76 films pour 5 nominations à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère

Posté par vincy, le 12 octobre 2013
Berenice Bejo dans Le Passé

Le passé, production française en langue française, représente l'Iran

C'est un record : 76 pays ont envoyé un film (docu, horreur, thriller, drame, en costumes, animé...) pour être parmi les cinq éligibles à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Une grande partie des films ont été diffusés (en salles ou dans des festivals) en 2012.
Pour la première fois, des films de Moldavie, d'Arabie Saoudite et du Monténégro seront proposés aux comité de sélection. Tous ne partent pas à égalité. Certains films ont déjà reçu de multiples prix dans de nombreux festivals (celui de Cannes reste le vivier d'oscarisables le plus important), d'autres sont déjà sortis en salles ou s'apprêtent à sortir aux USA.
Et quelques cinéastes déjà nommés aux Oscars ou connus aux Etats-Unis se sont insérés dans la liste : Wong Kar-wai, Thomas Vinterberg, Asghar Farhadi, Paolo Sorrentino, Danis Tanovic, Andrzej Wajda...
Toujours est-il que le système (un pays, un film) est de plus en plus contesté. Nombreux sont ceux qui réclament une réforme de cette catégorie.

Les nominations des 86e Oscars seront annoncées le 16 janvier 2014. Les Oscars seront décernés le 2 mars 2014.

Afghanistan, Wajma, une fiancée afghane (sortie le 27 novembre 2013)
Afrique du Sud, Four Corners
Albanie, Agon
Allemagne, D'une vie à l'autre (sortie avril 2014)
Arabie Saoudite, Wadjda
Argentine, Le médecin de famille (sortie le 6 novembre 2013)
Australie, The Rocket
Autriche, Le mur invisible
Azerbaïdjan, Steppe Man
Bangladesh, Television
Belgique, Alabama Monroe
Bosnie-Herzégovine, An Episode in the Life of an Iron Picker (Grand prix du jury à Berlin)
Brésil, Neighboring Sounds
Bulgarie, The Color of the Chameleon
Cambodge, L'image manquante (Prix Un certain regard à Cannes)
Canada, Gabrielle (sortie le 16 octobre 2013, Prix du public à Locarno)
Tchad, GriGris
Chili, Gloria (sortie le 5 février 2014)
Chine, Back to 1942
Colombie, La Playa
Corée du sud, Juvenile Offender
Croatie, Halima’s Path
Danemark, La Chasse
Equateur, The Porcelain Horse
Egypte, Winter of Discontent
Espagne, 15 ans et un jour
Estonie, Free Range
Finlande, Disciple
France, Renoir
Géorgie, In Bloom (sortie le 27 novembre 2013)
Grèce, Boy Eating the Bird’s Food
Hong Kong, The Grandmaster
Hongrie, The Notebook
Islande, Of Horses and Men
Inde, The Good Road
Indonésie, Sang Kiai
Iran, Le passé
Israël, Bethlehem
Italie, La grande bellezza
Japon, The Great Passage
Kazakhstan, Shal
Lettonie, Mother, I Love You
Liban, Blind Intersections
Lituanie, Conversations on Serious Topics
Luxembourg, Blind Spot
Mexique, Heli (prix de la mise en scène à Cannes)
Moldavie, All God’s Children
Monténégro, Ace of Spades - Bad Destiny
Maroc, Horses of God
Népal, Soongava: Dance of the Orchids
Norvège, I Am Yours
Nouvelle Zélande, White Lies
Pakistan, Zinda Bhaag
Palestine, Omar
Pays Bas, Borgman
Pérou, The Cleaner
Philippines, Transit;
Pologne, Walesa. Man of Hope
Portugal, Les lignes de Wellington
Rép. Dominicaine, Quien Manda?
Rép. Slovaque, My Dog Killer
Rép. Tchèque, The Don Juans
Roumanie, Child’s Pose (sortie hiver 2014, Ours d'or à Berlin)
Royaume Uni, Metro Manila
Russie, Stalingrad
Serbie, Circles
Singapour, Ilo Ilo (Caméra d'or à Cannes)
Slovénie, Class Enemy
Suède, Eat Sleep Die
Suisse, Des abeilles et des hommes
Taïwan, Soul
Thaïlande, Countdown
Turquie, The Butterfly’s Dream
Ukraine, Paradjanov
Uruguay, Anina
Vénézuela, Breach in the Silence

Saint-Jean-de-Luz 2013 : les jeunes réalisateurs passent d’une vie à l’autre, le Festival aussi

Posté par vincy, le 12 octobre 2013

La belle vie

Mensonges et liberté. La sélection des films du Festival international des jeunes réalisateurs est traversée par ces deux thématiques que les "jeunes" cinéastes français et étrangers traduisent en comédie, thriller ou drame avec des personnages solitaires, des couples chaotiques, des familles bancales.

