Berlin 2013 : qui sont les shooting stars ?

Posté par MpM, le 8 février 2013

Dix jeunes acteurs et actrices, dont les noms et les visages se sont déjà imposés dans le paysage cinématographique européen, vont durant la Berlinale connaître une médiatisation exceptionnelle. Il s'agit des meilleurs jeunes talents européens 2013, sélectionnés par un jury international de professionnels du cinéma pour leur travail et leur potentiel.

Ces "shooting stars" participent du 9 au 11 février à un programme organisé par l'EFP (European film promotion) leur permettant de rencontrer des directeurs de casting internationaux et d'assister à différentes présentations, shootings et conférences de presse. Ce faisant, ils marchent sur les pas de Carey Mulligan, Mélanie Laurent, Nicolas Cazalé ou encore Anaïs Demoustier.

Parmi les lauréats, on retrouve l'actrice française Christa Théret révélée dans LOL de Lisa Azuelos et aperçue depuis dans Renoir de Gilles Bourdos et L'homme qui rit de Jean-Pierre Améris. Le jury précise avoir été conquis par "la maturité de son interprétation dans La Brindille". "C'est une actrice très précise", a-t-il par ailleurs indiqué, saluant le mélange de fragilité, de mélancolie et de charisme qui caractérise la jeune fille.

A ses côtés, on peut souligner la présence de Mikkel Boe Følsgaard (Danemark), récompensé par un prix d'interprétation à Berlin en 2012 pour son rôle dans A royal affair de Nikolaj Arcel ; Arta Dobroshi (République du Kosovo) que l'on a vue dernièrement dans Trois mondes de Catherine Corsini ; Nermina Luka? (Suède), bientôt à l'affiche de Eat Sleep Die de Gabriela Pichler et Jure Henigman (Slovénie) découvert dans A Trip de Nejc Gazvoda.

Les autres lauréats sont Carla Juri (Suisse), Ada Condeescu (Roumanie), Luca Marinelli (Italie), Saskia Rosendahl (Allemagne) et Laura Birn (Finlande).

Berlin 2013 : In the Name of… Teddy

Posté par vincy, le 8 février 2013

La compétition berlinoise a été lancée par un drame polonais sensible et subtil, romantique et viril, réalisé par Malgorzata Szumowska (à qui on devait Elles, avec Juliette Binoche). In the Name of est un blasphème en soi. Un prêtre (Adam, craquant avec ses yeux bleus et sa barbe de cinq jours) se désintéresse de la seule jolie femme du coin (Eve) et préfère un jeune homme beau et sauvage, doux et sans père, un Jésus qui ne sait même pas nager. Dans les dortoirs du séminaire, un ange blond maudit va sodomiser un de ses camarades consentant, et qui, honteux, se suicidera. L'homosexualité au sein de l'église.

Logique que ce film soit également en compétition pour les 27e Teddy Awards. Les 9 jurés internationaux n'auront que l'embarras du choix. La remise des prix aura lieu le 15 février, et s'achèvera dans une soirée orchestrée par John Cameron Mitchell.

La sélection de longs métrages comporte des films en provenance de tous les pays et de toutes les sections du Festival : Corée du sud (White Night), Géorgie (A Fold in My Blanket), Argentine (Belated), France (La religieuse), Japon (The Town of Whales), Brésil (Reaching for the Moon), Canada (Vic+Flo ont vu un ours), Taiwan (Will you still love me tomorrow). On y remarque aussi deux films avec James Franco, acteur culte chez les "LGBT" : Maladies et Interior. Leather Bar.

Des classiques (Victor, Victoria ou Certains l'aiment chaud) sont également présentés. Une sélection de documentaires et de courts métrages s'ajoute à l'ensemble.

Famille et icônes

Cette année, la devise n'est pas Au nom de (des paires ou de la liberté ou de l'égalité, ...) mais "We are Family". Avec un hommage à Jean Marais, président du jury à Berlin en 1985, dont on célèbre le centenaire de naissance en 2013. Marais n'est pas la seule icône choisie pour symboliser l'esprit de famille de la culture Queer. Marlene Dietrich, Divine, Greta Garbo, James Dean, Virginia Woolf, Jodie Foster, Freddie Mercury, Jimmy Sommerville, Montgomery Clft, tous sont exposés dans "Golden Queers", des tableaux presque warholiens de Ronaldo Hopf.

