L’Etat prend 150 millions d’euros au CNC

Posté par vincy, le 28 septembre 2012, dans Business.

Dans le projet de loi de Finances 2013, le gouvernement a décidé un prélèvement exceptionnel de 150 millions d'euros sur le fond de roulement du Centre National du Cinéma et de l'Image Animée (CNC). Le CNC n'est pas le seul à subir la volonté gouvernementale à améliorer ses comptes publics. Le budget de l'Hadopi et de France Télévisions devraient être fortement réduit. L'INA perdrait 0,5% de son financement et Arte France 0,3%.  Plus globalement, le budget de la mission Culture est en baisse de 4,3% .

Ce prélèvement exceptionnel a été décidé au titre de la "participation des opérateurs de l'Etat à l'effort de redressement des comptes publics" sans remettre "en cause la capacité de soutien du CNC au secteur cinématographique".


Ce n'est pas la première fois que l'Etat se sert dans les caisses du CNC. Flash-back.

La trésorerie du CNC s'élevait en décembre 2011 à 800 millions d'euros (en constante hausse depuis quelques trimestres). Et le budget avait atteint 750 millions d'euros en 2010 puis 2011. Une forte augmentation liée à la hausse de la fréquentation dans les salles mais aussi diverses taxes instaurées depuis 2007. Celle sur Internet a ainsi beaucoup plus rapporté que prévu.

La droite au pouvoir l'an dernier cherchait de l'argent frais pour améliorer les comptes de l'Etat. Le pactole du CNC était tentant. Ce fut alors l'épisode politique de l'amendement 431 durant l'automne 2011 : plafonnement du budget annuel du CNC et des taxes affectées (voir notre actualité du 19 octobre 2011).

Un plafond à 700 millions. L'Etat a certes établit le plafond, mais il en a profité pour le raboter en ponctionnant 50 millions d'euros par rapport au budget du CNC en 2011. Ce budget est évidement utilisé pour financer les oeuvres audiovisuelles et multimédia, la Cinémathèque française, l'école de la Femis, mais aussi la numérisation de l'équipement des salles et la restauration et numérisation des films.

Mais pour les parlementaires de l'UMP, à l'époque, cet argent frais entraînait des dépenses non planifiées. Comme exemple, les parlementaires soulignaient qu'en 2011, il avait été annoncé que le CNC consacrerait 50 millions d'euros à la numérisation de films, un an plus tard on parlait de 150 millions, et finalement le CNC réclamait 500 millions d'euros sur cinq ans pour la numérisation, dont 380 millions pour les films. L'insolente santé du cinéma français conduisait ainsi, selon eux, à un effet pervers dépensier.

Ironiquement, David Kessler, alors directeur des Inrocks et désormais conseilleur en charge de la culture et de l'audiovisuel auprès de François Hollande, et Marc Tessier, tous deux anciens directeurs généraux du CNC, avaient signé une tribune dans Le Monde du 18 octobre où ils écrivaient qu'une "telle mesure nous paraît porteuse de menaces pour l'avenir du Centre et, par voie de conséquence, pour la fiction et le cinéma français" en évoquant la tentation de reverser une partie du budget du CNC "au profit du budget de l'Etat".

Leurs arguments d'hier sont valables aujourd'hui : le cinéma fonctionne par cycle. Rien ne dit que les lendemains seront bons, même si aujourd'hui la fréquentation est bonne. On l'a vu : le marché de la vidéo a chuté, et les nouvelles technologies n'ont pas encore pérennisé de futures ressources.

Reste que ces 150 millions d'euros manqueront bien quelque part dans la chaîne du cinéma.

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