Cannes 2013 : la sélection des courts métrages et de la Cinéfondation

Posté par MpM, le 16 avril 2013

A deux jours de l'annonce de la sélection officielle, le Festival de Cannes a révélé les neuf courts métrages en lice pour la Palme d'or du court métrage et les dix-huit films retenus dans le cadre de la Cinéfondation. Cette année, le jury est présidé par Jane Campion.

Côté courts métrages, le comité de sélection a dû choisir parmi 3500 films représentant 132 pays de production différents. Pour la première fois, un film palestinien participe à la compétition. On note également la présence de deux films français et d'un film venu d’Islande.

- More than two Hours d'Ali Asgari (Iran)
- Condom lead de Mohammed Abou Nasser et Ahmad Abou Nasser (Palestine, Jordanie)
- Whale Valley de Gudmundur Arnar Gudmunsson (Islande, Danemark)
- The Meteorite and Impotence de Sasaki Omoi (Japon)
- Mont blanc de Gilles Coulier (Belgique)
- Olena d'Elzbieta Benkowska (Pologne)
- Ophélia d'Annarita Zambrano (France)
- Safe de Moon Byounggon (Corée du Sud)
- 37°4 S d'Adriano Valerio (France)

Du côté de la cinéfondation, 14 fictions et 4 films d'animation ont été retenus parmi les 1550 présentés cette année par 277 écoles du monde entier. Un tiers des écoles n'avaient jamais été retenues, et le Chili figure pour la première fois dans la sélection. On peut également noter la présence de trois films américains, deux français et deux tchèques.

- The norm of life d'Evgeny Byalo (Russie)
- The magnificient lion boy d'Ana CARO (Royaume Uni)
- O Šunce d'Eliška Chytkovà (République Tchèque)
- Duet de Navid Danesh (Iran)
- Babaga de Gan DE LANGE (Israël)
- Needle d'Anahita Ghazvinizadeh (Etats-Unis)
- En attendant le dégel de Sarah Hirtt (Belgique)
- Contrafàbula de una nina disecada d'Alejandro Iglesias Mendizabal (Mexique)
- Stepsister de Joey Izzo (Etats-Unis)
- Au-delà de l'hiver de Jow Zhi Wei (France)
- În acvariu de Tudor Cristian Jurgiu (Roumanie)
- Seon de Kim Soo-Jin (Corée du Sud)
- Asuncion de Camila Luna Toledo (Chili)
- Going south de Jefferson Moneo (Etats-Unis)
- Danse macabre de Ma?gorzata Rzanek (Pologne)
- Manana todas las cosas de Sebastián Schjaer (Argentine)
- Exil de Vladilen Vierny (France)
- Pandy de Matúš Vizar (République Tchèque)

BIFFF 2013 : retour sur le palmarès

Posté par kristofy, le 16 avril 2013

ghost graduationPour sa 31ème édition, le Brussels International Fantastic Festival a réussi à présenter en 12 jours plus de 110 films, répartis en différentes sections. Freddy Bozzo, le vice-président du festival, a indiqué que lui et son équipe ont vu plus de 600 films pour proposer le meilleur de la production de films fantastiques du moment.

Le BIFFF veut offrir un panorama le plus large possible avec plus d’une vingtaines de films en avant-première internationale, mais aussi dépasser ces considérations d’exclusivité pour proposer des titres immanquables qui ont déjà pu être remarqués ailleurs mais inédits en Belgique (et inédits pour la plupart en France aussi), comme le remarquable Excision de Richard Bates Jr (avec Traci Lords en pieuse mère de famille et John Waters en prêtre) déjà passé par le Festival européen du film fantastique de Strasbourg.

Il y a forcément une petite part de subjectivité dans le choix de la présence de tel ou tel film en compétition ou hors-compétition et dans la répartition des différentes sections. Par exemple, la catégorie reine de la compétition internationale proposait 13 films très différents les uns des autres dont : Kiss of the Damned de Xan Cassavetes (vu à Venise), Upside Down avec Kirsten Dunst dont la sortie a été longtemps retardée (au cinéma le 1er mai), The human race de Paul Hough (le fils du célèbre John Hough qui a pour l’occasion été fait chevalier de l’Ordre du Corbeau au BIFFF), des comédies comme l’espagnol Ghost Graduation, des films beaucoup plus sanglants comme American Mary, et le thriller Chained de Jennifer Chambers Lynch qui, figurant parmi les films les plus réussis de 2012, était un favori.

