BIFFF 2013 : petits massacres entre amis et à l’anglaise

Posté par kristofy, le 13 avril 2013

Si les films espagnols sont légion à ce 31e BIFFF, le cinéma britannique est lui aussi bien représenté. Les films anglais ont souvent comme point de départ avant tout des personnages très bien écrits, et d’ailleurs joués par les meilleurs acteurs : on voit des gens issus du peuple et comme tout le monde, ou presque…

Pas de super héros, pas d’esprit d’outre-tombe, pas de possession démoniaque, il s’agit juste de personnes qui vont se retrouver confrontées à une situation violente et qui vont y réagir. Les codes du film de genre, souvent le thriller, sont en même temps respectés et détournés.

the liabilityLe réalisateur Craig Viveiros est venu présenter The Liability, pour lequel il n’a réunit qu’un petit budget d’environ 500 000 dollars...

Grace à son scénario, il a convaincu des acteurs de premier plan comme Tim Roth et Peter Mullan (avec un accès de colère mémorable) de jouer auprès du jeune Jack O'Connell (Eden lake, la série Skins), et de Kierston Wareing (It’s a free world, Fish tank) dans un second rôle méconnaissable.

Un jeune de 19 ans crashe la coûteuse voiture de son beau-père. En guise de début de remboursement, il doit faire le chauffeur pour un ‘ami’ durant une journée. C’est un tueur en mission, dans une forêt il va falloir couper à la hache les mains d’un ‘contrat’, mais les choses vont se compliquer quand une jeune fille les surprend.

Il y aura beaucoup trop de coïncidences au mauvais endroit au mauvais moment pour que certains évènements ne soient pas liés comme on va le découvrir. Le film développe un engrenage qui montre une relation maître-disciple avec un certain humour.

Les récentes émeutes de Londres may I kill you(en août 2011) ont déjà trouvé un écho dans le film May I kill u ? de Stuart Urban. Un agent de police à vélo depuis 8 ans va devenir un justicier en tuant différents hors-la-loi qui d’après lui méritent la mort : un émeutier, un homme coupable de violence conjuguale, deux passeurs de prostituées russes, une suicidaire, une grand-mère qui fait du vol à l’étalage…

On y retrouve Kevin Bishop (un des personnage de la trilogie de Cédric Klapisch L’Auberge Espagnole/Casse-tête chinois).

C’est un homme plutôt effacé, toujours sous la coupe de sa mère, qui va s’affirmer en devenant un mystérieux exécuteur anonyme qui informe la population de ses actes par internet. Ce policier fait de son quartier une zone de tolérance zéro, mais quelqu’un est sur ses traces…

Il s’agit d’un vigilante-movie en forme de comédie avec plein de provocations (un peu dans la lignée de Super de James Gunn), ici pour se justifier il fait avouer à ses victimes qu’elles méritent la mort avant de les tuer, et la nuance est mince entre justicier et serial-killer…

communautyBeaucoup plus sanglant, le survival chez des dégénérés dans Community de Jason Ford. Deux jeunes étudiants en école de cinéma arrivent dans un quartier malfamé, ils y trouvent des enfants qui apprennent différentes phases de la chasse pendant que les parents sont collés au canapé en fumant une herbe locale particulièrement addictive.

Après un comité d’accueil sauvage, ils vont se retrouver, l'un sur une table avec le ventre ouvert et l'autre attachée sur un lit le ventre découvert… Le réalisateur commence par le meilleur avec des enfants tueurs et l’origine de la drogue si particulière, ensuite c’est une course-poursuite plus classique entre assaillants et victimes qui vont essayer de s’échapper (tout en n’étant malheureusement pas assez rigoureux pour finir sur une bonne note).

Trois films qui suggèrent que derrière tout citoyen britannique se cache un psychopathe en puissance. Ils ont aussi en commun d’éviter d’appliquer des recettes pour séduire les spectateurs mais au contraire de les provoquer à rebrousse-poil. Le cinéma anglais a cette qualité de souvent produire des films qui savent fédérer un public avec des ingrédients épicés, loins de ceux sans vraiment de saveur qui visent les critères de diffusion à la télévision à 20h50… à l’image de la France.