Ici les Teddy sont une institution. Alors que l'Assemblée nationale française rivalise en phrases vexantes, humiliantes, déplacées, agressives à l'égard des homosexuels, le catalogue des Teddy accueille une tribune du Maire de Berlin et une autre du Directeur du Festival de Berlin, des publicités comme celles d'Air France, sponsor officiel (!) ou des Galeries Lafayette (bien ciblée).

Même si certains ne manqueront pas de critiquer le communautarisme de ces Teddy, un simple constat montre leur utilité : tant que la relation amoureuse ou sexuelle entre deux personnes du même sexe pose problème, tant qu'un jeune homo sera conduit au suicide parce que l'homophobie environnante le rejette, tant qu'un transsexuel ne sera pas reconnu comme un être banal, tant qu'un travesti attirera les regards méprisants ou moqueurs, les Teddy Awards, mais aussi ses équivalents à Cannes et Venise, auront leur place, sans voler celle des autres. Si le cinéma s'intéresse autant à la difficulté d'être "différent" c'est bien parce que la société n'a pas encore assimilé cette différence en tant que composante naturelle, avec sa richesse et sa diversité, de notre planète.

L’instant Court : Comment écrire un scénario en 4 étapes (ou 7), réalisé par Jaco Van Dormael pour les Magritte

Posté par kristofy, le 8 février 2013

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le film court Les Révélations 2013 des espoirs féminins et masculins pour un César, voici l’instant Court n° 100.

Avant la cérémonie des César à venir le vendredi 22 février, il y a déjà eu la cérémonie des Magritte chez nos voisins belges. Les nominations indiquaient déjà A Perdre la Raison de Joachim Lafosse comme le favori, et c’est bien le grand gagnant avec quatre récompenses majeures : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice pour Émilie Dequenne, et meilleur montage. Dans la catégorie la plus disputée du Meilleur acteur; où étaient également nommés Jérémie Renier (Cloclo), Matthias Schoenaerts (De rouille et d’os) et Benoît Poelvoorde (Le grand soir), le trophée revient au final à Olivier Gourmet pour L’Exercice de l’Etat (3 Magritte). Il faut saluer le Magritte du court-métrage remis à Le cri du homard de Nicolas Guiot, également en lice en France pour le César du meilleur court-métrage.

Voici le palmarès complet :

MEILLEUR FILM : A perdre la raison de Joachim Lafosse
MEILLEUR REALISATEUR : Joachim Lafosse pour A perdre la raison
MEILLEURE ACTRICE : Emilie Dequenne pour A perdre la raison
MEILLEUR ACTEUR : Olivier Gourmet pour L’Exercice de l’Etat
MEILLEUR SCENARIO : Lucas Belvaux pour 38 témoins
MEILLEUR FILM ETRANGER EN COPRODUCTION : L’Exercice de l’État de Pierre Schoeller
MEILLEUR FILM FLAMAND EN COPRODUCTION : À tout jamais – Tot altijd de Nic Balthazar
MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND ROLE : Yolande Moreau dans Camille redouble
MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND ROLE : Bouli Lanners dans De rouille et d’os
MEILLEUR ESPOIR FEMININ : Anne-Pascale Clairembourg dans Mobile Home
MEILLEUR ESPOIR MASCULIN : David Murgia dans La tête la première
MEILLEURE IMAGE : Hichame Alaouie pour L’hiver dernier
MEILLEURS DECORS : Alina Santos pour Dead man talking
MEILLEURS COSTUMES : Florence Laforge pour Le grand soir
MEILLEUR SON : Julie Brenta et Olivier Hespel pour L’Exercice de l’Etat
MEILLEUR MONTAGE : Sophie Vercruysse pour A perdre la raison
MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE : Coyote, Renaud Mayeur, François Petit et Michaël de Zanet pour Mobile Home
MEILLEUR COURT-MÉTRAGE : Le cri du homard de Nicolas Guiot
MEILLEUR LONG-MÉTRAGE DOCUMENTAIRE : Le thé ou l’électricité de Jérôme le Maire

Le réalisateur Jaco Van Dormael (Magritte du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario original pour Mr Nobody) a réalisé un court-métrage qui a été montré lors de cette cérémonie des Magritte, une création inédite dont l’idée devrait d’ailleurs être reprise pour notre longue soirée César qui parfois ronronne… Ce court fait avec passion et avec des petites mains valorise de manière humoristique la qualité d’une production locale (belge, française ou autre…) face aux travers des grosses productions internationales à gros budget (américaines, mais aussi françaises...) dont le marketing peut souvent influer sur l’histoire racontée...

