Arras 2012 : The exam de Peter Bergendy ouvre la compétition

Posté par MpM, le 15 novembre 2012, dans Arras, Avant-premières, Festivals, Films.

Au Arras Film Festival, la compétition d'inédits européens concourant pour les Atlas d'or et d'argent s'est ouverte jeudi avec un thriller hongrois. The exam de Peter Bergendy se déroule en 1957, soit un an après la répression de l'insurrection. Dans un régime communiste plus méfiant que jamais, un agent secret est espionné par ses propres supérieurs qui veulent tester sa loyauté.

Jouant sur un montage extrêmement découpé et une ambiance sonore inquiétante, le film attise à la fois les angoisses, la curiosité et le plaisir du spectateur entraîné dans un jeu de dupes à plusieurs niveaux. La caméra qui multiplie les points de vue renforce l'impression que tout le monde épie tout le monde et que le moindre geste peut être fatal.

La célèbre paranoïa des régimes autoritaires est ainsi brillamment mise en scène à partir de quelques éléments cinématographiques traditionnels : montage parallèle de l'action (d'un côté l'espion surveillé, de l'autre ceux qui le surveillent), utilisation des ellipses et du hors champ (afin d'apporter un sentiment d'urgence), cadres serrés sur des visages ou des objets (qui renforcent l'aspect anxiogène de l'intrigue), etc.

L'autre grande force du film est son basculement de point de vue à mi-chemin. Au départ, on suit l'agent secret qui semble être le personnage principal du film. Puis tout à coup, on se détache de lui pour adopter le regard de son supérieur. Cela ajoute d'autant plus de tension que le processus d'identification avec le premier personnage s'est mis en marche. Toute l'ambiguïté réside dans le fait qu'un lien filial unit les deux protagonistes, ajoutant un enjeu intime et personnel aux questions plus politiques.

Bien sûr, tout le récit repose sur une succession de rebondissements qui amènent peu à peu le spectateur à douter de tout et de tout le monde. Et même si le retournement final est prévisible, on prend un plaisir certain à se laisser embarquer dans ce labyrinthe de suspicion et de défiance. D'autant que la fin apporte un début de réflexion sur la notion de loyauté et un regard cinglant sur une époque troublée cristallisant terreur, cynisme et ironie tragique. De quoi faire la différence avec un film d'espionnage plus classique et emporter, peut-être, l'adhésion des différents jurys...

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