Venise 2012 : Spring Breakers, le bad trip de Harmony Korine

Posté par kristofy, le 5 septembre 2012

En compétition à Venise, Spring Breakers s’annonçait sulfureux avec les "teen-idols" en bikini et James Franco en "gansta" devant la caméra de Harmony Korine : il y allait sûrement y avoir quelque chose de l’ordre de la perversion de l’adolescence... Pourtant Spring Breakers brille comme un sapin de noël auprès duquel on trouve pas le cadeau souhaité.

Les premières minutes :

“Let’s fucking do it!” Le générique s’affiche en rose fluo, c’est la fête sur la plage où l’alcool coule à flot dans la bouche des filles en maillot de bain qui sucent aussi des glaces de manière sexy (comprendre suggestive), beaucoup sont topless, et une paire de seins occupe tout l’écran sur une musique "dubstep"... La séquence d’ouverture ‘sexe drogue et rock n’roll’ montre en quelques minutes ce qu’est la fête durant le spring break, cette cassure où les étudiants américains se lâchent entre l'hiver et la dernière ligne droite avant les examens. Trois étudiantes trainent leur ennui dans la fumette, une autre préfère rejoindre un groupe religieux : elles constatent qu’elles n’ont pas assez d’argent pour partir en vacances. Et si elles faisaient un hold-up ?  Nos héroïnes vont déchanter, et les spectateurs avec.

Un casting all-stars :

“You can change your life, you can change who you are.” Les actrices - Selena Gomez, Vanessa Hudgens et Ashley Benson - sont devenues stars très jeunes. La majorité de leurs fans est mineure, et elles incarnent certaines valeurs familiales made in Disney Channel. Avec ce film, elles apparaissent comme des filles au comportement dépravé , presque tout le temps en petite tenue. C’est la bonne idée aguicheuse de Spring Breakers de les faire jouer ce genre de personnages (auxquelles il faut ajouter Rachel Korine, la compagne du réalisateur).

Face à elle l’acteur caméléon, tombeur de filles et fantasme des gays, James Franco, apparait ici en gangster tatoué, les cheveux tressés et les dents dorées. La musique est assurée à la fois par Skrillex, la révélation du "dubstep" (dont l’influence va jusqu’à Korn et Muse) et Cliff Martinez qui a oeuvré sur la B.O.F. culte de Drive (et plusieurs films de Steven Soderbergh). Le directeur de la photo n’est autre que Benoît Debie (le collaborateur de Fabrice Du Welz et de Gaspard Noé).

Harmony Korine a écrit les scénarios les plus audacieux sur l’adolescence (Kids et Ken Park de Larry Clark) et ses films en tant que réalisateur (Gummo, Julien Donkey-Boy) en ont fait une figure majeure du cinéma américain indépendant. Spring Breakers était donc sur les meilleurs rails.

Un film pas assez abouti ?

“It can’t be the end of the fun.” Le montage est assez clippé avec des contrastes de couleurs "flashy". Ici le réalisateur est loin de son esthétique naturaliste habituelle. Des bouts de scènes sont rattachés à d’autres pour plusieurs séquences en voix-off, les transitions se font plusieurs fois avec le bruit de la détonation d’un pistolet, ce qui accentue une forme de suspens. Le premier tiers du film nous plonge dans une ambiance du type ‘girls gone wild’ où les ‘interdits’ liés à la nudité ou la consommation de drogue sont franchis. Mais un des problèmes de Spring Breakers est qu’il ne contient que le début d’une idée de film (les 4 étudiantes rencontrent un jeune gangster). Ensuite il ne se passe plus grand-chose. Alors, on se rend compte de la signification de ce montage façon clip : les images se succèdent sans scénario solide.

Le meilleur est déjà passé : un hold-up vu de l’intérieur d’une voiture qui tourne à l’extérieur puis ensuite vu de l’intérieur du bâtiment. Le pire est à venir quand James Franco commence au piano une chanson de Britney Spears entouré par les filles qui portent une cagoule rose. Tout est artificiel (même une scène de triolisme dans une piscine, c'est dire). Le cinéaste ne sait plus trop quoi faire de ses personnages (les jumeaux ATL sont oubliés, d’autres s’en vont en bus), ni quoi raconter (la voix-off arrive comme une béquille).

Spring break forever, bitches !

Harmony Korine délaise son univers white-trash pour se perdre dans un film chic et toc. En tout cas, il n’a aucun doute sur le fait que son film va attirer l’attention quand il sortira en salles : « Cette nouvelle génération d’adolescent sont les enfants de la télévision, des jeux-vidéo, de Youtube », clame-t-il, et avec un grand sourire amusé « all Disney’s fans gonna love this shit ! »

Toronto 2012 : 270 avant-premières et une pléiade de stars

Posté par vincy, le 5 septembre 2012

Nous voici à la veille de l'ouverture du plus grand festival de cinéma nord-américain (et l'un des Big Five de la planète). Créé en 1976, le Festival international du film de Toronto, qui ne remet aucun prix hormis ceux du public, s'ouvrira avec un thriller futuriste, Looper, de Rian Johnson, avec Bruce Willis, Joseph Gordon-Levitt, Emily Blunt et Paul Dano.

Directeur artistique du TIFF, Cameron Bailey a décrit la programmation comme étant « l'une des plus internationales et diversifiées ». 72 pays, 270 avant-premières (dont 146 premières mondiales), 289 long métrages projetés, 34 écrans mobilisés : de quoi donner le vertige. Cette année, les conflits internationaux et la vieillesse semblent le fil conducteur du festival.

Certains étaient déjà présents à Venise, comme To the Wonder de Terrence Malick (avec Ben Affleck, Javier Bardem et Rachel McAdams).