Matthew McConaughey : retour en grâce…

Posté par geoffroy, le 13 avril 2013

Matthew McConaugheyMatthew McConaughey, la star en devenir devenu has-been, a confirmé récemment à la presse qu’il allait interpréter le premier rôle du prochain Christopher Nolan, Interstellar, dont la sortie est prévue en 2014.

Comme quoi il faut se méfier des jugements définitifs. Même si, il faut bien l’avouer, ceux-ci étaient plus que mérités.

Surtout lorsqu’ils naissent d’un vide artistique avec pour seul argument des abdos en béton et un sourire enjôleur. La posture, plus que légère, aura quand même duré une bonne décennie…

Alors qu’à 27 ans, il assure dans le remarquable Lone Star de John Sayles (1996), Matthew McConaughey, le beau blond aux futurs abdos en béton, sombre progressivement dans une représentation de soi puérile sans grand intérêt.

Il tourne dans un Zemeckis correct (Contact, 1997), un Spielberg raté (Amistad, 1997), un film choc (Emprise de l’acteur Bill Paxton, 2001) et un autre avec des dragons (Le règne du feu, 2002).

Le reste de sa filmographie se résume à un seul rôle. Celui du play-boy au sourire « ultra brite » sévissant dans des comédies oubliables dont la dernière en date, Hanté par ses ex (2009), est un naufrage artistique.

McConaughey a 40 ans. Et des soucis à se faire. Il vieillit et ses résultats au box-office sont médiocres. Rien de tel pour une petite remise en question. Car le retour en grâce est possible. Incertain, certes, mais possible. Il en va de son statut d’acteur non d’une pipe !

Premier acte de ce revirement, Matthew-McConaugheyLa Défense de Lincoln (2011), polar juridique sans prétention mais bien tenu. L’acteur retrouve son regard malicieux teinté de cynisme. Il semble toujours en vie.

Ce que confirmera son film suivant, acte deuxième d’un retour dans la cour des grands. William Friedkin (French Connection, L’Exorciste)  l’utilise en Lucifer électrique dansant avec la mort dans Killer Joe (2012). Dans le rôle de Killer Joe Cooper il est tout simplement parfait. Dans son élément.

Le retour est consommé. Il s’affiche par la suite dans le prometteur mais raté Paperboy (2012), inexplicablement en compétition officielle lors du dernier Festival de Cannes. Si le film ne tient hélas pas la route, lui fait le job. Tout comme dans le nettement plus réussi Magik Mike (2012) de Steven Soderbergh, succès surprise au box-office américain 2012.

En quatre films et deux ans – dont pas une seule comédie – Matthew McConaughey a, semble-t-il, reconquit Hollywood. Jeff Nichols (Take Shelter) l’a choisi pour interpréter Mud, également présenté au Festival de Cannes 2012, film plus mainstream, d’auteur, dans la lignée de Killer Joe. Le film sortira chez nous le 1er mai 2013 mais on peut d'ores et déjà annoncer qu'il y confirme son grand retour.

Et les projets – pour certains concrétisés – ne manquent pas. Jean-Marc Vallée l’a « casté » pour interpréter Ron Woodroof (The Dallas Buyers Club), électricien diagnostiqué séropositif en 1986 et qui décide d’absorber des drogues alternatives interdites pour soulager la douleur. Scorsese, comme Nolan, s’appuiera sur son physique taillé à la serpe dans The Wolf of Wall Street au côté de Leonardo Di Caprio. Bref, on se l’arrache. Il pourrait même figurer dans Knight of Kups de Terrence Malick.

Passer en à peine quatre ans des nanars que sont l’Amour de l’or et Hanté par ses ex à Friedkin, Scorsese, Nolan, Malick ou Soderbergh est un sacré tour de force. Un tel revirement artistique méritait bien un petit papier. Mais attention, rien n’est définitif. Dans un sens comme dans l’autre.