George Clooney devrait pouvoir sauver les oeuvres d’art des griffes des Nazis

Posté par vincy, le 25 octobre 2012

Monuments Men réunira George Clooney, Cate Blanchett et Bill Murray... dès que le film aura résolu son problème de studios. Sony, sous contraintes financières, ne voulait plus financer le film en solo. Le studio aurait trouvé un allié de taille : la 20th Century Fox. La Fox produirait pour moitié le drame historique et le distribuerait.

Le film est l'adaptation Monuments men : Rose Valland et le commando d'experts à la recherche du plus grand trésor nazi, de Robert M. Edsel. George Clooney co-rédige le scénario et réalisera le film. Il promet un film d'espionnage divertissant. L'action se déroule en Normandie.

L'histoire se déroule durant la seconde guerare mondiale, autour d'un complot visant à protéger les oeuvres d'art de la folie destructrice des Nazis. Clooney sera l'un des experts choisis par le gouvernement américain pour cette mission. Le titre Monuments Men fait écho à la fondation du même nom qui a pour objectif la préservation de l'art.

Grosse production (50 millions de $), le projet traîne depuis des mois dans les cartons de Sony. Il devait sortir au deuxième semestre 2013. Une sortie en 2014 est désormais envisagée.

Les réalisatrices africaines invitées à débattre au Quai Branly et à la BnF en novembre

Posté par vincy, le 25 octobre 2012

Le Musée du quai Branly et la Bibliothèque nationale de France célèbreront 40 ans de cinéma (1972-2012) à travers le regard des réalisatrices africaines francophones. Souvent documentaristes, elles sont encore peu nombreuses et peu visibles pour des raisons historiques, culturelles et économiques.

A cette occasion, le 23 novembre au Quai Branly et le 24 novembre à la BnF organiseront un colloque international en deux volets : le premier rassemblera des universitaires spécialistes du cinéma africain et le second réunira des cinéastes africaines et de la diaspora.

Seront présentes lors de ces événements : Sarah Maldoror (Antilles-Angola, photo), Fanta Regina Nacro (Burkina-Faso, primée à Amiens , Cannes et Clermont-Ferrand pour son court-métrage Bintou), Farida Benlyazid (Maroc, dont Juanita de Tanger a été sélectionné à San Sebastian), Oswalde Lewat (Cameroun), Nadia El Fani (France-Tunisie), Rahmatou Keïta (Niger), Fatima Sissani (France-Algérie) et Monique Mbeka Phoba (RDC-Belgique).

  • Le colloque débutera au Quai Branly avec une plénière de Beti Ellerson (40 ans de cinéma fait par des femmes en Afrique) avant de s'interroger sur les Femmes qui filment les femmes : deux films de la diaspora de l'Afrique de l'Ouest ou encore les Images de femmes à l'heure de la  mondialisation : identité et expériences transculturelles chez les réalisatrices africaines.
  • L'après-midi sera consacré notamment aux Fictions et documentaires au féminin : Créations, politique et esthétique mais aussi l'aut(eu)rité dans les films de Khady Sylla, la laïcité et le cinéma ou encore les Héritages et ruptures des indépendances à nos jours. Deux autres événements termineront la journée : Les réalisatrices filment l’histoire : Place des femmes et enjeux de la revendication des libertés et les Films expérimentaux des cinéastes maghrébines au XXIe siècle.
  • A la BnF, le lendemain, la Masterclass de Sarah Maldoror s'interrogera sur Comment faire un film en Afrique quand on est une femme ?. La suite de la journée réfléchira sur quelles histoires raconter, quels regards porter sur le monde dans le documentaire, et une table ronde tentera de démêler les identités plurielles avec Immigrations, exils et diasporas africaines en Europe.
  • Les deux journées se concluront avec la projection de Sambizanga, après présentation par son auteure Sarah Maldoror. Ce film de la cinéaste angolaise a 40 ans. Avec Safi Faye, il s'agit de la première réalisatrice africaine. Sambizanga avait reçu deux prix au Festival de Berlin et le Grand prix à celui de Carthage.

