Mohamed Malas, Rithy Panh, Yuan Chan Song, Najwa Najar, Rashid Masharawi parmi les premiers lauréats des aides aux cinémas du monde

Posté par vincy, le 14 août 2012

Le CNC et l'Institut français ont révélé les premiers lauréats des aides aux cinémas du monde (voir notre actualité du 24 février). "Tous ont en commun de défendre une vision engagée, originale et sans concession du cinéma, promenant leurs regards à la fois crus et sensibles sur des réalités historiques, politiques et sociales intimement ressenties, parfois au péril de leur propres vies" explique le communiqué qui, salue "le courage et l’engagement récompensés".

Les réalisateurs Mohamed Malas (Syrie, Les rêves de la ville), Rithy Panh (Cambodge, Barrage contre le Pacifique), Yuan Chan Song (Chine), Najwa Najjar (Territoires palestiniens, Grenades et Myrrhe) ou encore Rashid Masharawi (Territoires palestiniens, L'Anniversaire de Leila) figurent dans cette première liste.

Au total, ce sont 14 longs-métrages dont deux documentaires qui ont été choisis. Des cinéastes issus de douze pays différents seront ainsi soutenus par ce dispositif d'aides français au titre de l’aide avant réalisation.

Le communiqué précise que "les aides proposées par le comité de chiffrage, tenu le 25 juillet, s’échelonnent selon les projets entre 60 000 et 150000 euros, pour un montant moyen de 100 000 euros et un engagement total de 1,4 millions d’euros, dès la première session."

La Commission des aides aux cinémas du monde est composée de personnalités étrangères et françaises. Elle s'est réunie pour la première fois les 23 et 24 juillet dernier sous la présidence de la productrice tunisienne Dora Bouchoucha, avec le concours notamment de deux vice-présidents, le réalisateur, scénariste et producteur argentin Santiago Amigorena et Georges Goldenstern, directeur de la Cinéfondation, atelier rattaché au Festival de Cannes.

Madame Solario va illuminer les Toiles du Sud

Posté par vincy, le 14 août 2012

A quelques jours de la clôture du Festival du Rocher de Cotignac, Les Toiles du Sud, René Ferret, producteur, réalisateur et distributeur, invité de la manifestation, va présenter Madame Solario, qui sera dans les salles le 22 août prochain.

Les Toiles du Sud séduisent chaque année plus de 2300 spectateurs depuis 2007. Cette année, les festivaliers ont pu découvrir en avant-première The Dark Knight Rises et Rebelles, redécouvrir La nuit du Chasseur ou Le Schpountz. La manifestation s'achève avec deux avant-premières de films d'auteurs. Monsieur Lazhar en clôture, film sensible et juste sur les déboires d'un enseignant immigré qu Québec. Et Madame Solario ce mardi 14 août, en présence du réalisateur René Ferret et de l'acteur Cyril Descourts.

Madame Solario est l'adaptation du roman culte de Gladys Huntington. "Une femme ayant voulu l’anonymat mais aussi tentée par la célébrité. Une femme à laquelle les lauriers amers de la consécration littéraire ont été refusés au dernier moment, et qui décidera alors de ne plus vivre" écrivait Libération il y a trois ans.

Le film se déroule sur les bords du Lac de Côme en septembre 1906. Des aristocrates en villégiature se retrouvent dans un hôtel de luxe et vont devoir accueillir dans leur petite communauté, Natalia, Madame Solario. Jeune et belle mais néanmoins ruinée et divorcée, elle va être surprise par l’arrivée à l’improviste de son frère, Eugène Ardent, qu’elle n’a pas vu depuis des années. Le frère et la sœur ne tardent pas à prendre conscience de l’ascendant qu’ils provoquent sur les personnages fortunés de ce petit monde. Ils tentent alors d’en séduire certains avec l’objectif d’asseoir leur situation. Mais leur lourd passé les rattrape et crée le scandale...

