Si l'on veut voir des films sud-américains, asiatiques, et même français, c'est dans la sélection Orizzonti (l'équivalent d'Un certain regard) qu'il faut les chercher cette année. La 70e Mostra de Venise mise ici sur les nouveaux talents. Mais pas seulement.
Ainsi le Kazakh Serik Aprymov, primé à locarno en 2004 pour Okhotnik, cotoiera la productrice et styliste Agnès B. qui réalise son premier film (avec Sylvie Testud en vedette). Le monteur de Laurent Cantet, 9 ans après Les revenants, est de retour avec Eastern Boys. A l'autre bout du spectre, le film hype sera issu du clan Coppola : la petite fille de Francis Ford et nièce de Sofia et Roman, Gia, réalise elle aussi son premier film. Orizzonti présentera aussi un film iranien de Shahram Mokri ou le 2e film réalisé par le producteur de Full Monty, Uberto Pasolini, Still Life. Le Japon, présent dans toutes les sélections, n'est pas absent avec le film de Shion Sono, remarqué avec ses précédents films à Deauville, Berlin et sélectionné en compétition à Venise il y a deux ans.
Un vaste panorama de la production mondiale, sans forcément de grandes stars. Mais c'est sans doute ici que peuvent se révéler les plus belles surprises...
Des docus, des dessins animés (y compris la version cinéma du culte Albator), le Lion d'or de l'an dernier (Kim Ki-duk), Miguel Gomes ou encore une docu-fiction spectaculaire sur l'Amazonie... Hors-compétition, il y en aura pour tous les goûts au 70e Festival de Venise. De Wang Bing (primé dans la sélection Orizzonti l'an dernier avec San Zimei) à Lee Sang-Il (Akunin il y a trois ans et Hula Girls il y a sept ans avaient récolté de nombreux prix), Venise a décidé de jouer la diversité, passant de la science-fiction au dopage dans le cyclisme, en déviant par le thriller du réalisateur de Crazy Joe, avec Tom Hardy dans le rôle principal de Locke.
Cette 70e compétition vénitienne est un choc : un seul film français, deux films asiatiques et une énorme présence nord-américaine et anglaise. Rien d'Amérique du Sud, d'Europe de l'Est ou du Nord. Et à peine trois italiens. Voilà pour la surprise. On peut se féliciter de voir deux documentaires et un film d'animation (le Miyazaki tout de même), des grands noms comme Frears et Gilliam, et la nouvelle génération (Dolan, Franco, Reichardt...).
Mais aucun Steve McQueen, ni de Bong Joon-ho, ni de Paul Greengrass... Quant à Kim Ki-duk, pourtant Lion d'or l'an dernier, est hors compétition. Et côté français, c'est l'hécatombe : le Breillat a été refusé par tous les festivals. Et seul Garrel, habitué du lido, est présent.
Toujours est-il que la compétition sera une succession de stars sur le tapis rouge : Scarlett Johansson, Nicolas Cage, Zac Efron, Jesse Eisenberg, Lee Kang-sheng, Judi Dench, Christoph Waltz et Matt Damon...
Le festival aura lieu du 28 août au 7 septembre. Le jury est présidé par Bernardo Bertolucci.
Drôle de casting pour les Venice Days : Harry Potter en la présence de Daniel Radcliffe chez John Krokidas et le canadien Bruce LaBruce, sulfureux cinéaste souvent censuré. Et au milieu de tout ça la divine Hiam Abbass, réalisatrice d'un film sélectionné, mais aussi actrice principale de Cherien Baier.