Le cinéma africain (hors Afrique du nord) est "né" en 1962 avec un premier long métrage reconnu internationalement d'Ousmène Semène (Carrosse d'or en 2005 à Cannes). Peu exporté, il a quand même reçu quelques grand prix (Yeelen/La lumière, Un homme qui crie) et quelques grands succès (Bamako, Mon nom est Tsotsi ces dernières années). Si le Sénégal est de loin le pays le plus important en nombre de cinéastes, des pays comme le Burkina-Faso, la Côte d'Ivoire, l'Afrique du Sud et le Nigéria (avec Nollywood) disposent d'un réservoir important de talents. Quelques grands festivals, le Fespaco à Ouagadougou en premier lieu, offrent une vitrine promotionnelle internationale.

INFORMATIONS PRATIQUES : www.quaibranly.fr et www.bnf.fr

James Cameron s’intéresse à Vanessa Munroe

Posté par vincy, le 24 octobre 2012

A travers sa société de production, Lightstorm Entertainment, James Cameron vient d'acquérir les droits de The Informationist (Dernière piste), thriller de Taylor Stevens, qui est paru en France l'an dernier (Presses de la cité).

Cameron produira le film pour la 20th Century Fox. Il pourrait réaliser le film, après avoir tourné les deux suites d'Avatar.

Le livre est centrée autour de Vanessa Munroe. Spécialiste du renseignement, elle sillonne le globe afin de récolter des informations pour ses clients, principalement des entreprises prêtes à payer le prix de son expertise. Intuitive et capable de s'adapter à toutes les situations, elle n'en demeure pas moins une femme meurtrie. Elevée en Afrique par des parents missionnaires, Munroe a fugué lorsqu'elle était adolescente pour suivre une bande de trafiquants d'armes. Mais un drame l'a forcée à fuir, et à ne jamais regarder en arrière. Lorsque Richard Burbank, un riche entrepreneur texan, lui demande de retrouver sa fille adoptive disparue en Afrique, Munroe voit dans cette mission l'occasion d'affronter enfin les vieux démons qu'elle a laissés en quittant ce continent.

Il faut savoir que Taylor Stevens a déjà écrit la suite (L'infiltrée, même éditeur, vient d'être publié en France). L'auteure a déjà prévu un troisième épisode des aventures de Munroe pour 2013, The Doll.

Lumière 2012. Une soirée de clôture au Paradis!

Posté par Morgane, le 24 octobre 2012

Tout comme lors de l'ouverture, la Halle Tony Garnier a fait salle comble en ce dimanche après-midi pour assister à la clôture de cette quatrième édition du Festival Lumière. Thierry Frémaux monte sur scène appelant à le rejoindre tous les bénévoles (au nombre de 388) qui ont rendu ce festival possible. Il est vrai que ce travail de titan a été mené de main de maître. Gérard Collomb, en tant que maire de Lyon, est venu annoncé, comme on s'en doutait, qu'il y aurait bel et bien une cinquième édition l'an prochain.

Avant de projeter ce monstre du cinéma qu'est La porte du paradis (par son résultat mais aussi par le travail pharaonesque qu'il a demandé), Isabelle Huppert, actrice principale, prend le micro pour dire son émotion. "Je crois que ce film a été victime d'une injustice historique. C'est le début de cette réparation aujourd'hui. (...) Tout ça grâce à Michael Cimino qui est un immense réalisateur, un immense metteur en scène."

