Venise 2012 : Sarah Polley (se) raconte son histoire

Posté par kristofy, le 31 août 2012

La belle Sarah Polley est connue comme actrice, révélée par Atom Egoyan, mais aussi reconnue comme une scénariste et réalisatrice à suivre depuis ses films Away from her et Take this waltz. Elle est à Venise, dans le cadre des Venice Days, pour présenter son troisième film, un docu-autofiction intitulé Stories we tell, qui restera certainement son plus personnel : elle y parle d’elle-même et raconte l’histoire de sa famille. Il s’ouvre sur une citation : "quand on est au milieu d’une histoire, il n’y a pas d’histoire. Il y a une histoire quand vous la racontez, à vous-même ou à quelqu’un d’autre". Sarah Polley a plusieurs fois entendu qu’elle ne ressemblait pas vraiment à son père et que son vrai père pourrait être quelqu’un d’autre, alors elle a interrogé plusieurs membres de sa famille… Un discours sur les origines.

L'histoire

Avec Stories we tell, Sarah Polley est à la fois réalisatrice et enquêtrice sur le secret de sa naissance qu’elle découvrira et qui sera révélé à sa famille.... Frères, soeur et père racontent face caméra leurs souvenirs et évoquent surtout la mère décédée il y a plusieurs années. Peu à peu, on se retrouve sur le terrain de l’auto-fiction. Le couple que formaient ses parents quand ils étaient jeunes avant sa naissance se révèle. Le film livre des détails qui appartiennent à la sphère de l’intime, le genre de choses qui semble devoir n’appartenir qu’à la famille, qui ne peut pas être divulgué à un public inconnu (ce qui rappelle L’épine dans le cœur de Michel Gondry). Tout le monde va apprendre qui est le vrai père biologique de Sarah Polley (même celui qui se croyait son papa) et en même temps découvrir une nouvelle facette de la personnalité de sa mère : infidèle à son mari, elle est tombée enceinte à 42 ans sans le désirer, elle a fait croire à son mari que le bébé était le sien et a failli avorter. Et Sarah est née… C'est aussi ambigu que troublant.

Un film ambigu et hybride

Stories we tell tire sa force de sa narration : nous oublions, de manière progressive, qu’il s’agit des Polley pour raconter l’histoire d’une famille qui interpelle tout le monde. Le documentaire devient alors presque fiction. Un film. Sarah Polley fait évoluer son récit avec un montage des différentes versions de l'histoire, selon l'interlocuteur, incluant des images d’archives familiales en vidéo super 8 : on découvrira ensuite qu'une grande partie de celles-ci est filmée avec des acteurs. Reproduction des faits pour comprendre une histoire de reproduction humaine. Le film est finalement une auscultation des strates généalogiques, avec différents degrés de lecture, illustrés, à chaque fois, de manière singulière.

Stories we tell se révèle alors comme un objet de cinéma passionnant, défiant les codes et s'interrogeant sur le format documentaire et ses subterfuges. La vérité éclate-t-elle du réel ou de l'imaginaire?

Après la projection, la réalisatrice a confié : « J’ai été privilégiée de pourvoir réaliser Stories we tell avec le soutien du National Film Board du Canada pour ce projet, car je n’avais pas vraiment idée de ce que allait être ce film avant d’être en train de le faire. J’ai été entourée d’une équipe précieuse qui m’a soutenue dans des moments où je ne voulais pas aller jusqu’au bout. J’avais des centaines d’heures d’image et le montage s’est fait au fur et à mesure. Le film a pris forme. Le documentaire c’était un territoire nouveau pour moi par rapport à mes précédentes réalisations. J’ai réalisé que mes autres films étaient en quelque sorte des ombres de celui-ci, du coup je me demande vraiment comment sera mon prochain film…»

Venise 2012 : Kad Merad, la célébrité, les réseaux sociaux et les messages sur le répondeur

Posté par kristofy, le 31 août 2012

A Venise, Xavier Giannoli s’est montré le plus beau parleur en conférence de presse, n’hésitant pas face aux journalistes à évoquer les forces aliénantes que provoque le carnage culturel des médias…  «On nous impose le spectaculaire, l'effet d'annonce. Pendant que je travaillais sur ce film Superstar il y a eu l'affaire DSK où on voyait à la télévision des journalistes en direct lire les rumeurs sur Twitter, est-ce que le journalisme c'est devenu ça ? On ne fait jamais autant partie du spectacle que quand on critique le spectacle.» Son film Superstar, en compétition au 69e Festival international du film de Venise, est à l’affiche depuis ce mercredi en France.

