une déception d'un point de vue commercial. Depuis, il s'était retiré à Grasse, dans un moulin appartenant à sa famille.

Malmené par la critique tout au long de sa carrière, Georges Lautner avait pourtant offert ses lettres de noblesse à un genre, la série B, qui a depuis inspiré plusieurs générations de cinéphiles et de réalisateurs. Aussi, peut-être serait-il légèrement ironique devant le torrent d'éloges qui accompagnent l'annonce de son décès : Aurélie Filipetti, ministre de la Culture, voit en lui un "inoubliable scénariste et réalisateur de grands films rassembleurs" ; "Il a fait tourner les plus grands et rire tout le monde. C'était un homme délicieux, d'une modestie charmante et d'un métier sûr. Merci, Georges", souligne Gilles Jacob ; Philippe Labro, journaliste, romancier et cinéaste, salue le "formidable professionnel qui est allé au plus grand public" ; le Premier ministre Jean-Marc Ayrault fait quant à lui part de sa "grande tristesse" face à la mort de celui dont le "cinéma fut le modèle du cinéma populaire, que des générations de Français connaissent en le redécouvrant toujours avec bonheur car il est profondément ancré dans notre patrimoine cinématographique".

Ceux qui l'ont bien connu ne sont pas en reste : Claude Rich se souvient avec émotion de celui qui le fit tourner dans Les tontons flingueurs : "Georges Lautner était un metteur en scène du rire de qualité, avec à son actif des films comiques et amusants mais jamais vulgaires" et rappelle que personne "ne s'imaginait décrocher un tel succès. On pensait que ça resterait un film de série B. On s'est rendu compte très vite que ça devenait un film important". "Merci Georges, le cinéma est bien triste ce soir" a de son côté déclaré Patrick Bruel qui avait joué dans La maison assassinée en 1987.

Mais la meilleure oraison funèbre figurait déjà en filigrane dans Le monocle rit jaune en 1964. Aussi, paraphrasant à la fois Bossuet et Audiard,  conclurons-nous par ces mots : "Ô nuit désastreuse, Ô nuit effroyable où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle, Georges Lautner se meurt, Georges Lautner est mort. Aujourd'hui, le panthéon cinématographique, par les milliers de témoignages qui affluent, l'accueille pour l'éternité."

Entourage au cinéma, la machine est en route

Posté par cynthia, le 23 novembre 2013

entourageLe célèbre site Variety rapporte que la date de début de tournage du film Entourage, suite de la série à succès, a enfin été dévoilée par son réalisateur, Doug Ellin. Ce dernier a en effet annoncé, via Instagram, que le tournage du long-métrage débuterait le 16 janvier 2014.

L'équipe au grand complet, composé de Jeremy Piven, Adrian Grenier, Kevin Connolly, Kevin Dillon, Debbie Mazar et Jerry Ferrara, a répondu présent pour l'adaptation cinématographique de cette série devenue culte.

Pour les novices qui ne connaissent pas Entourage, sachez que la série produite par Mark Wahlberg relate les aventures de Vincent Chase, jeune acteur prometteur, qui partage le luxe, les soirées mais aussi les déboires de la vie hollywoodienne avec ses meilleurs potes, eux-aussi dans le show business.

Suite à l'arrêt de la série en 2011 après huit saisons, les fans d'Entourage espéraient une adaptation cinématographique du show.  Mais le projet était à chaque fois repoussé.

La machine à présent en route, les fans pourront patienter avec le sourire.

L’instant court : Aningaaq, spin-off de Gravity, réalisé par Jonas Cuaron

Posté par kristofy, le 22 novembre 2013

AningaaqComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le clip City of Angels réalisé par Jared Leto avec Lily Collins, Olivia Wilde, James Franco, Ashley Olsen, Selena Gomez, Lindsay Lohan…, voici l’instant Court n° 121.

Gravity continue de flotter dans l’espace du succès avec plus de 3 millions de spectateurs en France, et un bon accueil similaire dans les autres pays qui lui vaut déjà plus de 500 millions de dollars récoltés dans le monde.

Le film est réalisé par Alfonso Cuaron mais il a aussi été porté depuis le scénario par son fils Jonas Cuaron qui a déjà des projets de films de son côté (dont une histoire avec deux personnages également en situation de survie, mais dans un désert).