C'est ensuite au tour de Michael Cimino, en larmes, de monter sur scène rejoindre son actrice. "Je n'ai pas de mots, mon coeur bat trop vite. J'ai toujours su que les Français aimaient le cinéma mais là, c'est fou. Je suis très fier de partager cette scène avec ma bien-aimée Isabelle. Quand nous avons travaillé ensemble, nous étions des enfants du paradis mais nous ne le savions pas. Je vais m'arrêter là avant d'avoir une crise cardiaque. (...) Je m'attendais à ce que le film soit dans un petit cinéma. C'est un grand choc."

Le choc est désormais pour nous lorsque l'on découvre sur un écran géant la beauté cinématographique du film. 32 ans après sa sortie catastrophique (boudé par le public en grande partie pour son message anti-patriotique), suite à une restauration menée par Michael Cimino et la maison Criterion, cette oeuvre se révèle de nouveau sublime grâce aux couleurs à couper le souffle du grand directeur de la photographie Vilmos Zsigmond (qui avait déjà travaillé aux côtés de Michael Cimino pour Voyage au bout de l'enfer).

Scorsese en 2013?

Après avoir été projeté à Venise et à New York, le voici donc projeté à Lyon avant de sortir dans plusieurs salles début 2013 grâce à Carlotta. C'est donc une sorte de renaissance pour ce film, aujourd'hui reconnu à sa grande et juste valeur.

En 1870, James (Kris Kristofferson) et Billy (John Hurt) fêtent la fin de leurs études. On les retrouve 20 ans plus tard dans le comté de Johnson dont James est devenu le shérif. Billy, quant à lui, est devenu un éleveur appartenant à l'Association des éleveurs (très influente et aux racines politiques très ancrées) qui souhaitent se débarrasser des immigrants d'Europe centrale qu'ils voient comme des "voleurs de bétails et des anarchistes." Une liste noire de 125 noms est alors dressée et des mercenaires envoyés pour les éliminer... tout ça dans la légalité. Derrière cette lutte de survie aux accents politiques et sociaux se joue également un drame humain, celui d'Ella (Isabelle Huppert), directrice de bordel d'origine française, aimée par James (shérif) et Nathan (qui appartient à l'Association) interprété par Christopher Walken.

La Porte du Paradis est un prologue à la Révolution Industrielle, une ouverture sur le XXe siècle sur fond de rêve américain qui s'envole. Loin des verts pâturages décrits par la plupart des films sur la conquête de l'ouest, Michael Cimino montre un tout autre visage de l'Amérique, chose qui ne plaira guère lors de sa sortie. Dirigeant un nombre impressionnant d'acteurs, tous parfaits, dans des conditions parfois difficiles, Cimino offre un spectacle dont les scènes n'en ressortent que plus belles, que ce soit celle du bal lors de la remise des diplômes ou bien encore celle du bal, 20 ans plus tard, sur des patins à roulettes. C'est également un cinéaste qui sait suggérer donnant ainsi une belle finesse à ce western des temps modernes.

La barre est mise haute pour l'année prochaine mais si, comme l'a laissé entendre Thierry Frémaux, l'invité Lumière de la cinquième édition est bel et bien Martin Scorsese le défi sera aisément relevé. Rendez-vous dans un an!

Lumière 2012. Ken Loach reçoit son Prix Lumière et défend le système de financement français

Posté par Morgane, le 23 octobre 2012

Samedi 20 octobre, l'amphithéâtre du Centre des Congrès de Lyon se remplit peu à peu pour le grand soir du Festival Lumière. Acteurs, actrices et cinéastes (les frères Dardenne, Jerry Schatzberg, Ariane Ascaride, Julie Gayet, Anaïs Demoustier, Hippolyte Girardot, Léa Drucker, Marjane Satrapi, Julie Ferrier, Laura Morante, Christian De Sica...) se succèdent devant l'affiche de Ken Loach pour la traditionnelle photo. Les spectateurs garnissent les sièges rouges de la salle.

Puis, sous un tonnerre d'applaudissements, Ken Loach et Éric Cantona font leur apparition.

