Appels à la libération du cinéaste Syrien Orwa Nyrabia

Orwa Nyrabia, 34 ans, a été arrêté le 23 août à l'aéroport de Damas, capitale de la Syrie, pays qui subit les ravages d'une guerre civile depuis mars 2011. Emprisonné dans les cellules des Services de renseignements du régime de Bachar El-Assad, qui lutte pour son maintient au pouvoir, le cinéaste n'a plus donné signe de vie depuis. Il devait se rendre au Caire (Egypte). La compagnie EgyptAir assure de son côté qu'il n'a pas embarqué.

Le festival de Cannes, la Cinémathèque française, la SACD, la Scam, la SRF et l’ARP ont signé un appel commun, sous forme de pétition, pour réclamer sa libération. "Orwa Nyribia appartient à la jeune génération de cinéastes et cinéphiles syriens, amoureux du cinéma du monde entier et épris de liberté. Son arrestation nous inquiète et nous indigne. Nous exigeons qu’Orwa Nyrabia soit remis au plus vite en liberté" peut-on lire dans ce texte. 140 cinéastes du monde entier ont signé la pétition qui ajoute : "Tout son travail consiste à bâtir pacifiquement des ponts entre les êtres, considérant l'art, le cinéma, comme un des moyens les plus efficaces pour atteindre ce but."

La direction du festival du film de Toronto (Tiff) a fait savoir hier, jeudi 30 août, qu'elle était "extrêmement préoccupée" par la disparition du cinéaste Orwa Nyrabia. Le communiqué indique que "Nyrabia appartient à la génération émergente de réalisateurs passionnés par le monde du cinéma et par la liberté. Nous sommes extrêmement inquiets d'apprendre son arrestation: les réalisateurs doivent pouvoir s'exprimer au travers de leurs films sans craindre de représailles".

Martin Scorsese a également rédigé une déclaration : "Je suis extrêmement inquiet d’apprendre que le réalisateur et producteur syrien Orwa Nyrabia a été arrêté par le régime syrien, est détenu dans un lieu inconnu et privé de toute communication avec le monde exterieur, y compris sa famille proche. La communauté internationale du cinéma doit rester vigilante, et porter attention à toute injustice perpétrée contre contre nos collègues artistes. Nous devons maintenir la pression pour obtenir la libération immédiate d’Owa Nyrabia".

Nyrabia est directeur du festival de documentaires Dox Box (la 5e édition a été annulée en mars dernier et la femme de Bachar Al-Assad siège dans le comité de son festival) ; il fut aussi membre du jury de plusieurs festivals internationaux. Le cinéaste est également producteur de films documentaires (il a notamment partagé avec son associée Diana Al Jaroudi le Grand Prix du Réseau européen du documentaire.

On l'a aussi vu dans La porte du soleil de Yousri Nasrallah, en 2004, sélectionné au Festival de Cannes, où il tenait le rôle principal.

A priori, il allait en Egypte (pays qui critique publiquement les exactions du régime syrien) à l'invitation du collectif Mosireen pour présenter son dernier film, In the Shadow of a man, qui traite de la révolution égyptienne et du rôle des femmes.

Ses proches s'inquiètent. Généralement, selon Claude Kandiyoti, initiateur du mouvement, les prisonniers donnent des nouvelles au bout de 48h. Les services de renseignement ont effacé toute trace de lui sur les réseaux sociaux. Au journal Le Monde, Kandiyoti, désespéré, confie "Ils veulent qu'il disparaisse complètement ". Sa famille se cache à Damas. Un autre acteur syrien a été arrêté pour avoir aidé des concitoyens dans le besoin (perte de logement, d'emploi dû à la répression). D'autres artistes - Mohammed Omar Ouso, Mina Wasif, l'actrice Yara Sabri ou l'écrivaine Rima Flihan, ont ainsi été enlevés.

Orwa Nyrabia utilisait sa notoriété et ses réseaux proches du pouvoir pour mieux combattre le régime, de manière souvent subversive, à travers ses documentaires. Il avait déjà été interdit de production, bien avant le début de la révolte.

Tags liés à cet article : , , , , , , , , , , , , .

exprimez-vous
Exprimez-vous

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.