Les collaborateurs de Jafar Panahi privés de passeport

Posté par MpM, le 11 mars 2013

Kambuzia Partovi et Maryam Moghadam à BerlinLe scandale continue. Après la lourde condamnation qui a frappé Jafar Panahi en 2010, le contraignant à une vie de reclus, et lui interdisant surtout de tourner, c'est au tour de son collaborateur de longue date Kambuzia Partovi et de l'actrice Maryam Moghadam (notre photo)  d'être privés de leur liberté de mouvement après avoir participé à son dernier projet, Pardé (Closed curtain). En effet, le gouvernement iranien vient de saisir leur passeport, les empêchant de continuer à promouvoir le film dans les festivals internationaux, comme ils le firent en février dernier à Berlin.

Téhéran s'était déjà officiellement plaint du fait que le film ait reçu l'Ours d'argent du meilleur scénario lors de la Berlinale. "Nous avons protesté auprès des organisateurs du Festival, avait déclaré le responsable du cinéma iranien et vice-ministre de la culture Javad Shamaqdari selon l'agence de presse ISNA. "Nous pensons qu'ils devraient rectifier leur comportement. Tout le monde sait qu'il faut une permission pour tourner un film et l'envoyer à l'étranger. Faire ce genre de film est illégal, mais jusqu'à présent, la République islamique a fait preuve de patience à l'égard de tels actes."

Depuis l'annonce de l'existence de Pardé (qui fait suite à un premier long métrage également tourné en secret, Ceci n'est pas un film), on craint les conséquences pour Jafar Panahi et pour ceux qui l'ont aidé. A Berlin, Kambuzia Partovi avait laissé entendre qu'il s'attendait à des représailles, sans savoir lesquelles. "Nous ne savons pas quelles seront les conséquences [de cette transgression]", avait-il déclaré. "Nous ne pouvons pas prévoir ce qui va arriver. Nous sommes dans l'attente."

Une attente qui se poursuit, puisqu'il est difficile de savoir si les autorités iraniennes en resteront là. D'une part, elles savent que le sort de Jafar Panahi et plus généralement des artistes iraniens importe à l'opinion internationale : veulent-elles vraiment risquer une nouvelle mobilisation d'envergure en brisant le statu quo qui avait fini par s'instaurer ? D'autre part, le régime ne peut pas non plus donner l'impression qu'il se laisse bafouer impunément... D'où la crainte d'une action (graduée ?) dans les semaines à venir. D'autant que Pardé, lui, poursuit sa carrière. Il fera notamment la clôture du 37e festival international de Hong Kong le 2 avril prochain.