Thierry Frémaux monte sur scène et présente cette remise de prix "pour l'ensemble de son oeuvre, non pas qu'elle soit finie", à un homme d'une "extraordinaire homogénéité entre ce qu'il raconte dans ses films et ce qu'il fait dans la vie."

Les lumières baissent, le silence se fait et Looking for Éric commence, ponctué de-ci de-là de salves d'applaudissements lors de répliques mythiques, principalement prononcées par Cantona, que ce soit l'épisode des mouettes et du chalutier ou bien la fameuse phrase "I'm not a man. I am Cantona". C'est un grand plaisir de redécouvrir cette comédie (qui ne sont pas si nombreuses dans le répertoire de Loach) sur fond social toujours dur mais qui réussit à enchanter. Le film avait été sélectionné à Cannes. Loach y révèle in Cantona plein d'autodérision et un Steve Everts superbe dont cette expérience loachienne fut sa première expérience cinématographique d'acteur.

Les lumières se rallument, Thierry Frémaux reprend le micro et appelle sur scène toutes les personnalités de cette semaine encore présentes ce soir. Rebecca O'Brien (productrice) et Paul Laverty (scénariste), compagnons de route de Ken Loach sont également présents. Et c'est au tour d'Éric Cantona d'entrer en scène qui, avec un discours bref, concis et ensoleillé de son accent du midi, conclut avec "c'est un grand soir pour Ken... et pour Bath (équipe de foot supportée par Ken Loach) qui a gagné."
Un nouveau tonnerre d'applaudissements pour Ken Loach qui rejoint la scène afin de recevoir le Prix Lumière de cette quatrième édition des mains de l'ancien footballeur. Le King Cantona, imposant par sa carrure et son charisme, semble s'opposer quelque peu au personnage de Ken Loach, beaucoup plus petit, timide et modeste, s'excusant presque d'être là et de recevoir tous ces honneurs.

Le cinéaste anglais entame son discours par "un grand merci et beaucoup de respect au cinéma français car sans votre cinéma, nous n'existerions pas. L'intérêt que vous nous avez montré nous donne l'envie et la possibilité de continuer. (...) C'est votre enthousiasme et votre amour du cinéma qui nous permet de rester vivant." Il rappelle alors que pour Le Vent se lève, par exemple, le film est sorti en France dans 300 salles environ alors qu'en Angleterre, il n'a été projeté que dans une quarantaine de salles et remercie donc grandement la société Diaphana qui distribue ses films en France. Remerciements donc au cinéma français et à son fonctionnement qu'il faut défendre (voir actualité du 21 octobre). S'ensuit une critique d'une Europe ultra-libérale qu'il voudrait beaucoup plus solidaire.

Il poursuit alors sur la responsabilité du Cinéma. "Est-ce que le cinéma peut changer les choses? Probablement non. Et je pense que c'est une bonne chose, sinon on serait tous des Américains avec des flingues dans la poche. Mais on peut soulever des questions, célébrer des choses, partager l'idée d'une communauté humaine. Nous pouvons ajouter notre voix au grand bruit fait par l'humanité." Il déclare également son soutien aux cinéastes qui, soumis à la censure de leurs pays, ne peuvent travailler, ou du moins pas librement. Et conclut par ces mots : "C'est une soirée extraordinaire et recevoir ce prix des mains du King Éric, il n'y a rien de mieux. Longue vie au cinéma!" Que dire de plus...

Larry Clark : un tournage à Paris et un film en compétition à Rome

Posté par vincy, le 22 octobre 2012

A part une exposition photographique et un court métrage, on n'avait peu de nouvelles du réalisateur de Kids, Bully et Ken Park. Le dernier long métrage de Larry Clark remonte à 2005 avec Wassup Rockers.