Le BIFFF n'a malheureusement pas pu offrir à ses spectateurs le film le plus intriguant et le plus fascinant de ce printemps : Upstream Color, découvert à Berlin en présence de son réalisateur Shane Carruth (de retour après le culte Primer), et qui aurait été bienvenu dans la compétition.

Le palmarès de la Compétition Internationale :confessions of murder

- Corbeau d’Or, Grand Prix : Ghost Graduation de Javier Ruiz Caldera
- Corbeau d’Argent, Prix Spécial du Jury ex aequo : Abductee de Yudai Yamaguchi
- Corbeau d’Argent, Prix Spécial du Jury ex aequo : American Mary de Jen Soska et Sylvia Soska
(remis par le jury de la Compétion Internationale présidé par Roland Joffé entouré des réalisateurs Iain Softley et Frédéric Fonteyne, et de l’actrice Marina Anna Eich)

Le palmarès des autres sections :

- Méliès d’Argent : May I Kill U? de Stuart Urban
- Mention spéciale : Earthbound de Alan Brennan
(remis par le jury Européen, composé de Adrian Politowski, John Engel, Stéphane Streker, Myriam Leroy, Marie-Hélène Dozo, Pauline Duclaud-Lacoste et David Mathy)

- Prix Thriller : Confession Of Murder de Jung Byung-gil
(remis par le jury Thriller composé de Paul Cleave, Patrick Ridremont et Eric Godon)

- Prix du 7e Parallèle : Blancanieves de Pablo Berger
- Mention spéciale : Vanishing Waves de Kristina Buozy
(par le jury 7ème Parallèle, composé de Patricio Lagos, Christophe Bourdon, Jean-Michel Vovk et Charles Tatum Jr.)

-Prix du Public : Ghost Graduation de Javier Ruiz Caldera

american maryC’est donc le film espagnol Ghost Graduation qui est le grand gagnant de cette 31e édition du BIFFF avec le doublé idéal Corbeau d’or du jury et Prix du Public. Récompenses que l’on avait déjà pronostiquées en cours de festival, même s'il est un peu surprenant que ce soit une comédie qui remporte le prix le plus important et non un film plus sombre comme Chained de Jennifer Chambers Lynch, curieusement absent du palmarès.

La compétition étant assez inégale, il est en revanche logique que le film American Mary et ses victimes (volontaires pour certaines, pas du tout consentantes pour d’autres) d’opérations chirurgicales radicales ait été distingué : c’est peut-être le film qui prend le plus aux tripes. Plus étonnant, un prix pour Abductee qui repose juste sur un début de bonne idée: un homme seul est kidnappé et se retrouve dans un container de métal; Autour de lui, il y a d’autres containers avec d’autres personnes kidnappées. Tous sont transportés vers… une fin de film ennuyeuse.

A noter que le thriller Confession Of Murder de Jung Byung-gil s’éloigne des nouveaux maîtres étalons coréens (The Chaser, I saw the Devil…) en évitant de montrer du sang ou de la torture, mais en se concentrant surtout sur les scènes d’action, avec un scénario qui joue au chat et à la souris avec quelques rebondissements improbables.

Il montre notamment en guise d’introduction une scène de poursuite à pied, filmée à travers les vitres d’un bâtiment à un autre, et surtout deux grosses scènes de courses-poursuites sur route, impliquant différents véhicules et personnages qui vont de l’un à l’autre à toute vitesse, et deux généreuses séquences de cascades à faire applaudir les Wachowski’s époque Matrix Reloaded.

Maintenant, il reste à découvrir si, auréolés de ces différents prix, les lauréats du BIFFF 2013, Ghost Graduation en tête, bénéficieront d'une sortie en salles françaises.

Lecce 2013 : un palmarès équilibré

Posté par MpM, le 16 avril 2013

LecceOn peut souvent déduire la physionomie d'une compétition à la seule lecture de son palmarès. A Lecce, lors du 14e festival du cinéma européen, il semble qu'aucune grande tendance ne se soit vraiment dégagée, chaque jury récompensant des œuvres distinctes.

Et c'est vrai qu'aucun film ne sortait du lot, à l'exception notable du captivant (mais radical) Rêve et silence de Jaime Rosales, découvert à la Quinzaine des Réalisateurs en 2012.

Paradoxalement, le film s'est avéré trop exigeant pour recevoir le moindre prix : dans chaque jury, il s'est en effet trouvé au moins un membre pour le détester. Et c'est vrai qu'on peut être surpris par l'approche très formelle du réalisateur catalan qui utilise presque systématiquement le plan fixe et situe hors champ une partie importante de l'action.