Pour l’édition en dvd et blu-ray de Gravity, Jonas Cuaron a réalisé un court-métrage parallèle au film : dans l’espace, le personnage de Sandra Bullock, désespéré, lance un SOS par radio mais une voix inconnue qui ne la comprend pas lui répond, et lui fait entendre des aboiements de chien…

Le court-métrage Aningaaq raconte cet évènement du point de vue terrestre. Il avait été dévoilé lors du Festival de Venise là où Gravity a été présenté en avant-première. Depuis, le distributeur Warner espère des nominations aux Oscars pour Gravity, mais aussi dans la catégorie court-métrage pour Aningaaq…

Voici donc Aningaaq, spin-off de Gravity,  écrit et réalisé par Jonas Cuaron

A noter que, dans le générique de fin, Jonas Cuaron remercie son compatriote Carlos Reygadas…

Streams, un festival sans sortir de chez soi

Posté par MpM, le 21 novembre 2013

streamsEuroVoD, réseau de plates-formes indépendantes de VoD spécialisées dans le cinéma art et essai, propose pour la deuxième année consécutive un festival de cinéma européen se déroulant entièrement sur internet.

Jusqu'au 15 décembre, une sélection de 16 films inédits en dehors de leur pays de production est ainsi disponible en VoD dans neuf pays d'Europe, dont l'Islande, l'Espagne, l'Autriche et la Bulgarie. En France, c'est le site UniversCiné (membre fondateur d'EuroVoD) qui héberge le festival, avec une offre illimitée (tous les films pour 19€99) et une autre à l'unité (2,99€ en location).

Pour la première fois cette année, les spectateurs sont invités à voter pour leur film favori et permettre ainsi à l'un des concurrents de remporter le Prix du public européen. Par ailleurs, un jury international composé de bloggeurs et de journalistes distinguera lui aussi un film à qui sera remis la somme de 3500 €.

L’initiative, qui concerne potentiellement 220 millions de personnes, participe à la fois à la diffusion d'un cinéma d'auteur indépendant et fragile, mais aussi à la promotion des technologies numériques en tant que vecteur de distribution légitime de films inédits et de qualité. Elle prouve également la possibilité (si ce n'est la nécessité) de réinventer un modèle qui soit capable de s'extraire des vieux schémas de distribution traditionnels. A soutenir sans modération, donc.

Les films sélectionnés

Shelter de Dragomir Sholev (Bulgarie)
Love.net d'Ilian Djevelekov (Bulgarie)
Entre les bras de Paul Lacoste (France)
Chercher le garçon de Dorothée Sebbagh (France)
Nice Guy de Pascal Bergamin (Suisse)
Mary & Johnny de Samuel Schwarz & Julian Grünthal (Suisse)
Otel-lo de Hammudi Al-Rahmoun (Espagne)
Enxaneta d'Alfonso Amador (Espagne)
Mama Illegal d'Ed Moschitz (Autriche)
Anfang 80 de Sabine Hiebler et Gerhard Ertl (Autriche)
De leur vivant de Géraldine Doignon (Belgique)
Twa Timoun de Jonas D'Adesky (Belgique)
Leg ihn um de Jan Schütte (Allemagne)
Kleine Verbrechen de Christos Georgiou (Allemagne)

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Le festival Streams
Streams sur UniversCiné

Xavier Dolan comédien poids lourd dans un film en anglais

Posté par MpM, le 20 novembre 2013

xavier dolanLe réalisateur Xavier Dolan, révélé en France avec son premier film J'ai tué ma mère qui fut présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2009, l'année de ses 20 ans, délaisse momentanément sa carrière de cinéaste pour tourner dans le long métrage Elephant Song.

Le film, réalisé en anglais par Charles Binamé (Séraphin - Un homme et son péché, Maurice Richard) d'après une pièce de théâtre de Nicolas Billon, réunit également Bruce Greenwood, Catherine Keener, Carrie-Anne Moss et Colm Feore. Il se déroule dans un hôpital après la disparition d'un psychiatre : bien décidé à comprendre ce qui lui est arrivé, le directeur de l'institution interroge le dernier patient à avoir parlé au médecin, l'inquiétant Michael (interprété par Dolan).

En attendant de découvrir ce thriller psychologique sur les écran français, on pourra voir au mois de mars prochain le quatrième film réalisé par Xavier Dolan, Tom à la ferme, qui a remporté le prix de la critique à la Mostra de Venise. Apparemment infatigable, le cinéaste avait auparavant terminé le tournage de son cinquième long métrage, Mommy, avec deux actrices familières de son univers : ­Anne Dorval (J'ai tué ma mère) et Suzanne Clément (Laurence anyway).