L'Avance sur recettes vient de lui octroyer une aide avant réalisation pour The Smell of Us, qui sera tourné à Paris et en français. La région Île-de-France vient également d'investir 400 000 euros dans la production. Le film sera distribué par Mars. C'est la première expérience du cinéaste à l'étranger. Le film est produit pour 3 millions d'euros par Morgane Production et Pierre-Paul Puljiz de Polyester productions (qu'on connaît pour les documentaires sur Larry Clark, Basquiat, Paul Morrissey ou encore Walk Away Renée de Jonathan Caouette). Les deux producteurs préparent également un documentaire sur son livre, Tulsa 1963-1971.

Dans The Smell of Us, Clark continue d'explorer les moeurs et coutumes de la jeunesse. L'histoire suit un couple d'ados qui s'entredéchire et deux copains sans illusions, le tout sur fond de skate-board. L'impossibilité de communiquer, l'ennui, la distance par rapport à leur environnement vont les conduire à la marge : argent facile, exhibition, prostitution masculine sur Internet, drogue, ... toutes classes sociales confondues. Les producteurs ont déjà annoncé que la narration serait différente, avec des flashbacks notamment, des précédents films de Clark.

On aura compris que le réalisateur a mis 7 ans à observer et digérer la manière dont le web a envahit et transformer la vie des ados. Lors de son exposition au MAM de Paris, il a rencontré Mathieu Landais (photo). Le jeune poète de 22 ans lui propose une histoire, et, ensemble ils coécrivent Le sang de Pan, scénario noir dont la version définitive est prête (et rebaptisée d'un nouveau titre) en avril dernier. Le casting se déroule au printemps dans le milieu du skate parisien, dans des soirées, des squats et des clubs.

Le financement quasiment bouclé, le tournage est prévu au premier trimestre 2013. Le film devrait être éclairé par un chef opérateur français, accompagné d'une BOF frenchy.

D'ici le tournage parisien, Larry Clark fera un détour par Rome. Le festival international du film de la capitale italienne a en effet sélectionné Marfa Girl, qui ne devrait pas sortir en salle. On pourra, en revanche, le voir dès novembre sur le site officiel du réalisateur (larryclark.com/marfagirl). Marfa est une petite ville texane. C'est là que vit le héros, Adam, de ce long métrage (1h46) à petit budget. Clark y traite d'art contemporain, de frontières, de métissage, d'adolescence, de sexe, de drogue, de racisme et de rock n' roll. As usual.

Lumière 2012, Jours 4-5. La jeunesse de Steven Spielberg et James Gray

Posté par Morgane, le 22 octobre 2012

La salle est pleine au Festival Lumière, le noir se fait et dès les premières notes de la musique de John Williams on reconnaît (même si on ne l'a jamais vu) le film qui a fait trembler toute une génération : Les Dents de la mer. C'est un vrai plaisir de se laisser dériver au gré de ce film de 1975, dans la petite station balnéaire d'Amity où le maire a pour seul objectif un 4 juillet réussi et une saison remplie de touristes. Mais c'est bien sûr sans compter sur l'invitation surprise d'un grand requin blanc qui, 37 ans après, nous donne encore des frissons.

Quatre ans après son premier long-métrage Duel, Steven Spielberg, qui a 29 ans à l'époque, s'immerge dans le film d'horreur aquatique. Musique à suspens, hémoglobine, décor aquatique, marins seuls en pleine mer... tout est réuni pour foutre la trouille et faire en sorte que personne n'aille se jeter à l'eau ensuite.

Si ce film (projeté à l'occasion des 100 ans d'Universal), quelque peu cousu de fil blanc, sortait aujourd'hui sur nos écrans, l'accueil serait certainement plus froid : si on apprécie cette séance, n'est-ce pas pour y trouver le plaisir nostalgique que l'on éprouve à revoir ces fameuses Dents de la mer? Quoique : le film reste brillant et efficace.

