Almodovar accuse (encore) le gouvernement espagnol

Posté par vincy, le 14 octobre 2013, dans Actualité, société, Business, Personnalités, célébrités, stars.

Pedro Almodovar attaque une fois de plus le gouvernement espagnol dans une tribune parue sur le site InfoLibre.es. Il accuse même le ministre du budge Cristobal Montoro d'ignorant. Celui-ci a déclaré la semaine dernière que "les problèmes du cinéma ne sont pas seulement liés aux subventions, mais aussi à la qualité des films qui se font, à leur commercialisation et à beaucoup d'autres choses." Almodovar y voit un complot organisé : "Le gouvernement a établit un plan parfaitement tracé pour asphyxier lentement le cinéma espagnol".

La colère du cinéaste n'est pas neuve (lire : La crise espagnole va faire mal au cinéma, qui se rebelle), mais les arguments font toujours aussi mal. Il rappelle ainsi que 4 des 10 films les plus vus la semaine dernière étaient espagnols. On pourrait ajouter que le cinéma espagnol a récolté 16 nominations aux Oscars depuis 1970 et plus de 30 prix à Cannes, Berlin et Venise depuis 1960, que la part de marché du cinéma national est supérieure à 20% en 2012, soit le meilleur résultat en 27 ans, et que l'industrie a généré l'an dernier un total de 151 millions d'euros de recettes à l'étranger, soit bien plus que dans son propre pays (lire aussi : 40 films pour défier la crise du cinéma espagnol).

La colère d'Almodovar provient de l'annonce du budget 2014 pour la culture qui va enregistrer une baisse de 12,4%, après une forte baisse l'an dernier de près de 23% dans le budget 2013. L'opposition socialiste dénonce une chute de 58 % du budget public destiné depuis 2011 au cinéma.

Dénonçant la hausse brutale du taux de la TVA sur le billet de cinéma (de 8 à 21%), le cinéaste constate que les entrées ont chuté (141 millions de spectateurs en 2002, 94 millions dix ans plus tard) et que les salles de cinéma ont fermé (1223 en 2002 et seulement 841 l'an dernier). "Le problème n'est pas que les spectateurs ne vont pas voir le cinéma de leur pays, mais bien qu'ils ont arrêté d'aller au cinéma" explique-t-il. "Pour la majorité des jeunes il n'est pas vital d'aller au cinéma, ils possèdent une multitude d'appareils avec lesquels s'amuser et qui sont reliés entre eux ; mais je connais quelques jeunes touchés par la maladie terrible de la cinéphilie. Pour tous et plusieurs autres des générations adultes, tous aussi cinéphiles, ces mesures ont non seulement abaissé son économie mais ils accentuent leur désespoir."

Pour Almodovar, l'explication est simple et n'a qu'un objectif, l'extermination du cinéma espagnol : "Toutes les prédictions faites à l'époque de cette hausse de la TVA, (que le public arrêterait d'aller au cinéma, que beaucoup de salles fermeraient), se sont vérifiées, sauf celles du gouvernement qui pensait augmenter ainsi ses recettes, écrit-il. Si le résultat est contraire à leurs prévisions : pourquoi les ministres du secteur et le gouvernement en général se montrent-ils aussi euphoriques ? Il ne peut y avoir qu'une seule réponse : parce qu'ils punissent le cinéma espagnol jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Parce que tout cela suit un rigoureux plan d'extermination."

Pour lui le gouvernement de droite ne veut que prendre sa revanche : "Depuis notre 'Non à la guerre' [d'Irak, ndlr], le cinéma espagnol est devenue la bête noire des gouvernements du PP (Parti populaire). Les coupes et le mépris actuels résultent de ce 'Non', dont je ne pourrais jamais me repentir même s'il ne devait plus rester un cinéma ouvert"

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