Les films sélectionnés :
[Women's Tale] Le donne della vucciria - Hiam Abbass (Italie) Bethlehem - Yuval Adler (Israël) May in the Summer - Cherien Dabis (USA/Jordanie) La belle vie - Jean Denizot (France)
[Women's Tale] The Door - Ava Duvernay (Italie) La mia classe - Daniele Gaglianone (Italie) Khawana (Traitors) - Sean Gulette (Maroc) Koksuz (Nobody's Home) - Deniz Akçay Kariksiz (Turquie) Kill your darlings - John Krokidas (USA) Gerontophilia - Bruce LaBruce (USA) Alienation - Milko Lazarov (Bulgarie) Rigor Mortis - Juno Mak (Hong Kong) Siddharth - Richie Mehta (Inde)
et aussi : L'arbitro - Paolo Zucca (Italie) - film de pré-ouverture Julia - J. Jackie Baier (Allemagne) - séance spéciale Venezia Salva - Serena Nono (Italie) - séance spéciale Taratuto - Juan Taratuto (Argentine)- séance spéciale Tres Bodas de mas - Javier Ruiz Caldera (Espagne) - film de clôture
La sortie de Kaze Tachinu (The Wind Rises) a été un succès au box office ce week-end au Japon. Pourtant, Hayao Miyazaki, vétéran de l'animation vénéré en son pays, a fait des vagues. Dans un entretien au journal du Studio Ghibli, le sien donc, Neppu, il a évoqué les femmes de réconfort, ces coréennes et autres femmes asiatiques (de 20 000 à 200 000 selon les estimations) qui ont été enlevées puis asservies pour devenir des prostituées destinées au militaires japonais.
Selon Miyazaki, le Japon n'en a pas fait assez pour réparer ce mal. Aussitôt, en plein week-end électoral (qui a donné la victoire aux conservateurs-nationalistes du Premier ministre), les réactions ont fusé. Le réalisateur a été taxé d''anti-Japonais'. Rien que ça.
C'est d'ailleurs ironique que certains Japonais s'offusquent des propos d'un artiste qui, comme l'écrivain Murakami, a toujours véhiculé des valeurs pacifistes et écologiques. C'est d'autant plus paradoxal dans ce cas que le nouveau dessin animé de Miyazaki ressuscite le héros de la seconde guerre mondiale Jiro Horikoshi, concepteur des avions de combats Mitsubishi A6M Zero.
Opposition politique
Mais le dessin animé est apparu pour certains comme une trahison à l'Histoire japonaise. Ses propos sur les femmes de réconfort n'ont pas arrangé les choses : "C'est une question de fierté pour un pays, il est nécessaire de demander pardon proprement et de payer pour les réparations." Les "ianfu", ces femmes de confort regroupées spécifiquement à des fins de prostitutions, n'ont toujours pas été dédommagées. Les politiciens Japonais et même l'Empereur se sont souvent publiquement excusés pour les crimes commis durant les guerre. Mais pour les femmes bafouées, et leurs descendants, le Japon a sous-évalué les montants. Pire l'actuel Premier ministre, Shinzo Abe, qui aime surfer sur les valeurs patriotiques et rêve que le Japon se remilitarise, avait déclaré en 2007 : "Le fait est qu'il n'y a pas de preuve qu'il y avait eu usage de contrainte." Au nom de l'honneur du pays, le révisionnisme est de mise, alors que les USA réclament que le Japon reconnaisse "formellement", en s'excusant et en acceptant "sa responsabilité historique d'une façon claire et sans équivoque pour la contrainte employée par ses militaires afin de forcer des femmes à l'esclavage sexuel pendant la guerre."
Autant dire que les Japonais ne sont pas encore prêts à s'amender. Dans la même interview, Miyazaki évoque aussi les disputes territoriales sur certaines îles avec les voisins coréens et chinois, menaçant la paix dans la région. Il propose même que ces îlots soient gérés conjointement par les pays qui les réclament! De quoi énerver le parti au pouvoir qui en a fait un enjeu stratégique, politique et diplomatique. Mais Miyazaki se situe ailleurs : du côté de ceux qui ne veulent pas voir une guerre éclater de nouveau. A 72 ans, né en plein conflit mondial, ayant grandit dans l'après Hiroshima (et Nagazaki), le Maître continue de vouloir réconcilier les Japonais avec leur histoire et leur environnement. Et certains, d'ailleurs, l'acclament pour ses prises de position. Mais ils sont rares et beaucoup lui ordonnent de s'arrêter et de se contenter de réaliser des films...