Le lendemain, je continue dans les pas d'un jeune réalisateur qui a plus d'un film à son arc aujourd'hui, j'ai nommé James Gray. Le Festival Lumière projette Little Odessa, première réalisation du cinéaste qui, du haut de ses 25 ans, nous donne, avec ce film, une énorme claque. Le cinéaste dépeint la mafia russe dans le quarter new-yorkais de Little Odessa à travers le regard de Josh (Tim Roth) qui revient dans son quartier pour exécuter un contrat. Ce drame, très fort et poignant, mêle film noir et véritable tragédie grecque. En dire plus serait presque un crime pour ceux qui ne l'ont jamais vu.
Little Odessa est aussi l'occasion de découvrir un Tim Roth (qui était là mardi soir pour présenter le film à l'Institut Lumière), dur et tendre à la fois, aux facettes multiples. La même force que Mr. Orange dans Reservoir Dogs.

Un manifeste pour sauver l’exception culturelle à la française, menacée par la Commission Européenne

Posté par vincy, le 21 octobre 2012

Vendredi, en préambule du débat sur l'exception culturelle organisé par les rencontres cinématographiques de l'ARP, dont le thème était "L'exception culturelle 2.0", Michel Hazanavicius (The Artist) a lu un manifeste de l'ARP devant la Ministre de la culture et de la communication, Aurélie Filippetti.

Manifesto 2.0

Ce texte interpelle le gouvernement français pour qu'il affirme "une politique culturelle claire et forte afin de défendre les principes de notre système de financement face à la politique libérale prônée par Bruxelles" alors que la Commission scrute les mécanismes de financements, qu'elle pourrait remettre en cause.

Demandant "de passer à l'acte II de l'exception culturelle" urgemment, comme promis durant la campagne présidentielle, le manifeste rappelle que le "mode de financement a toujours reposé sur un principe simple, selon lequel les diffuseurs de nos œuvres quels qu'ils soient, devaient participer au financement de ces œuvres."

Ainsi pour l'ARP, "les nouveaux entrants et nouveaux diffuseurs doivent s'intégrer harmonieusement à cet équilibre, et c'est le rôle des politiques de se battre pour que ce principe soit respecté." Sont visés les fournisseurs d'accès à internet et autres portails de diffusions tels que iTunes (Apple), Amazon, Google (et YouTube), Dailymotion... Dans le texte, il est rappelé là aussi que "ce mode de financement profite par ailleurs à tout le cinéma européen, encourage par là même une importante circulation des œuvres, défend la liberté d’expression en finançant des cinéastes du monde entier."

Changement de stratégie du gouvernement français

En concluant les débats, Aurélie Filippetti a tenté de rassurer l'auditoire : "Le président François Hollande m'a chargé de vous dire que 'l'exception culturelle' sera à l'agenda de tous ses rendez-vous européens". "Il a conscience que la culture est au coeur de notre identité, notre citoyenneté", a-t-elle ajouté, considérant que les biens culturels ne sont pas des marchandises comme les autres. L'exception culturelle a été actée par le GATT (aujourd'hui OMC) en 1993 après une dure bataille menée par la France.

Surtout elle a annoncé un changement de stratégie. Les discussions durent depuis six mois entre le gouvernement français, qui ne veut rien lâcher, et une commission européenne plutôt favorables aux géants mondiaux de l'Internet et aux FAI. Le gouvernement va retirer la notification faite à la Commission sur la réforme de la taxe sur les distributeurs de service de télévision (TSTD). Un nouveau texte de réforme va être présenté au Parlement français dans le cadre de la loi de finances 2013, actuellement en discussion,  et notifié immédiatement après à Bruxelles.

C'est désormais le pourcentage du volume d'affaires des fournisseurs d'accès à internet (haut débit fixe et mobile) qui sera pris en compte, avec un abattement pour tenir compte de "la densité audiovisuelle" des abonnements.