Au lieu d'être de simples décors, les lieux deviennent alors des personnages à part entière. Les protagonistes du film, eux, sont des êtres de passage qui vont et qui viennent, parlent, regardent, pleurent, en un mot vivent, à la fois dans et hors du cadre.

C'est donc un film bien plus consensuel qui a remporté l'Olive d'or (photo ci-dessous). Loving de Slawomir Fabicki décortique comment un jeune couple en apparence très amoureux en arrive à se faire la guerre.

Une étude de mœurs pas toujours très subtile qui oppose deux stéréotypes traditionnels : d'un côté une femme angélique et compréhensive et de l'autre un homme borné et jaloux. Passé la moitié du film, ça ne fonctionne plus, le scénario s'enfonçant dans les clichés sans vraiment explorer son sujet.

Le jury international, composé de la productrice Grazia Volpi, de l'actrice Maya Sansa, de la responsable de l’institut du film néerlandais Claudia Landsberger, du directeur du festival du film de Kiev Andriy Khalpakhchi et de l'acteur Leon Lucev, a par ailleurs récompensé Silent ones, un premier film esthétiquement ambitieux mais au scénario un peu creux, par un très logique prix de la meilleure photographie et Trois mondes de Catherine Corsini par un prix du scénario qui ferme les yeux sur les quelques passages ratés du film.

The almost man de Martin Lund repart quant à lui avec le prix spécial du jury, qui a voulu couronner le talent de l'acteur principal et la tonalité humoristique du film, portrait peu flatteur d'un homme de 35 ans en pleine crise identitaire.

De son côté, le jury Cinéeuropa s'est laissé séduire par The dead and the living de Barbara Albert, un road movie à travers l'Europe à la recherche d'un passé douloureux et indicible lié à la seconde guerre mondiale. Un film qui cherche à dire beaucoup de choses d'un coup, ce qui est rarement une bonne chose, mais qui se distingue par une bande-son très réussie.

Enfin, c'est Ships (photo ci-contre) de la cinéaste turque Elif Refig qui a reçu le prix Fipresci (Fédération internationale de la presse cinématographique). Impressionnant par sa maîtrise cinématographique et esthétique, ce premier long métrage marque l'émergence d'une nouvelle réalisatrice pleine de promesses.

Les personnages en quête d'identité y semblent des enfants qui construisent leur propre univers, comme un refuge à l'intérieur du monde. Pour eux, l'aspiration au voyage devient aussi bien espoir et désespoir que rêve et désillusion.

Au final, presque tous les films sélectionnés sont ainsi repartis avec quelque chose, à l'exception donc du film espagnol Rêve et silence, d'un film russe particulièrement misérabiliste (Living de Vasily Sigarev) et d'un film grec pas mal fichu mais un peu poussif (11 meetings with my father de Nikos Kornilios).

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Le palmarès complet

Olive d'or du meilleur film
Loving de Slawomir Fabicki (Pologne)

Prix de la meilleure photographie
Silent ones de Ricky Rijneke (Pays-Bas)

Prix du meilleur scénario
Trois mondes de Catherine Corsini (France)

Prix spécial du jury
The almost man de Martin Lund (Norvège)

Prix du meilleur acteur
Wolfram Koch pour Our little differences de Sylvie Michel (Allemagne)

Prix du meilleur acteur dans un second rôle
Roland Rába dans Silent ones de Ricky Rijneke (Pays-Bas)

Prix Cinéeuropa
The dead and the living de Barbara Albert (Autriche)

Prix FIPRESCI
Ships d'Elif Refig (Turquie)

Cinecibo Award
Il pasticciere de Luigi Sardiello (Italie)

Emidio Greco Award
Tiger boy de Gabriele Mainetti (Italie)

Puglia show award
Matilde de Vito Palmieri (Italie)

Special Jury Mention
Rumore bianco d'Alessandro Porzio (Italie)

Ships est un film impressionnant pour sa maîtrise cinématographique et esthétique. Il marque l'émergence d'une nouvelle réalisatrice pleine de promesses qui aborde le thème de l'odyssée, c'est-à-dire du voyage, à la fois comme espoir et désespoir et comme rêve et désillusion. Les personnages en quête d'identité y semblent des enfants qui construisent leur propre univers, comme un refuge à l'intérieur du monde.