Le nouveau film d'Hayao Miyazaki, Kaze Tachinu (The Wind Rises), est sorti ce week-end dans les salles japonaises. L'occasion pour Ecran Noir de vous offrir une série d'articles autour de ce nouveau film, du studio Ghibli et pour ce week-end, une visite du Musée Ghibli, à Tokyo.
Événement toujours très attendu, le dessin animé n'a pas déçu son distributeur, Toho. Avec 747 451 entrées durant ses deux premiers jours d'exploitation, le film a récolté 9,66 millions de $. C'est un peu moins que Ponyo, le précédent film de Miyazaki en 2008. Mais au final, le film devrait largement dépasser les 100 millions de $ de recettes, soit, de très loin, le plus gros succès au Japon cette année.
Côté critiques, globalement l'avis est favorable, même si Kaze Tachinu n'atteindrait pas le niveau d'excellence de Princesse Mononoke et du Voyage de Chihiro. Beaucoup de journalistes ont fait le lien avec un autre film du Maître, Porco Rosso (1992). Les avis les plus positifs louaient l'inspiration et l'onirisme de l'ensemble. Mélo larmoyant à l'ancienne, le drame historique a séduit les adultes... mais pas les enfants si l'on en croit les premières réactions à la sorties des salles. Les petits nippons, qui ont têté du Totoro dès la naissance (une véritable idole là bas), n'ont pas retrouvé de personnages iconiques dans ce film, dont la narration semble trop complexe pour eux.
Demain : le vétéran Myazaki au coeur d'une polémique politique.
Le prix Lux du Parlement européen a annoncé ses trois finalistes. Le gagnant sera connu le 11 décembre et succèdera à Io Sono d'Andrea Segre. D'ici là, les trois films seront projetés dans tous les pays de l’Union européenne, sous-titrés dans les 24 langues officielles.
- Miele (Honey), de Valeria Golino - Italie. Le film a été présenté à Un Certain regard à Cannes cette année. Il s'agit de la première réalisation de Valeria Golinon l'actrice de Respiro. Il a déjà remporté le prix du public au Festival du film européen de Bruxelles, deux prix aux Golden Globes italiens (actrice, première oeuvre) et trois prix remis par le Syndicat des journalistes de cinéma italiens (actrice, nouveau talent, son). Le film sort le 25 septembre en France (Jour2fête).
- Alabama Monroe (The Broken Circle Breakdown), de Felix Van Groeningen - Belgique. Prix Label Europa Cinémas et prix du public dans la sélection panorama à Berlin cette année, le film réalisé par l'auteur de La merditude des choses a aussi gagné deux prix à Tribeca (actrice, scénario). Il sort le 28 août en France (Bodega Films).
- The Selfish Giant, de Clio Barnard - Royaume Uni. Premier long de Clio Bernard, l film a reçu le prix label Europa Cinemas à Cannes cette année. Il sort le 18 décembre 2013 en France (Pyramide).
Le blockbuster estival est de sortie avec Pacific Rim où le talent de conteur visuel de Guillermo Del Torro s’efface face aux images générées par ordinateur pour un scénario héroïque à l’américaine avec robot jaeger contre monstre kaiju... Le film est malheureusement plus proche des Transformers de Michael Bay que de Patlabor version Mamoru Oshii…
Dans Pacific Rim une petite fille est choquée par l’horreur avant d’être en admiration devant un robot… La même idée d’une fillette traumatisée qui sera consolée par une créature est développée dans un format bien plus court, où en 4 minutes on trouve un mecha-design plus original et plus d’émotion humaine, alors qu’il s’agit d’un film d’animation.
Voici donc le court-métrage Consurgo co-réalisé par Tom Hankins, René Hoekstra et Gijs Van Kooten, des étudiants à l' Utrecht School of Arts in the Netherlands :
Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait de Consurgo
Sacha Baron Cohen a tiré un trait sur le biopic de Freddie Mercury, le chanteur de Queen. Son manager a justifié des différents créatifs avec la production (dont fait partie la société de Robert De Niro, Tribeca Prods.).