Le Grand Rex accueille La Reine des neige en avant-première mondiale, avec une féérie des eaux

Posté par vincy, le 19 novembre 2013

la reine des neiges frozenLe Disney des fêtes fera sa sortie mondiale à Paris. Le Grand Rex accueille une fois de plus le nouveau dessin animé du studio en exclusivité française, durant deux semaines. Cependant La Reine des neiges ne sort que dans une semaine en Amérique du nord, et le 4 décembre dans toute la France. Si bien que la vénérable salle des grands boulevards (ouverte en 1932) s'offre une exclusivité mondiale.

C'est une longue tradition pour la salle parisienne d'accueillir le Disney de Noël. Et comme d'habitude, à chaque séance, il sera accompagné d'une féérie des eaux, spectacle aquatique et musical en prologue du long métrage. Le show débutera dès le 20 novembre 2013 et s'achèvera le 5 janvier 2014.

La Féerie des Eaux a été inaugurée au Grand Rex en 1954 (avant la séance de Tant qu’il y aura des hommes). Elle s'est modernisée au fil des années.

La Reine des neiges est l'adaptation du conte éponyme d'Hans Christian Anderson, qui avait déjà été mis en image par les studios Disney avec La petite sirène. Disney en profite pour ajouter un court métrage avec Mickey en avant séance.

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Réservations

Arras 2013 : le Slovaque Juraj Lehotsky reçoit l’Atlas d’or

Posté par MpM, le 18 novembre 2013

L'homogénéité de la compétition 2013 du Arras Film Festival, où chaque film semble avoir naturellement trouvé sa place, avait de quoi donner du fil à retordre aux différents jurys chargés de distinguer leur favori. Pas simple en effet de choisir parmi neuf œuvres de grande qualité mais aux sensibilités, influences et univers extrêmement divers.

Miracle et The girl from the Wardrobe

miracleLe grand jury, présidé par le réalisateur Philippe Faucon, et composé de Geoffroy Grison, Corinne Masiero, Anna Novion et André Wilms, semble ainsi avoir fait le grand écart entre un grand prix assez classique et un prix de la mise en scène beaucoup plus inventif et original.

Le premier, Miracle de Juraj Lehotsky (Blind loves) suit avec subtilité le parcours chaotique d'Ela, une adolescente perturbée enfermée dans une maison de correction. Le récit, assez relâché, alterne temps morts et moments d'accélération, avec à la clef pas mal de sensationnalisme gratuit. On a plus l'impression d'un film fourre-tout que d'une grande chronique adolescente.

Le deuxième film récompensé par le jury, girl from wardrobeThe girl from the Wardrobe de Bodo Kox, est au contraire la chronique fine et délicate d'une rencontre entre plusieurs solitudes, ainsi que d'une relation fraternelle profonde et pudique.

Jacek veille en permanence sur Tomek, son frère souffrant de graves troubles neurologiques, ce qui l'oblige à jongler avec ses obligations professionnelles et sa vie sentimentale. Lorsqu'il confie Tomek à sa voisine d'en face, la mystérieuse Magda, une relation singulière se noue entre les trois êtres à la dérive.

La poésie troublante du film, qui mêle l'ultra-réalisme du décor à des touches de fantastique issu des hallucinations de l'héroïne, en fait une œuvre complexe à la grande beauté formelle et à la tonalité douce amère pleine de nuances. Le film a d'ailleurs séduit le jury de lycéens qui lui décernent également leur prix.

Chasing the wind et West

Chasing the windLa critique, elle, a arrêté son choix sur un autre récit familial (définitivement le thème phare de cette 14e édition) beaucoup plus classique, Chasing the wind de Rune Denstad Langlo, qui raconte comment, après le décès de sa grand-mère, une jeune femme renoue avec son grand-père et son ancien petit ami.

Un récit étonnamment esquissé, presque statique, composé de scènes ultra courtes et quotidiennes formant, en creux, le portrait d'une femme qui se réconcilie avec son passé. A l'opposé du long métrage qui a reçu la mention spéciale du même jury de la critique, West de Christian Schwochow, un thriller politique feutré sur la paranoïa contagieuse propre à l'époque de la guerre froide.