Kad Merad avoue qu'il est « fasciné par les réseaux sociaux. » « Je me suis créé une page Facebook, mais je ne communique pas avec, je ne fais que regarder, je suis un voyeur. Tweeter, c'est encore pire » révèle l'acteur.  Mais il se souvient : « J'ai encore le souvenir de l'époque où on rentrait chez soi le soir et on avait 15 messages sur son répondeur, c'est pas si vieux, vous savez! »

La star, pas anonyme, c'était bien Kad Merad à Venise : «J'ai connu Xavier Giannoli il y a 17 ans environ, il m'avait proposé de tourner dans un court-métrage (Dialogue au sommet), j'étais vraiment un débutant et je me suis senti acteur un peu grâce à lui, j'avais seulement quatre ou cinq phrases à dire mais déjà il y avait de sa part une recherche de vérité. Etre maintenant dirigé par lui, c'est un grand plaisir, j'ai encore plus d'admiration pour lui.» « Ce personnage est très différent de ce que je suis. Je suis dans la vie réelle. Evidemment, je fais un métier extraordinaire, mais pour moi la célébrité est intégrée », explique-t-il. Bien sûr, elle fait tourner la tête cette célébrité. Merad qui avoue être fan de James Stewart affirme qu'il n'est pas fasciné par la notriété. Il préfère être Monsieur Tout le Monde.

On en oublierait presque que l'actrice Cécile de France, qui a tourné avec les Dardenne, Klapisch et Eastwood, fait partie du casting. Elle rend hommage à Giannoli qui l'a engagée pour la deuxième fois, six ans après Quand j'étais chanteur : «On est très heureux sur son plateau, la technique est au service du jeu, il aime inventer et chercher avec les acteurs, il y a une exigence mais c'est une forme de respect, c'est un grand cinéphile et on apprend beaucoup de choses

Dinard 2012 : Astérix et James Bond au menu de la 23e édition

Posté par vincy, le 31 août 2012

Le Festival du Film Britannique de Dinard célèbre sa 23e édition du festival du 3 au 7 octobre. 6 films en compétition, 14 avant-premières et James Bond en guest-star au menu. Et Astérix. Edition mythologique puisque l'avant-première d'Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté de Laurent Tirard, en présence de Valérie Lemercier et Guillaume Gallienne, se fera logiquement à deux pas du village gaulois avec un film qui met les Anglais en vedette.

Cette année, le jury sera présidé par Patrick Bruel. Le casino Lucien Barrière de Dinard peut déjà réserver ses tables de poker. Il sera entouré de la réalisatrice Gurinder Chadha (Joue-la comme Beckham), du producteur Cyril Colbeau-Justin (Cloclo), de la réalisatrice Catherine Corsini (Partir), de la réalisatrice et productrice de télévision Josée Dayan , des comédiens britanniques Stephen Dillane (The Hours), Celia Imrie (Indian Palace) et Raza Jaffrey (The Cape), de la réalisatrice et actrice Maria de Medeiros (Pulp Fiction) et la dessinatrice, auteure et réalisatrice Marjane Satrapi (Poulet aux prunes, Persépolis). Un dernier membre du jury reste à être confirmé.

Nouveauté cette année, Dinard crée une section télévision avec une nouvelle section non compétitive, "UK-TV".

Et puis les hommages pleuvront sur la Bretagne : un Focus sur l'acteur Tom Courtenay (La solitude du coureur de fond, Docteur Jivago) ; une rétrospective "Dickens au cinéma" à l’occasion du bicentenaire de sa naissance (Les grandes espérances, Oliver Twist (de Lean comme de Polanski), Oliver !, le documentaire Dickens on Film et un programme de trois courts métrages) ; un hommage à John Schlesinger (A Kind of Loving, Billy Liar, Darling). Deux chefs d'oeuvres restaurés seront à redécouvrir : The Lodger, film muet d'Alfred Hitchcock et Tell Me Lies de Peter Brook. Et puis surtout, 007.

Le Festival fêtera en effet les 50 ans de James Bond au cinéma. En avant-première mondiale, Everything or Nothing: The Untold Story of 007 de Stevan Riley, documentaire autour des batailles et des enjeux autour des producteurs et de l'auteur, Ian Fleming, sera projeté en avant-première le 5 octobre, 50 ans jour pour jour après la première projection de James Bond contre Dr No. Une séance J’écoute le cinéma sera dédiée à l'espion de sa majesté. Et quelques films de la franchise seront projetés. Le prochain James Bond, Skyfall sera dans les salles le 26 octobre.

Côté compétition, six films coucourront pour le Hitchcock d'or. Il en reste un à sélectionner.

The Comedian de Tom Shkolnik ; Good Vibrations de Lisa Barros D’Sa & Glenn Leyburn ; Ill Manors de Ben Drew ; Live East, Die Young de Laura Hypponen et Shadow Dancer de James Marsh (avec Clive Owen), déjà présenté à Sundance et Berlin.