Mais ce qui frappe le plus c'est que tous les personnages de ces films aspirent à une autre vie, et font le choix de provoquer le déclic qui les emmènera dans l'inconnu. Avec Le géant égoïste, deux ados renvoyés de l'école apprennent à appréhender leur avenir. Pour La pièce manquante, un homme doit affronter la disparition de son épouse et mère de leurs enfants. Dans La belle vie, le solaire Sylvain (photo) doit savoir s'il continue à suivre son père dans une vie clandestine et associable ou rejoindre sa mère. Et dans Le sens de l'humour, une jeune veuve ne sait pas comment faire entrer un nouvel homme dans sa vie. D'une vie à l'autre n'est jamais que l'histoire d'une usurpation d'identité : cette femme doit-elle révéler la vérité, quitte à fracasser l'harmonie familiale? Ou encore Attila Marcel, du nom du père de ce jeune homme, silencieux depuis ses deux ans, qui doit explorer sa mémoire pour savoir s'il a un futur, et vivre ainsi pleinement sa vie, et pas celle qu'on lui dicte.

A Saint-Jean-de-Luz, les films montrent à quel point nous sommes enfermés dans nos peurs, aliénés par le monde qui nous entoure, sous l'emprise de gens qui veulent diriger nos vies. Alors ils mentent ou ils se taisent, quitte à mettre leur existence en péril. Tous rêvent de vivre librement, comme ils le veulent, prêts à détruire les liens les plus fondamentaux, amoureux, filiaux ou amicaux. Si les films disposent de gros budgets ou s'ils ont été fabriqués avec une fragile économie, leurs auteurs sont heureux d'avoir pu les aboutir et les montrer à un public venu très nombreux, confirmant la montée en puissance de la manifestation.

Le Festival des jeunes réalisateurs est mort? Vive le Festival de Saint-Jean-de-Luz!

Cette très belle édition, la dix huitième, sera d'ailleurs elle aussi à un carrefour. En effet, dans un élan aussi égotique que destructeur, l'ancien maire de Biarritz, Bernard Marie (le père de Michelle Alliot-Marie) a décidé d'arrêter le Festival. A 95 ans, Bernard Marie aurait pu partir en faisant l'éloge de la jeunesse (colonne vertébrale du Festival), et en transmettant le flambeau. Mais non. Il n’y aura pas de 19e édition en 2014. Cependant il assure qu’un nouvel événement sera organisé : nouveau nom, nouveau concept. Dans un édito titré « End », Marie, président de l’association pour l’Organisation des festivals, explique que "Le thème du Festival des jeunes réalisateurs tel qu’Alain Poiré, Georges Lautner, Claude Pinoteau et moi-même l’avions conçu voici près de vingt ans a changé de style. Il est donc temps que ce festival se retire." L'association, propriétaire du concept depuis le lancement en 1996, aurait pu céder la marque (le concept n'a rien de singulier, il existe de nombreux festivals axés autour des premiers films). Regrettant de ne plus avoir de pouvoir au sein du Festival, Bernard Marie préfère menacer de procès quiconque exploitera cette marque comme ce concept.

Voyons là le verre à moitié plein : l’office de tourisme de Saint-Jean-de-Luz est devenu le maître d’ouvrage de l’événement (et verse 23 800 euros à l’association de Bernard Marie chaque année,) soit 15 % du budget total de l'événement selon Sud Ouest. Cela fera autant d'argent gagné pour enrichir un Festival qui a encore un fort potentiel. Surtout, en se libérant du "concept", les équipes vont pouvoir imaginer un avenir différent.

C'est l'heure des choix, comme dans les films présentés cette année au cinéma Le Sélect.