Nous avons posé quelques question au réalisateur, avant l'avant-première de son film,. René Ferret

Ecran Noir : Madame Solario évoque l'inceste mais aussi la gémellité. Pourquoi ce sujet vous intéresse-t-il?
René Ferret : Je suis intéressé par ce thème en littérature depuis des années. Je pense à "L'Elu de Thomas Mann", à  "Dommage qu'elle soit une putain", à "Anna Soror" de Yourcenar. C'est d'ailleurs les notes de Yourcenar qui m'ont alerté sur "Madame Solario". J'ai lu le roman il y a deux ans et j'ai soudain décidé de faire le film. Ce qui me plaît ici, c'est d'inscrire cette histoire dans une époque et un milieu déterminé.

Ecran Noir : Assez rare au cinéma, le sujet est toujours tabou dans la société… Est-ce davantage la marginalité de cette forme de couple ou ou contraire l'amour du/en secret qui peut être le moteur de cette envie de traiter ce sujet?
René Ferret : Ce n'est pas une histoire d'amour idéale, ce n'est pas une fuite vers un amour fusionnel et extraordinaire. On a affaire à deux êtres traumatisés, l'une séduite par son beau-père à l'âge de 16 ans, l'autre écarté à jamais à cause de la tentative d'assassinat sur son beau-père. Le frère et la soeur se retrouvent après des années, et sous l'initiative du frère, tentent de séduire les riches aristocrates du lac de Côme mais leur fuite en avant, les porte l'un vers l'autre dans un amour interdit, qui leur arrive comme à leur insu.

Ecran Noir : Comment avez-vous adapté le roman de Gladys Huntington? Avez-vous été obligé de le trahir?
René Ferret : J'ai beaucoup allégé le roman. Mais je ne l'ai pas trahi. J'ai repris tous les personnages. J'ai respecté les circonstances. J'ai seulement rajeuni Madame Solario, remplaçant sa beauté fatale en  jeunesse traumatisée.

Ecran Noir : Avez vous connu des difficultés pour financer le film? Je crois que vous n'avez pas été soutenu par une chaîne de télévision hertzienne? Cela signifie-t-il qu'un certain cinéma n'est pas "acceptable" en France dans ce système?
René Ferret : J'ai eu la chance quand même de renouer avec avec un pré-achat de Canal Plus, ce qui a été déterminant pour le film. La région Ile-de-France m'a aidé également pour un troisième film consécutif. Les chaînes hertziennes de télévision sont bien plus difficiles à obtenir pour un cinéma moins inscrit dans les conventions ou les genres.

Ecran Noir : A propos des comédiens, quels ont été vos critères de sélection?
René Ferret : Je choisis surtout mes comédiens en fonction des rôles à pourvoir. J'aime les acteurs modestes et habités qui savent s'inscrire dans un projet et qui n'imposent ni leur nom ni leur soi-disant savoir-faire. Il n'y a pas de recette pour le jeu. A chaque fois, l'acteur doit entrer dans un univers particulier dont seul le réalisateur à la clé. Si l'acteur saisit cette clé, qu'il la fait sienne, il peut exceller. J'ai finalement choisi ma fille Marie pour le rôle de Madame Solario et Cyril Descours (qui sera là à Cotignac) pour le rôle du frère. J'ai mis assez longtemps à choisir l'une et à trouver l'un mais ils ont tous les deux accepté de rentrer dans le jeu. Salomé Stévenin s'est amusée elle aussi à accepter un rôle qui n'était pas forcément évident pour elle au départ.

Ecran Noir : Quelle importance peut avoir une présentation dans un Festival ouvert au public?
René Ferret : C'est toujours touchant et significatif (et un peu angoissant) de présenter le film devant un public pour la quasi première fois. Je suis content que ça tombe sur Cotignac qui va bien faire ressortir l'atmosphère particulière du lac de Côme.