Cannes 2013 : un Carrosse d’or 2013 pour Jane Campion

Posté par kristofy, le 17 mai 2013, dans Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars, Prix.

jane campionLa réalisatrice doublement palmée d’or (en 1982 pour son court Peel et en 1993 pour La leçon de piano) et récemment en compétition pour Bright star, Jane Campion, est cette année la présidente du jury des courts-métrages et de la Cinéfondation au Festival de Cannes. La Quinzaine des Réalisateurs lui a également remis le prix du Carrosse d’or, qu'elle a dédié au producteur Pierre Rissient (le premier à avoir montré ses courts métrages à Cannes). Elle a par ailleurs remercié son "cher ami" Gilles Jacob.

Pour l’occasion, elle a présenté sur grand écran deux épisodes de la série Top of the lake, co-réalisée avec Garth Davis et co-écrite avec Gérard Lee. Une "conversation avec Jane Campion" était organisée, durant laquelle elle a évoquée tout autant son travail le plus récent que ses toutes premières réalisations, ou sa jeunesse en Nouvelle Zélande avant de voyager en Europe, et bien entendu diverses considérations sur le cinéma agrémentées de petites pointes d’humour.

La série Top of the lake

La distinction entre cinéma et télévision est peut-être de plus en plus artificielle. Après Bright star j’ai commencé à développer une histoire qui était de l’ordre du roman avec plusieurs chapitres. En Angleterre j’ai rencontré des gens de la BBC pour parler de ce sujet et en le racontant j’ai été encouragée à l’écrire spécifiquement pour la télévision. Aujourd’hui on peut y trouver de plus en plus de fraîcheur et d’audace. On a écrit Top of the lake à deux avec mon Gerard Lee qui est quelqu’un avec qui j’ai une grande connivence. C'est le scénariste de mon premier film Sweetie, et la réalisation a été partagée entre moi et Garth Davis. Je suis ravie de cette expérience un peu différente d’un tournage cinéma.

Une formation artistique avant de faire du cinéma

J’ai suivi un cursus de peinture, peut-être pour me démarquer de mes parents qui eux étaient dans l’univers du théâtre. Je ne savais pas vraiment quoi créer, avec la peinture j’ai appris à me remettre en question et à prendre des risques, à me mettre en péril. Cela m’a conduit à réaliser ensuite des courts-métrages. J’allais beaucoup au cinéma et mon ambition suprême était de faire un court qui soit montré en salle avant un long, ou un court qui aille dans des festivals. Mon tout premier court découlait de la peinture, c’était de l’animation image par image, il est perdu maintenant. Puis j’ai fait un autre court-métrage qui ensuite m’a ouvert les portes d’une école de cinéma. C’était une école un peu conservatrice qui n’aimait pas ce que je faisais, je n’ai pas été encouragée, mais j’ai persévéré à faire des films.

Harvey Keitel et la leçon de Piano

J’étais un peu terrorisée par le travail des acteurs, ma mère était une actrice terrifiante. Pour mes films je me tournais vers des amis que je pouvais diriger et même tyranniser. Puis j’ai travaillé bien évidement avec des acteurs professionnels très différents. Pour La leçon de piano j’ai eu de la chance d’avoir Holly Hunter et Harvey Keitel. Pour lui il y avait des rumeurs comme quoi il pouvait être agressif parfois. Je me suis ouvert à lui, "comment je peux vous diriger, vous avez plus d’expérience ?", ça a été une délicieuse conversation. J’ai appris avec Harvey Keitel comment utiliser au mieux les répétitions avant le tournage, c’était une merveilleuse expérience.

Pas assez de femmes réalisatrice de film ?

Je suis moi-même ennuyée par ce débat, peut-être il faudrait des quotas pour que la moitié des films de l’humanité soient réalisés par des femmes ? Je n’y crois pas, c’est avant tout une question de sensibilités. Kathryn Bigelow par exemple a montré qu’une femme peut très bien faire des films avec des sujets à priori d’hommes. En matière artistique il ne devrait pas être question de genre ou de sexe. Il faudrait qu’on arrête d’aborder cette question-là uniquement avec des femmes. J’ai déjà entendu "qu’est ce que ça vous fait de présenter un film à Cannes en tant que réalisatrice ?", c’est stupide, c’est pareil que pour un homme. Je ne veux pas faire de manifeste féministe. Il faut s’emparer d’un beau sujet et faire du beau travail, c’est l’essentiel.

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