Ce virage semblait nécessaire puisque aucun accord n'a été trouvé à temps avec Bruxelles avant la fin de la période de négociation, aujourd'hui,  21 octobre. Le risque était de lancer une procédure approfondie permettant à la Commission européenne d'obtenir un délai supplémentaire de 18 mois, et bloquant ainsi le sujet durant toute cette période.

Fleur Pellerin renvoyée dans ses câbles

Politiquement, le gouvernement a surtout donné raison à la Ministre de la culture, soutenue par toutes les organisations du cinéma, plutôt que de soutenir la proposition de taxe forfaitaire de la ministre chargée de l’économie numérique, Fleur Pellerin. En effet, le 16 octobre, les organisations du cinéma et de l’audiovisuel (BLIC ; BLOC ; ARP ; UPF ; SACD ; SPFA ; SPI ; USPA) avaient déjà apporté leur plein soutien à la Ministre de la Culture  dans son projet de taxe réformée, calculée sur la base d’une assiette large et proportionnelle, comme c’est déjà le cas pour les salles et les télévisions, et selon le principe de la neutralité technologique.

Les cinéastes de L'ARP se sont évidemment réjouis "des propos de la Ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, dont le discours a témoigné de sa conviction pour la singularité de la place de la culture au cœur des politiques européennes."

Leur manifeste est avant tout une alerte lancée à Bruxelles, et pas une volonté de faire pression sur Paris. En France, le système de financement - à travers des taxes payées par toute la filière, reversées aux Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) qui redistribue à son tour à l'industrie cinématographique - permet aujourd'hui au cinéma français d'être financé et prospère, produisant ou coproduisant plus de 272 films en 2011.

Le système est aujourd'hui fragilisé par la numérisation des films et l'apparition des Vidéos à la demande. Les fournisseurs d'accès à internet (FAI) ont fait appel à la Commission européenne pour ne pas avoir à payer la taxe sur les services de télévision (TST, qui a rapporté près de 400 millions d'euros en 2011, selon l'ARP).

De quoi inquiéter les cinéastes européens qui dépendent beaucoup du financement français. Parmi les premiers signataires du texte figurent Ettore Scola, Fernando Trueba, Robert Guédiguian, Ken Loach, Pierre Jolivet, Jan Kounen et l’ensemble du conseil d’administration de l’AR (notamment Michel Hazanavicius, Claude Lelouch, Jean-Paul Salomé, Eric Tolédano, Olivier Nakache, Jean-Jacques Beineix, Patrick Braoudé, Christian Carion, Costa-Gavras, Cédric Klapisch, Gérard Krawczyk, Jeanne Labrune, Radu Mihaileanu, Raoul Peck et Abderrahmane Sissako).

Le manifeste est disponible à la suite de ce texte.

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Saint-Jean de Luz 2012 : trois questions à Audrey Fleurot

Posté par redaction, le 21 octobre 2012

La présidente du jury du Festival international des jeunes réalisateurs de Saint Jean de Luz, comédienne notamment remarquée pour son rôle de la dame du lac dans la série Kaamelot ou aux côtés d’Omar Sy dans Intouchables, a profité de quelques minutes entre deux projections pour nous confier ses impressions sur la manifestation et son expérience de jurée.

Ecran Noir : C’est votre première venue au festival ?
Audrey Fleurot : En effet, et aussi ma première participation à un jury. J’étais à la fois flattée et stressée ; c’est une grosse responsabilité mais aussi l’opportunité de réfléchir sur le cinéma, de se confronter aux points de vue des autres au sein d’une superbe équipe. Personnellement, quand je vais au cinéma voir un film, j’ai envie d’en parler, que le bouche à oreille marche car ça va tellement vite maintenant. Là, ça nous permet à une plus grande échelle de vraiment donner sa chance à un réalisateur ou un film.

