Bouleversements aux festivals de Dubaï et Doha

Posté par vincy, le 3 juin 2013

dubaï et dohaA force de rivaliser en projets culturels, les Emirats du Moyen-Orient en sont venus à se faire une trop féroce concurrence. Abu Dhabi, Dubaï et Doha proposaient chacun un Festival de cinéma avec des ambitions internationales.

Ce lundi 3 juin, le Festival International du Film de Dubaï a annoncé un partenariat avec le Festival Biarritz Amérique Latine. "Ce partenariat est le premier du genre pour le DIFF, et prend la forme d’un échange dans lequel chacun des festivals offre un espace de diffusion à des films sélectionnés" indique le communiqué.

Biarritz accueillera un film arabe lors de sa prochaine édition (30 septembre-6 octobre) et sélectionnera un producteur latino-américain intéressé par des projets de coproduction avec le monde arabe. Le producteur choisit sera invité au DIFF’s Dubai Film Connection project market ainsi qu’au Marché du Film de Dubaï lors de l’édition 2013. Le DIFF a été créé en 2004 et la prochaine édition se déroulera entre le 6 et le 14 décembre.
Par ailleurs, Dubaï incluera 10 films projetés lors de l’édition 2013 du Festival Biarritz Amérique Latine au Cinetech, vidéothèque en ligne qui fournit aux vendeurs, aux producteurs et autres professionnels un accès à des centaines de films depuis un même terminal.

A Cannes, c'est le Festival de Doha (Qatar) qui a décidé de remettre tout à plat. Désormais, le Doha Film Institute se concentrera sur les premiers et deuxièmes films. Après son divorce avec le festival de Tribeca, Doha a fait appel au cinéaste palestinien Elia Suleiman comme conseiller artistique. Premiers effets : l'évènement de décembre n'aura plus lieu et sera remplacé par le Qumra Film Festival en mars. Ce nouveau festival, de 8 jours, dédié aux jeunes cinéastes, sera accompagné d'un marché. L'objectif est de faire émerger de nouveaux talents. Parallèlement, le Doha Film Institute lancera le Ajyal Film Festival for the Young, en novembre. Ce festival ciblera le public familial et aura un rôle d'éducation à l'image pour la jeunesse. Ajyal prend comme modèle le Festival de Giffoni en Italie.

Quant au Festival d'Abu Dhabi, créé en 2007, il aura lieu avant tous les autres, du 24 octobre au 2 novembre, proposant une compétition pour les films de la région du Golfe et une présentation de films internationaux. Délesté de la concurrence de Dubaï et Doha, il pourrait ainsi devenir le véritable grand festival du Moyen-Orient.

Ségolène Royal ne pardonne pas l’interdiction aux moins de 12 ans pour Only God Forgives

Posté par vincy, le 3 juin 2013

ryan goslingSégolène Royal aurait sans doute mieux fait de se taire. La présidente du Conseil régional Poitou-Charentes a tendance ces temps-ci à se mêler de tout et n'importe quoi. En mettant en cause Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la Communication, dans le classement du film Only God Forgives, qu'a-t-elle voulu faire? Consolider son image de socialiste protectrice des enfants et adolescents (son créneau depuis qu'elle a été ministre de la Famille)? Fragiliser une ministre qui subit actuellement les médisances d'une partie du secteur culturel égomaniaque (arts plastiques, musique et art contemporain se sentent délaissés)?

Peu importe : on se demande juste quelle mouche (thaïlandaise) l'a piquée!

Hier, sur France 5 dans C/Politique, Royal vante l'éducation des jeunes contre les addictions et "toutes les formes de violence" et déclare : "Je regrette qu'Aurélie Filippetti ait fait déclasser un film ultra violent, qui était interdit au moins de 16 ans (...) sous la pression des producteurs". Elle reprend ainsi une information du Parisien publiée dans la matinée.

Dans le viseur, le film Only God Forgives, de Nicolas Winding Refn, en compétition à Cannes et en salles depuis le 22 mai. Le film n'est pas avare en violence (même si les séquences les plus gores ne composent que 15 % des 90 minutes). Le film était, dans un premier temps, interdit aux moins de 16 ans, avant, finalement, de n'être interdit qu'aux moins de 12 ans.

Mais l'hallucination devient totale quand Royal décide d'argumenter : "Si les producteurs veulent des films pour toutes les familles, qu'ils fassent des films visibles par toutes les familles". "On ne peut pas à la fois faire les bénéfices liés à des films familiaux et en même temps polluer les jeunes avec des scènes d'extrême violence" explique-t-elle en liant confusément rentabilité, genre de films et goûts des spectateurs. Depuis quand un élu dicte-t-il ce qui est bon pour le public, ce qui est "familial" ou pas? Les ados n'auraient donc le droit de voir que des dessins animés et autres comédies sans reliefs? A-t-elle vu le film ? La violence dans Only God Forgives est tout sauf gratuite et s'accompagne même d'une morale contre les pourris.