L'acteur, dont la ressemblance était évidente avec l'icône pop, avait accepté le rôle il y a trois ans (lire notre actualité du 18 septembre 2010). Il espérait un film plutôt réservé aux adultes qu'un biopic familial. Cohen souhaitait en effet que le scénario ne cache rien de l'homosexualité du chanteur, du SIDA, de ses positions politiques. Mais le script rédigé par Peter Morgan, et qui est passé devant les yeux de David Fincher et Tom Hooper, n'a pas été approuvé par les membres du groupe Queen, qui préfèrerait un film plus consensuel sur la gloire musicale de l'idole.
Retour à la case départ donc : il faut trouver une nouvelle star, réécrire le scénario, engagé un réalisateur.
Pendant ce temps, Sacha Baron Cohen continue d'écrire une parodie de film d'espionnage. Il sera aussi à l'affiche de Légendes vivantes, la suite d'Anchorman), avec Will Ferrell, qui sortira durant l'été 2014.
Le Comic-Con de San Diego est toujours le moment sacré où Hollywood annonce ces futurs "tentpoles", ces méga-productions (300-400 millions de $ tout compris) censées envahir les salles de cinéma mondiales. Malgré la succession de gros fiascos financiers cette année (After Earth, Lone Ranger, RIPD, Pacific Rim...), cette stratégie ne sera pas remise en question avant deux ans (les feux verts ont déjà été donné pour les films de ce genre qui sortent en 2015). Mais déjà certains studios rayent de leurs programmes des films trop coûteux, à l'instar de Disney qui abandonne la version de 20 000 lieues sous les mers de David Fincher.
Pourtant, Warner Bros a annoncé samedi un nouveau méga-projet : Batman et Superman seront réunis dans un nouveau film, qui sera la suite de Man of Steel (635 M$ au box office mondial, soit deux fois moins qu'espéré).
3 juillet 2015?
Zack Snyder, réalisateur de Man of Steel, a confirmé qu'il écrivait l'histoire de cette suite avec David S. Goyer, engagé comme scénariste. La production devrait être lancée l'an prochain pour une sortie programmée durant l'été 2015. Warner Bros n'avait encore aucun gros film prévu cet été là. Voilà qui est fait. L'été 2015 sera envahi par la suite d'Avengers, le 5e épisode de Pirates des Caraïbes et un Pixar, Inside Out (Disney), l'adaptation d'Assassin's Creed, la suite d'Independance Day et un film animé de DreamWorks, B.O.O : Bureau of therworldly Operations (Fox), la suite des Schtroumpfs (Sony) et un nouveau Terminator (Paramount). Vu le calendrier, Superman vs Batman pourrait s'octroyer le prestigieux créneau du week-end férié du 4 juillet, toujours vacant.
Qui pour le costume de Batman?
Zack Snyder avait bien prévu son coup. L'acteur Harry Lennix (le General Swanwick dans Man of Steel) est venu lire la BD The Dark Knight Returns de Frank Miller (1986). Dans cet album, Batman affronte Superman. Le logo mélangeant le symbole de la chauve-souris au célèbre S de Superman (très moche) a ensuite été révélé.
S'il est certain qu'Henry Cavill endossera de nouveau l'habit moulant de Superman, il faudra trouver un autre Batman : Christian Bale a, de nombreuses fois, déclaré qu'il ne reprendrait plus le rôle.
Cette bataille de héros a convaincu Warner et DC Entertainment (filiale de DC Comics, la maison des deux héros), parmi plusieurs options : une suite classique en 2015, un film avec Flash en 2016, ou un Justice League en 2017 (lire notre actualité de l'an dernier).
Les résultats au box office de Man of Steel ayant relativement déçu le studio (même si l'ensemble est rentabilisé), Warner a compris que le véritable héros des années 2000 n'était plus Superman (deuxième reboot en quelques années) mais bien Batman. Avec les deux réunis, il espère faire un coup à la Avengers. C'est aussi une manière de préparer un éventuel Justice League. Avec un nouvel acteur pour incarner Batman, dont le contrat, moins cher, inclurait toutes les possibilités de spin-off, Warner pourrait évaluer le risque et estimer le potentiel d'un tel projet qui réunirait Wonder Woman, Green Lantern, Aquaman et Flash : autant de super-héros qui n'ont pas faire leurs preuves sur grand écran.