Par ailleurs, quatorze avant-premières sont annoncées :
- Berberian Sound Studio de Peter Strickland
- Borrowed Time de Jules Bishop
- Dead but Not Buried de Phil Mulloy
- Four Horsemen de Ross Ashcroft
- Hitch de Stéphane Boulan et Alain Riou
- Hunky Dory de Marc Evans
- I, Anna de Barnaby Southcombe
- Life in a Day de Kevin Macdonald
- Louyre de Andrew Kötting
- Me and Me Dad de Katrine Boorman
- Now is Good de Ol Parker
- Papadopoulos and Sons de Marcus Markou
- The Scapegoat de Charles Sturridge
- Sightseers de Ben Wheatley

Enfin le Festival continue ses autres activités : L’atelier de scénario franco-britannique ; La compétition NFTS / FEMIS ; une exposition de photographies de Kate Barry à Ze Art Galerie ; une Table ronde : « Du scénario à la salle de cinéma : l’aventure d’un film » ; et un Ciné-concert NEIRDA & Z3RO autour du Prisonnier.

Appels à la libération du cinéaste Syrien Orwa Nyrabia

Posté par vincy, le 31 août 2012

Orwa Nyrabia, 34 ans, a été arrêté le 23 août à l'aéroport de Damas, capitale de la Syrie, pays qui subit les ravages d'une guerre civile depuis mars 2011. Emprisonné dans les cellules des Services de renseignements du régime de Bachar El-Assad, qui lutte pour son maintient au pouvoir, le cinéaste n'a plus donné signe de vie depuis. Il devait se rendre au Caire (Egypte). La compagnie EgyptAir assure de son côté qu'il n'a pas embarqué.

Le festival de Cannes, la Cinémathèque française, la SACD, la Scam, la SRF et l’ARP ont signé un appel commun, sous forme de pétition, pour réclamer sa libération. "Orwa Nyribia appartient à la jeune génération de cinéastes et cinéphiles syriens, amoureux du cinéma du monde entier et épris de liberté. Son arrestation nous inquiète et nous indigne. Nous exigeons qu’Orwa Nyrabia soit remis au plus vite en liberté" peut-on lire dans ce texte. 140 cinéastes du monde entier ont signé la pétition qui ajoute : "Tout son travail consiste à bâtir pacifiquement des ponts entre les êtres, considérant l'art, le cinéma, comme un des moyens les plus efficaces pour atteindre ce but."

La direction du festival du film de Toronto (Tiff) a fait savoir hier, jeudi 30 août, qu'elle était "extrêmement préoccupée" par la disparition du cinéaste Orwa Nyrabia. Le communiqué indique que "Nyrabia appartient à la génération émergente de réalisateurs passionnés par le monde du cinéma et par la liberté. Nous sommes extrêmement inquiets d'apprendre son arrestation: les réalisateurs doivent pouvoir s'exprimer au travers de leurs films sans craindre de représailles".

Martin Scorsese a également rédigé une déclaration : "Je suis extrêmement inquiet d’apprendre que le réalisateur et producteur syrien Orwa Nyrabia a été arrêté par le régime syrien, est détenu dans un lieu inconnu et privé de toute communication avec le monde exterieur, y compris sa famille proche. La communauté internationale du cinéma doit rester vigilante, et porter attention à toute injustice perpétrée contre contre nos collègues artistes. Nous devons maintenir la pression pour obtenir la libération immédiate d’Owa Nyrabia".

Nyrabia est directeur du festival de documentaires Dox Box (la 5e édition a été annulée en mars dernier et la femme de Bachar Al-Assad siège dans le comité de son festival) ; il fut aussi membre du jury de plusieurs festivals internationaux. Le cinéaste est également producteur de films documentaires (il a notamment partagé avec son associée Diana Al Jaroudi le Grand Prix du Réseau européen du documentaire.

On l'a aussi vu dans La porte du soleil de Yousri Nasrallah, en 2004, sélectionné au Festival de Cannes, où il tenait le rôle principal.

A priori, il allait en Egypte (pays qui critique publiquement les exactions du régime syrien) à l'invitation du collectif Mosireen pour présenter son dernier film, In the Shadow of a man, qui traite de la révolution égyptienne et du rôle des femmes.

Ses proches s'inquiètent. Généralement, selon Claude Kandiyoti, initiateur du mouvement, les prisonniers donnent des nouvelles au bout de 48h. Les services de renseignement ont effacé toute trace de lui sur les réseaux sociaux. Au journal Le Monde, Kandiyoti, désespéré, confie "Ils veulent qu'il disparaisse complètement ". Sa famille se cache à Damas. Un autre acteur syrien a été arrêté pour avoir aidé des concitoyens dans le besoin (perte de logement, d'emploi dû à la répression). D'autres artistes - Mohammed Omar Ouso, Mina Wasif, l'actrice Yara Sabri ou l'écrivaine Rima Flihan, ont ainsi été enlevés.

Orwa Nyrabia utilisait sa notoriété et ses réseaux proches du pouvoir pour mieux combattre le régime, de manière souvent subversive, à travers ses documentaires. Il avait déjà été interdit de production, bien avant le début de la révolte.