Voici donc Comment écrire un scénario en 4 étapes (ou 7), un court-métrage réalisé par Jaco Van Dormael. Avant son premier long-métrage Toto le héros (Caméra d'or à Cannes en 1991) il avait déjà gagné un Oscar du meilleur court-métrage en 1981 pour son court Maedeli-La-Breche.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Comment écrire un scénario en 4 étapes (ou 7)

Vesoul 2013 : Leslie Cheung, 10 ans déjà…

Posté par kristofy, le 8 février 2013

C’est le dixième anniversaire de la mort de Leslie Cheung : le 1er avril 2003, l'acteur a basculé du 24ème étage de l’hôtel Mandarin Oriental de Hong-Kong. Un suicide qui a été un choc pour ses nombreux fanclubs, qui depuis se retrouvent chaque année pour des cérémonies en son souvenir à la même date. Leslie Cheung était une star très populaire (presque un équivalent à un Tom Cruise asiatique) à la fois chanteur à succès de canto-pop et acteur pour les plus grands réalisateurs. Il est mort à 46 ans après avoir été en haut de l’affiche avec les stars Tony Leung, Gong Li, Maggie Cheung…

Sa popularité en tant que chanteur fait qu’il est vite demandé au cinéma, tournant plusieurs films par an au début des années 80. Il sera désormais un acteur connu et reconnu à l’international grâce aux deux immenses succès de Le syndicat du crime de John Woo en 1986 suivi de Histoire de fantômes chinois de Tsui Hark en 1987, et leurs suites Le syndicat du crime 2 en 1987 et Histoire de fantômes chinois 2 en 1990. Il retrouvera encore John Woo avec Les associés en 1991 et encore Tsui Hark avec Le festin chinois en 1995, avec entre-temps Rouge de Stanley Kwan en 1988.

Leslie Cheung est aussi un acteur fidèle de Wong Kar-Wai dans Nos années sauvages en 1990, Les cendres du temps en 1994, et Happy together en 1997 qui ose aborder le sujet tabou au cinéma en Chine d’une histoire d’amour entre deux hommes (lui-même ayant d’abord démenti puis affiché son homosexualité). Il avait surtout incarné un personnage travesti dans Adieu ma concubine de Chen Kaige (Palme d’or à Cannes en 1993), qu’il retrouva en 1996 pour Temptress moon. En 1990 il annonce arrêter la musique et les concerts, mais il chantera la chanson du film La mariée aux cheveux blancs de Ronny Yu en 1993 dont le succès l’incite à un come-back musical et à refaire des disques. Son dernier film Inner senses commence comme un film de fantôme et se termine en mélodrame romantique, on y voit un suicide du haut d'un immeuble... qui résonne de manière étrange avec la mort de Leslie Cheung.

Le FICA de Vesoul propose pour ce dixième anniversaire de sa disparition 10 films emblématiques de sa carrière (dont deux inédits). On conseille en plus de trouver et découvrir Viva Erotica (1996) de Yee Tung-sing qui montre les coulisses chaotiques d’un tournage de film où Leslie Cheung joue le rôle d’un personnage assez proche de lui lors de son premier tournage de film près de vingt ans auparavant...

1986 : Le Syndicat du crime 1 de John Woo
1988 : Rouge de Stanley Kwan
1990 : Nos années sauvages de Wong Kar-wai
1993 : Adieu ma concubine de Chen Kaige
1993 : La mariée aux cheveux blancs de Ronny Yu
1994 : Les Cendres du temps de Wong Kar-wai
1995 : Le Festin Chinois de Tsui Hark
1996 : Shanghai Grand de Man Kit-poon, inédit
1997 : Happy Together de Wong Kar-wai
2002 : Inner Senses de Law Chi-leung, inédit, le dernier film de Leslie Cheung.

