Marius et Fanny : la passion de Pagnol selon Auteuil

Posté par cynthia, le 9 juillet 2013

Raphaël Personnaz Victoire Belezy mairus fanny

Sous le soleil du vieux port de Marseille, Marius est fou amoureux de Fanny et Fanny est folle amoureuse de Marius. Dit comme ça on pourrait penser que tout va bien dans le meilleur des mondes et pourtant... l'amour n'est pas si simple, surtout chez Pagnol

Deux ans après La fille du Puisatier, Daniel Auteuil récidive avec les deux premiers films de sa trilogie, dont César sera l'aboutissement, en 2014.

Véritable Roméo et Juliette provençal, les nouvelles générations découvriront sans doute l'histoire de Marius qui met du temps à prendre conscience de ses sentiments pour son amie d'enfance. Crise de jalousie, regard caché, le jeune homme ne sait même plus ce qu'il ressent pour la belle marseillaise. Du côté de cette dernière, c'est l'amour fou pour le jeune homme. Un amour qu'elle n'arrive pas à exprimer mais qui hante ses pensées toute la journée. Pudiquement. Lorsque Marius finit enfin par admettre ses sentiments pour Fanny, leur amour éclate et se fracasse contre le mur de la dure réalité. Sa dulcinée rêve d'appartement, de mariage et de bébé (ce qui semble un peu désuet) alors qu'il ne rêve que de bateau, de découverte et de mer lointaine. S'ajoute à cela le vieux Panisse, «Monsieur Panisse», qui est prêt à tout pour se marier avec la jeune et jolie Fanny et voilà que l'on nage en plein amour impossible.

En salles simultanément le même jour, Marius et Fanny se suivent à la scène près, permettant au spectateur de vivre en continue cette aventure portée par des acteurs beaux et talentueux (Victoire Belezy et Raphaël Personnaz), avé l'assent. Evidemment il manque Raimu. Et aussi doué soit-il Auteuil n'est pas le monstre sacré. Pêché d'orgueil?

Loin de pouvoir et même vouloir comparer le Marius d'Alexandre Korda (1931) ou le Fanny de Marc Allégret (1932), il est évident qu'Auteuil ne cherchait pas à rivaliser avec eux. Peu importe : des spectateurs qui iront le voir, combien ont en tête les films originels? Les dialogues cultes, l'époque, authentique, et pas reconstituée, sont un sommet du cinéma de l'entre deux-guerres.

Mais voilà : il faut rafraîchir, rajeunir, reprendre le patrimoine, ce qui donne des remakes en pagaille depuis la nuit des temps. Une oeuvre doit se transmettre quitte à la reproduire, ici en couleurs et avec la nostalgie d'un monde disparu. mais toujours avec les phrases, immortelles.

Auteuil se laisse donc guider par quelques fulgurances : un désir refoulé dans le regard, une danse langoureuse mais timide dans une salle, un éclat de rire dans un bar. L'amour se ressent partout dans le film. Dans chaque scène, chaque réplique, nos héros le respirent pour que notre cœur batte la chamade. Comme dans les séries TV contemporaines, Marius et Fanny sont en quelque sorte l'illustration de cette jeunesse apeurée par l'amour. On préfère se chamailler plutôt que de s'aimer. On s'enivre d'amour même si une dague plane au dessus de notre tête.

On est donc déchiré par cette passion. Elle est identique ou presque à celle d'il y a 80 ans. Car Auteuil n'a pas cherché à faire un autre film, à porter un autre regard. Marseille est un décor (de carton), la partition musicale s'accorde aux thèmes du moment, et finalement, Auteuil ne filme pas plus mal qu'Allégret, ce qui rend service à la postérité de Korda, seul cinéaste à avoir su capter l'essence même de Pagnol. Même l'immense Claude Berri s'était heurté au mythe en écrasant les paysages par des personnages envahissants.

Le pari sera réussi si les jeunes redécouvrent Pagnol grâce à Auteuil. Mais on ne peut s'empêcher de songer à un cinéma français qui ne sait plus raconter des histoires d'amour aussi tragiques et belles que celles-ci. En "feuilletonnant" la trilogie César, les spectateurs auront peut-être l'impression de voir un de ces feuilletons romanesques à gros budgets diffusés à la télévision. C'est ultraclassique, c'est mélo. Mais au moins, Auteuil, après l'écueil de son premier film, parvient à être un formidable directeur d'acteurs. Sa sincérité vaut au moins qu'on s'attarde, sans cynisme, à son projet, aussi conservateur soit-il. Et puis il y a le texte, jamais trahi. Et ça, c'est beau, peuchère, et ça continue de nous fendre le coeur.

L’instant Court : des zombies Deep Inside…

Posté par kristofy, le 9 juillet 2013

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage En Douce avec Camille Claris, voici l’instant Court n° 114.

A l’affiche depuis mercredi dernier, World War Z n’est pas du tout le meilleur film de la semaine ni le meilleur film de zombies, mais l’invasion de Brad Pitt est mondiale. Cette adaptation du roman de Max Brooks semble d’autant plus décevante que son autre bouquin Guide de survie en territoire zombie est sur la table de chevet de ceux qui attendent voracement la quatrième saison de la série Walking Dead

Le tournage de cette grosse production américaine World War Z a eu lieu dans plusieurs pays avec plus d’un millier de figurants (et un petit rôle pour le français Grégory Fitoussi). Un court-métrage avait déjà imaginé les conditions de ce type de tournage justement du point de vue de deux figurants, c’était il y a deux ans en 2011 dans le cadre de l’opération ‘Talents Cannes Adami’.

Ce soutien aux jeunes talents en direction des professionnels (directeurs de casting, producteurs…) fêtait ses 20 ans cette année, et ce sont d’anciens ‘Talents’ des années précédentes qui sont passés derrière la caméra avec le thème  « Les moments forts d’un acteur, d’une actrice » : Aure Atika (Talents Cannes 1994), Léa Drucker (Talents Cannes 1995), Clément Sibony (Talents Cannes 1996), Elodie Navarre (Talents Cannes 1996), Tomer Sisley (Talents Cannes 1999), Alice Taglioni (Talents Cannes 2002) et Pierre Niney (Talents Cannes 2007).

Parmi les courts-métrages ‘Talents Cannes Adami’ réalisés en 2011 il y avait Deep Inside qui donc montrait avec humour les 8 minutes de préparation de deux figurants avec le clap ‘action’ d’une production américaine d’un film de zombies avec une star, ici Keira Knightley. On y évoque la méthode d’acting à l’américaine d’être habité par le vécu de son personnage, et le stress de rater sa performance aussi courte soit-elle…

Voici donc ici le court-métrage Deep Inside réalisé par par Marc Gibaja (Ma vie n'est pas une comédie romantique), avec Juliette Lamboley et Vincent Menjou-Cortès. Les Américains tournent à Paris, au cimetière du Père-Lachaise, un film de zombie avec Ashton Kutcher et Keira Knightley. Dans une tombe, deux figurants français maquillés en morts-vivants, attendent le mot magique « action » pour sortir de leur trou et vivre enfin leur moment de gloire...

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait de Deep Inside.