On peut certes contester l'interdiction aux moins de 12 ans tant les images sont vraiment violentes : et d'ailleurs la légèreté de la classification interpelle face à une scène proprement sadique. Mais ce n'est pas un élu de le décréter : il y a une commission, qu'on peut contester, pour ça.

Plus troublant, Royal semble ignorer que la ministre de la Culture n'a rien à voir dans ce processus de classification. La démagogie n'autorise pas tout. Aurélie Filippetti a donc réagit par communiqué ce matin :

"La classification du film "Only God forgives" réalisé par Nicolas Rinding soulève des interrogations. Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, tient à rectifier certaines inexactitudes et à rappeler le rôle que joue le ministère dans les procédures qui permettent, dans le respect de la liberté de création, de garantir la meilleure information des spectateurs.

La Ministre n'est en l'occurrence aucunement intervenue pour faire changer le visa rendu par l'assemblée plénière de la Commission de classification des œuvres cinématographiques (régie par le Décret n°90-174 du 23 février 1990) le 23 avril lors du premier examen, mais simplement pour demander un second visionnage comme le règlement l'y autorise, suite au recours du distributeur du film qui contestait le premier avis rendu d'une "interdiction aux mineurs de moins de seize ans avec avertissement".

Le 30 avril 2013, l'assemblée plénière de la Commission a réalisé ce second visionnage et, après débat, a décidé de revenir sur le premier avis rendu pour proposer une "interdiction aux mineurs de moins de douze ans avec avertissement".

La Ministre, informée de cette proposition, a suivi l'avis de l'assemblée plénière de la Commission qui comprend 28 membres, comme on pourra relever qu'elle l'a systématiquement fait pour l'ensemble des avis rendus jusqu'ici depuis sa prise de fonction."

L’instant Court : Léa Seydoux dans Time Doesn’t Stand Still, réalisé par Benjamin Millepied et Asa Mader

Posté par kristofy, le 3 juin 2013

Lea SeydouxComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le clip College Boy, réalisé par Xavier Dolan pour le groupe Indochine, voici l’instant Court n° 111.

Le film La vie d’Adèle de Abdellatif Kechiche et ses actrices Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux est donc la palme d’or de ce festival de Cannes 2013. La jeune Adèle est la révélation de Cannes, après plusieurs petits rôles elle était déjà l’héroïne du film Des morceaux de moi sorti en février, à tout juste 20 ans elle est déjà sacrée meilleur espoir féminin de l’année. On lui souhaite d’avance un parcours semblable à celui de sa partenaire : choisir un film moins pour le rôle que pour le réalisateur…

Léa Seydoux est peu à peu devenue l’actrice de la fine fleur du cinéma français (Christophe Honoré, Bertrand Bonello, Sébastien Lifshitz, Rebecca Zlotowski, Benoit Jacquot...) et s’affiche au générique des cinéastes américains les plus connus : Quentin Tarantino, Ridley Scott, Raoul Ruiz, Woody Allen, Amos Gitaï, avec Tom Cruise, prochainement dans le nouveau films de Wes Anderson… Rares sont les actrices qui ont une telle filmographie à seulement 27 ans (c’était le cas de Catherine Deneuve qui avait tourné avec Claude Chabrol, Jacques Demy, Roman Polanski, Jean-Paul Rappeneau, Luis Buñuel, François Truffaut…).

Il arrive souvent qu’une jeune actrice suscite le désir de saisir le mystère de sa beauté du moment avec beaucoup de très nombreux gros plans (tout comme Adèle Exarchopoulos dans La vie d’Adèle), et c’est en fait dans un court-métrage que Léa Seydoux rayonne le plus à l’image : dans Petit tailleur réalisé par Louis Garrel, nommé au César et disponible en dvd.

Il y a plusieurs années, le réalisateur Asa Mader a rencontré Benjamin Millepied qui était alors à la tête du ballet de New-York (avant qu’il ne devienne connu comme le chorégraphe du film Black Swann). Ils décidèrent d’une collaboration qui se concrétisa avec le court-métrage Time Doesn’t Stand Still. Les mouvements de danse font office de langage non-verbal du couple joué par Benjamin Millepied et par Léa Seydoux, les gestes du tango comme langage plus universel que les mots pour les souvenirs d’une histoire d‘amour suspendue... A noter qu’on y entend de la musique de Angelo Badalamenti, le compositeur habituel des films de David Lynch.

Voici donc le court-métrage Time Doesn’t Stand Still co-réalisé par Asa Mader et Benjamin Millepied, et avec Léa Seydoux :

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait de Time Doesn’t Stand Still.