Débat avec la ministre Najat Vallaut-Belkacem autour du film La Parade

Posté par antoine, le 8 février 2013

Mardi 5 février avait lieu une projection un peu spéciale à L’Arlequin (Paris) : la séance de La Parade était suivie d’un débat avec Najat Vallaud-Belkacem (Ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, chargée de mission interministérielle de lutte contre l’homophobie), Geneviève Garrigos (présidente d’Amnesty International France), Nicolas Gougain (Porte-parole de l’association Inter-LGBT), le porte parole de SOS Homophobie, et Sophie Dulac (distributrice et exploitante du film).

La Ministre a rappelé que le discours du Président français à l’ONU a fait avancer plusieurs pays sur la question de l’homosexualité. Il n’y a pas qu’à Belgrade qu’il y a des problèmes, comme la comédie serbe le montre. L’ignorance est la plus grande violence dans le monde et pour lutter contre cette violence il faut éduquer, apprendre à accepter l’autre. Ce qui se passe à Belgrade concerne toute l’Europe de l’est, Russie comprise.

La fiction permet de sensibiliser d'autres publics

Pourquoi avoir fait une fiction plutôt qu’un documentaire ? La présidente de Amnesty International France répond que, généralement, les documentaires s’adressent à ceux qui sont déjà au courant du sujet. Les films comme La Parade s’adressent à un public plus large et permet donc de mieux sensibiliser un public pas forcément conscient du sujet. Elle a ensuite ajouté que la dépénalisation de l’homosexualité est relativement récente, en Serbie depuis 1994 (mais le crime pour homophobie n’est pas encore reconnu). En 2010, la seule et unique "Gay Pride" officielle a pu se dérouler, non sans protection, en Serbie. Les articles 19 et 20 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme sont régulièrement rappelés à ce pays qui cherche à entrer dans l'Union européenne. Enfin, elle a insisté sur le fait que l’égalité est un droit vraiment fondamental.

Najat Vallaud-Belkacem a précisé que ce projet de loi sur le mariage pour tous a permis une prise de conscience et a révélé quelque chose dans la société. Les actes homophobes se sont multipliés et la vigilance permanente de ces dérapages s'est accrue (notamment grâce à la mission de lutte contre les discriminations). Il y a également de nouvelles mesures mises en places (mesures financières, formations, etc.) dans tous les secteurs : éducation dans les écoles, dans les médias, dans le monde du sport. Il faut faire avancer ce sujet dans tous les secteurs administratifs est un travail inédit.

SOS Homophobie a rappelé quelques chiffres. Il y a eu trois fois plus de témoignages en décembre 2012 qu’en décembre 2011: rien qu'en janvier, il y en a eu quatre fois plus que l’année précédente. Ils ont pu avoir le soutien du gouvernement qui a permis une mise en place d’une ligne d’écoute. Même s'il y a encore beaucoup de travail. L’association fait des interventions dans les collèges et lycées et ils reçoivent beaucoup d'appels du monde du travail.

Une lutte mondiale

Nicolas Gougain a précisé que c’était un combat internationaliste, une lutte mondiale. Quand Paris marche pour l’égalité et pour les fiertés, c’est Paris qui marche aussi pour tous ceux qui ne peuvent pas marcher, en France et ailleurs dans le monde. L’homophobie est une haine partagée dans de nombreuses cultures. Il remarque une nette diversité des participants qui marchent: des familles, des jeunes de banlieues, des gens de tout âge…

La ministre a rappelé qu’il y avait eu une campagne d’organisée sur les violences comme le harcèlement sexuel, le harcèlement d’identité de genre, la transphobie (c’est une première en France).

SOS homophobie va se réunir avec son ministère pour voir comment ils peuvent faire pour lutter contre les agressions verbales, et les tweets homophobes qui se sont propagés ces derniers temps sur le réseau social de micromessages :  qu’est-ce qu’on peut dire et qu’est-ce qu’on ne peut pas dire, et où se trouve alors l’égalité, la liberté d'expression.

L'association a aussi rappelé la une de Minute qui appelle à la haine. L’association a porté plainte mais la justice met beaucoup de temps à être traitée, comme toujours.

En revenant au film, Nicolas Gougain a indiqué que le sujet sérieux traité sous la forme d’une comédie permet d’être un bon outil pédagogique pour appeler aux marches des fiertés et pour lutter contre les discriminations. La parole franche et assumée de la part de la gauche à l’Assemblée Nationale est quelque chose de nouveau. Pour lui, il faut retenir l'aspect positif dans ce débat.