Côté Hollywood, on découvrira, entre autres, Argo, avec Ben Affleck, Cloud atlas, avec Tom Hanks, The place beyond the pines, avec Ryan Gosling, Thanks for sahring, avec Gwyneth Paltrow , Thee Company you Keep de et avec Robert Redford ; Jayne Mansfield's Car, de et avec Billy Bob Thornton...

Côté cinéma français, trois inédits internationaux : Foxfire de Laurent Cantet, Dans la maison de François Ozon et Capital de Costa Gavras. Auquel il faut ajouter l'avant-première nord-américaine de De rouille et d’os de Jacques Audiard.

Toronto accueillera de nombreuses avant-premières nord-américaines, qui se positionnent souvent pour les Oscars quand elles ont déjà été présentées à Berlin, Cannes, Locarno ou Venise. Ainsi, on trouve dans la programmation : A Royal Affair de Nikolai Arcel, The Reluctant Fundamentalist de Mira Nair, Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé , At Any Price de Ramin Bahrani, Dormant de Marco Bellocchio, The Hunt de Thomas Vinterberg, No de Pablo Lorrain, Outrage Beyond de Takeshi Kitano, Reality de Matteo Garrone, Bad 25 de Spike Lee, Pieta de Kim Ki-duk...

On note quelques noms connus parmi les avant premières internationales : le film de Deepa Mehta, une adaptation de Midnight children de Salman Rushdie ; le nouveau Mike Newell, adaptation du classique de Dickens, Great Expectations, avec Ralph Fiennes ; le dernier David O. Russell avec Bradley Cooper et Robert De Niro, Silver Linings Playbook ; Penelope Cruz et Emile Hirsh dans un film de Sergio castellitto, Twice Born ; Anna Karenina de Joe Wright, avec Keira Knightley et Jude Law ; L'attaque de Ziad Doueri, avec Gemma Aterton, Sam Riley et Saoirse Ronan ; Caught in the Web, le nouveau Chen Kaige ; The Deep de l'islandais Baltasar Kormakur ; Ginger and Rosa de Sally Potter ; Hannah Arendt de Margarethe von Trotta ; The Last Supper de Lu Chuan ; Quartet premier film de Dustin Hoffman ; ou encore The Sapphires de Wayne Blair.

Zhang Ziyi, Laura Linney, Marisa Tomei, Uma Thurman, Jake Gyllenhaal, Viggo Mortensen, Chris Evans, Annette Bening, Noami Watts, Philip Seymour Hoffman, Helen Hunt, les championnes de tennis Serena et Venus Williams, Jennifer Connelly, Jackie Chan, Colin Firth, James Franco, Johnny Depp sont également attendus sur le tapis rouge de la métropole canadienne.

Le festival se clôturera avec Song For Marion, avec Gemma Aterton, Christopher Eccleston, terence Stamp et Vanessa Redgrave, histoire d'amour d'un retraité aigri pour sa femme qui tombe malade.

The Secret (The Tall Man) : un thriller angoissant mais décevant

Posté par cynthia, le 5 septembre 2012

L'histoire : Le mal s'est abattu sur la petite ville de Cold Rock. Un par un, les enfants disparaissent, aucun indice, aucun témoin. Très vite, les rumeurs les plus folles circulent, une histoire terrible que l'on se raconte à voix basse, celle du Tall Man, un être mystérieux qui emporte les enfants à jamais. Avec cette légende, une terreur grandissante menace d'anéantir ce qui reste de la petite ville. Julia Denning n'a le temps ni pour les légendes ni pour les superstitions. En exerçant de son mieux son métier d'infirmière, elle essaie de préserver un semblant de normalité dans son travail et dans sa vie. Jusqu'à ce que la terreur frappe à sa porte... Réveillée au beau milieu de la nuit, elle se précipite dans la chambre de son petit garçon. Le lit est vide, et elle n'a que le temps d'apercevoir une immense silhouette fantomatique qui disparaît dans la nuit avec son enfant.

Notre avis : Tout commence dans un décor stressant, avec un fond de musique stridente et sinistre. Les séquences vidéos n'adoucissent guère l'atmosphère et renforce le sentiment claustrophobe que l'on ressent dès les premières minutes.
D'emblée, on est dans la peur. La petite ville américaine est bien glauque, la narratrice mystérieuse qui nous conte une légende ferait pâlir Stephen King, des enfants disparaissent sans doute enlevés par le fameux «tall man», ombre gigantesque et fantomatique.

Tout ça à l'air d'être intéressant mais c'est sans compter sur le bon (ou plutôt mauvais) vouloir du réalisateur de Martyrs, Pascal Laugier. On s'attend à avoir des réponses, mais on se pose surtout des questions durant tout le film. Cela donne du punch au film me direz-vous? Bien au contraire, cela transforme ce thriller en petit film familial du dimanche sur une chaîne câblée.

La peur laisse place à l'étonnement, à la découverte et surtout à la déception. Certes, le sujet innove un peu ; mais parfois il vaut mieux s'en tenir au grand classique plutôt que de "se la jouer" original et se vautrer dans sa propre bobine de film. Si vous aimez avoir peur passer votre chemin (un comble). Reste qu'on peut se laisser happer par ce thriller, notamment  grâce à la belle prestation de Jessica Biel, qui sauve presque ce massacre du genre. Démaquillée, pas coiffé et amaigrie, elle nous montre que la potiche de "7 à la maison" est morte et enterrée et qu'elle a bien sa place sur le banc des acteurs en vogue à Hollywood. Parfois, il faut passer par des séries B aux allures de navets pour faire l'ascension vers le sommet.