Kertu et Le grand cahier

Le public, lui, s'est laissé séduire par kertuune histoire d'amour hors norme, le très touchant Kertu de Ilmar Raag qui, s'il en fait parfois un peu trop dans les rebondissements, parvient à rendre crédible (et bouleversant) ce coup de foudre entre deux êtres blessés par la vie, qui trouvent soudain en l'autre les ressources nécessaires pour prendre leur existence en mains.

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32 jeunes comédiens et comédiennes au départ de la course pour les Césars du meilleur espoir

Posté par vincy, le 18 novembre 2013

Le comité de sélection de l'Académie des César a publié la liste indicative des 32 actrices et acteurs qui seront en lice pour les nominations aux César du meilleur espoir féminin et masculin.

Les 16 comédiennes retenues :

Margot Bancilhon dans Les petits princes
Flore Bonaventura dans Casse-tête chinois
Pauline Burlet dans Le passé
Lou de Laâge dans Jappeloup
Laetitia Dosch dans La bataille de Solférino
Pauline Étienne dans La religieuse
Adèle Exarchopoulos dans La vie d'Adèle
Golshifteh Farahani dans Syngué sabour - Pierre de patience
Esther Garrel dans Jeunesse
Ariane Labed dans Une place sur la Terre
Charlotte Le Bon dans La marche
Chloé Lecerf dans Vandal
Anamaria Marinca dans Un nuage dans un verre d'eau
Pauline Parigot dans Les lendemains
Vimala Pons dans La fille du 14 juillet
Marine Vacth dans Jeune & jolie

Les 16 comédiens retenus :

Swann Arlaud dans Crawl
Paul Bartel dans Les petits princes
M'Barek Belkouk dans La marche
Zinedine Benchenine dans Vandal
Pierre Deladonchamps dans L'inconnu du lac
Alain-Fabien Delon dans Les rencontres d'après minuit
Idrissa Diabate dans La cité rose
Youssef Hajdi dans Mohamed Dubois
Paul Hamy dans Suzanne
Tewfik Jallab dans La marche
Ibrahim Koma dans La cité rose
Vincent Macaigne dans La fille du 14 juillet
Hamza Meziani dans Les Apaches
Driss Ramdi dans Je ne suis pas mort
Jules Sagot dans Tu seras un homme
Nemo Schiffman dans Elle s'en va

Todd Field a choisi son ingénue pour Beautiful Ruins

Posté par vincy, le 18 novembre 2013

imogen poots
Variety vient d'annoncer que Todd Field (In the Bedroom, Little Children), absent des grands écrans depuis 2006, va enfin revenir derrière la caméra avec Beautiful Ruins.

Le film se tournera en mai, en Italie, avec Imogen Poots dans le rôle principal. Il s'agit de l'adaptation du best-seller américain de Jess Walter, sorti aux Etats-Unis il y a un an, et toujours inédit en France. L'écrivain collaborera au scénario avec le réalisateur.

L'histoire est celle d'une jeune américaine qui voyage en Italie en 1962 alors que le tournage de Cléopâtre attire tous les regards. Imogen Poots incarnera une jeune comédienne, Dee Moray, alors que le casting commence pour les rôles masculins et les figurants. Ainsi elle croise un jeune hôtelier italien, un vétéran de la seconde guerre mondiale qui achève un roman, un producteur et son assistant idéaliste, et bien sûr la star du film Richard Burton. Rêveurs et losers, superstars et  romantiques se croisent sous ses yeux.

Imogen Poots, jeune britannique de 24 ans, révéle dans 28 semaines plus tard, sera à l'affiche de plusieurs films dans les prochains mois : The Awkward Moment avec Zac Efron, Knights of Cup de Terrence Malick, A Long Way Down avec Toni Collette et Rosamund Pike, Need For Speed avec Dominic Cooper et  Squirrels To The Nuts avec Jennifer Aniston et Owen Wilson.

Arras 2013 : la famille et les êtres solitaires au coeur de la compétition

Posté par MpM, le 17 novembre 2013

arras 2013Pour sa 14e édition, l'Arras Film Festival proposait une compétition européenne composée de neuf longs métrages inédits venus d'Europe du Nord et de l'Est. Curieusement, la famille semble cette année au cœur des préoccupations des cinéastes qui représentent la cellule familiale dans tous ses états, et notamment dans ce qu'elle a de plus dysfonctionnel.

On retrouve ainsi à plusieurs reprises la figure du père indigne, soit tyran, soit faux démiurge, soit tout simplement absent. Dans The disciple d'Ulrika Bengts (Finlande), par exemple, le gardien de phare terrorise ses enfants et sa femme avec sa rigueur extrême et son autorité implacable.