EN : Vous appréhendiez donc votre rôle de présidente de jury ?
AF : Oui, car je ne l’avais jamais fait et je trouve ça compliqué dans la mesure où on a de l’empathie pour tous les films, on sait la difficulté que c’est de montrer son premier travail. Nous avons d’ailleurs décidé d’un commun accord avec les autres membres du jury de ne pas discuter avec les autres des délibérations, de rester vierges de toute l’histoire du film, des difficultés pour le monter, etc. On voulait voir le film indépendamment des secrets de fabrication.

EN : Vous ne vouliez pas être influencés...
AF : Exactement, car on connait la difficulté du travail autour du film. Nous avons vu beaucoup de films de qualité, et il n’y a pas 50 prix. Ce qui est super, c’est que l’on n’est pas tous d’accord. On s’était très bien entendu au sein du jury. Pour ma part j’avais peur de devoir mettre au point une méthode, je ne savais pas trop comment m’y prendre. J’ai proposé qu’on débriefe après chaque film, je ne voulais pas qu’on attende la fin du festival pour se remettre tous les films en mémoire, puisqu’on en voit quand même trois par jour. Tout le monde ne défendait pas les mêmes choses, et en même temps cela s’est fait de façon très démocratique. C’est un grand débat, car c’est ça qui m’intéressait. J’espérais d’une certaine manière qu’on ne soit pas forcément d’accord. Ce sont toujours des points de vue intelligents, et l’occasion de voir des choses qu’on n’avait pas forcément vu jusqu’ici. C’était une expérience très agréable.

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Propos recueillis par Yanne Yager

Le Festival du film de Tokyo subit la guerre diplomatique du Japon avec la Chine

Posté par vincy, le 20 octobre 2012

feng shui wang jing yan bingyanLe 25e Festival de Tokyo, prévu du 20 au 28 octobre 2012, est dans la confusion la plus totale avec l'un de ses films de la compétition.

Feng Shui, de Wang Jing, est-il toujours dans la course aux prix du vénérable festival (et l'un des plus importants d'Asie)? La Chine a décidé de le retirer, unilatéralement, de la sélection, en guise de représailles diplomatiques. Depuis cet été les deux pays sont en litige autour des îles - inhabitées - Senkaku (nom japonais, les Chinois les appelant Diaoyutai). Cette dispute territoriale a déjà amené les Chinois à retirer des livres japonais de la vente en Chine.

Seulement voilà. Le Festival indique dans un communiqué qu'il n'a, pour l'instant, reçu aucune lettre ou notification officielle de la Chine à propos du film. Il est fort probable que le Festival conserve son indépendance artistique en ne tenant pas compte de la volonté chinoise.

Par conséquent, le film est maintenu dans la compétition même si les producteurs (qui dépendent politiquement et financièrement du gouvernement chinois) ont annoncé jeudi que "le gouvernement japonais et les partis d'extrême-droite n'ont pas manifesté une attitude sincère quand aux causes même de ce différend qui a heurté profondément le peuple chinois", confirmant ainsi la volonté de la Chine de ne pas être présente au Festival de Tokyo.

Par le relais de l'agence chinoise Xinhua, un communiqué a été envoyé, affirmant que Feng Shui était retiré de l'événement, qui débute aujourd'hui. L'organisation de la manifestation a également confirmé que l'actrice du film, Yan Bingyan avait annulé sa venue, sans donner une raison particulière.

Sans savoir si lié, le hong-kongais Raymond Chow, certes très vieux (83 ans), fondateur mythique de la Golden Harvest (Bruce Lee, Jackie Chan), a lui aussi annulé sa participation. Il devait recevoir un prix d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. A priori, il invoque plutôt une raison médicale.

Le Festival de Tokyo présentera en compétition le film français Le fils de l'autre, en séances spéciales Les adieux à la Reine, le nouvel Assayas, dans la sélection World Cinéma, mais aussi l'avant-première de Skyfall, le film du Cirque du Soleil, Worlds Away, en ouverture et Une nouvelle chance, avec Clint Eastwood, en clôture. Le jury est présidé par Roger Corman.