Dans Terku d'Ilmar Raag (Estonie), le père de la jeune héroïne utilise un mélange de violence et de fausse douceur pour l'amener à lui obéir pleinement. Ces hommes ne sont pas présentés comme des monstres, mais simplement comme des êtres qui ne supportent aucune contradiction. Persuadés de savoir ce qui est bon pour leurs enfants, ils tracent pour eux un avenir tout écrit.

Impardonnables absents

Les pères absents ne sont pas plus idéalisés : celui de Miracle de Juraj Lehotsky (Slovaquie) a quitté sa famille peu de temps après la naissance de sa fille, celui de West de Christian Schwochow (Allemagne) est soupçonné d'être un traître. Dans Chasing the wind de Rune Denstad Langlo (Norvège), le père mort a laissé à sa fille un immense sentiment de culpabilité. Le personnage de The japanese dog de Tudor Cristian Jurgiu (Roumanie), lui, ne pense même pas à prévenir son fils, parti vivre au Japon, que sa mère est morte.

Dans The priest's children de Vinko Bresan (Croatie), les pères ne veulent tout simplement pas être pères, mais se retrouvent mis devant le fait accompli à cause des manipulations d'un prêtre nataliste. Quant au père des deux jumeaux mis en scène dans Le grand cahier de Jonas Szasz (Hongrie), il veut éloigner ses enfants pour les protéger, mais ne fait que les livrer à la violence la plus absolue. Absent lorsqu'ils ont le plus besoin de lui, il finit par devenir pour eux un parfait étranger.

A la dérive

Car l'autre thématique qui traverse la compétition est la description de personnages à la dérive, solitaires ou franchement paumés, qui recréent à leur manière une famille d'adoption à leur image. Au centre de Kertu, il y a ainsi cette rencontre lumineuse entre une jeune femme psychologiquement fragile et un coureur de jupons invétéré, alcoolique et atteint d'un cancer. Leur histoire d'amour, désarmante de simplicité et de sincérité, balaie les préjugés, et, malgré une certaine facilité de scénario, renvoie surtout à l'idée que ce qui réunit est toujours plus fort que ce qui sépare.

The girl from the wardrobe de Bodo Kox (Pologne) montre aussi la communion d'esprit entre un jeune homme atteint de graves troubles neurologiques et une jeune femme suicidaire. La poésie troublante du film, qui mêle l'ultra-réalisme du décor à des touches de fantastique issu des hallucinations de l'héroïne, rend palpable la connexion muette qui se fait entre ces deux êtres hors du monde.

Dans le même esprit, la jeune orpheline de Chasing the wind renoue après dix ans d'absence avec son ancien petit ami, veuf et désabusé ; les deux adolescents de The disciple s'unissent contre l'adversité ; les deux frères du Grand cahier sont reliés par un lien si fort qu'il en devient terrifiant ; le petit garçon de West, qui vient de quitter la RDA pour la RFA, cherche auprès d'un compatriote accusé d'espionnage la figure paternelle qui lui manque.

Un autre mode de communication

Un certain espoir semble ainsi émerger de ces différents films qui montrent, malgré une incommunicabilité presque endémique (le père de The japanese dog ne parle plus à son fils depuis dix ans, le grand père de Chasing the wind n'adresse pas la parole à sa petite fille, le frère malade de The girl from the wardrobe ne peut plus s'exprimer, les enfants de Kertu ou The disciple n'ont pas le droit à la parole face à leur père...), qu'il est toujours possible d'atteindre l'autre, même par un biais atypique. Le prêtre zélé de The priest's children ne finit-il pas par trouver (très ironiquement) des complices prêts à l'aider dans son entreprise de repeuplement de l'île ?

La dominante humaine de ces différents longs métrages est comme le révélateur à la fois d'un repli sur l'intime (peu de grands sujets de société sont abordés, au contraire des festivals habituels) et d'une volonté de remettre l'individu en tant qu'être social au centre du récit. L'exemple du Grand cahier est à ce titre éloquent : privé de reconnaissance et de chaleur humaine, les personnages se replient sur eux-mêmes et sombrent dans une violence pire que celle qui leur est infligée.

La fenêtre ouverte sur le monde par la compétition 2013 semble alors le reflet saisissant d'une société qui aspire à se recentrer sur l'essentiel (sa propre humanité) avant d'affronter les mutations et les révolutions d'un monde qui lui échappe.