L’instant Court : Adam Yauch (1964-2012)

Posté par kristofy, le 12 mai 2012

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Star Wars Cantina réalisé par Nima Nourizadeh, voici l’instant Court n° 78.

Adam “MCA” Yauch est mort le 4 mai à l’âge de 47 ans, des suites d’un cancer de la gorge déclaré depuis 2009. MCA était son surnom au sein du groupe Beastie Boys. Le rap autant festif qu’énergique du trio a su gagner de nombreux fans, surtout avec leur disque ‘Ill Communication’ en 1994, et récemment le groupe était revenu sur le devant de la scène en 2011 avec l’album ‘Hot Sauce Committee Part Two’. Pour son lancement, Adam Yauch avait réalisé le court-métrage Fight for Your Right: Revisited (clip de 30 minutes) qui a réuni quantités d’acteurs : Elijah Wood, Seth Rogen, Danny McBride, Susan Sarandon, Stanley Tucci, Laura Dern, Chloë Sevigny, Kirsten Dunst, Orlando Bloom, Will Ferrell, John C. Reilly, Jack Black…

Si Adam “MCA” Yauch est très connu pour sa musique au sein des Beastie Boys, il faut rendre hommage à l’amoureux du cinéma qu’il était.

Adam Yauch est le fondateur de la société Oscilloscope Laboratories, dont la principale activité est d’acheter et de distribuer des films aux Etats-Unis. Il s’est intéressé particulièrement aux films indépendants, aux documentaires, et à des titres considérés comme sans potentiel commercial. La majorité des films distribués par Oscilloscope Laboratories n’auraient d’ailleurs jamais été vus par les spectateurs américains sans la volonté de Adam Yauch. Oscilloscope Laboratories a été le distributeur de films tels que We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay, Meek’s Cutoff de Kelly Reichardt, Kisses de Lance Daly, Exit through the gift shop de Banksy, Bellflower de Evan Glodell, mais aussi des films français comme L’épine dans le cœur de Michel Gondry ou Happy Few de Antony Cordier (sorti sous le titre Four lovers).

Voici donc la bande-annonce du film Gunnin’ for that #1 spot, un documentaire produit et réalisé par Adam Yauch. On y voit en particulier huit jeunes joueurs de basket qui montrent qu’ils peuvent passer professionnels, et aussi le fameux terrain de basket Rucker Park de Harlem où de nouveaux joueurs se faisaient une réputation. Comme le chantait Adam “MCA” Yauch, ch-check it out wha-what it’s all about.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Gunnin’ for that #1 spot.

Cannes 2012 : coup de gueule au féminin pluriel de Fanny Cottençon, Virginie Despentes et Coline Serreau

Posté par vincy, le 12 mai 2012

Il faut bien un début de polémique. Aujourd'hui, dans Le Monde, une comédienne, une réalisatrice et écrivaine et une cinéaste signent une tribune intitulée "À Cannes, les femmes montrent leurs bobines, les hommes leurs films". Fanny Cottençon, Virginie Despentes et Coline Serreau interpellent le plus grand festival du monde. Alors que l'égalité homme-femme est plébiscitée par les Français (et promise par le nouveau Président élu), ces trois artistes se plaignent de l'absence de réalisatrices dans la Compétition : "Les vingt-deux films de la sélection officielle ont été réalisés, heureux hasard, par vingt-deux hommes. Le Festival couronnera donc pour la 63e fois l'un d'entre eux, défendant ainsi sans faillir les valeurs viriles qui font la noblesse du septième art" ironisent-elles.

De fait Cannes - mais c'est aussi le cas de Berlin (1 en 2012) et dans une moindre mesure de Venise (5 en 2011) -  n'a jamais fait une grande place aux femmes dans la Compétition. Une seule Palme en 65 éditions (Jane Campion, La leçon de Piano, 1993, en photo) et l'an dernier, un "record" battu avec 4 réalisatrices en lice pour la Palme. Cette année, zéro (il y en a quelques unes dans les autres sélections). Berlin et Venise ont un palmarès très légèrement plus flatteur avec, pour chacun des deux festivals, 4 femmes ayant obtenu l'Ours d'or et Le Lion d'or.

"Messieurs, vous avez retrouvé vos esprits et nous nous en réjouissons. Le Festival de Cannes 2012 permet à Wes, Jacques, Leos, David, Lee, Andrew, Matteo, Michael, John, Hong, Im, Abbas, Ken, Sergei, Cristian, Yousry, Jeff, Alain, Carlos, Walter, Ulrich, Thomas de montrer une fois de plus que " les hommes aiment la profondeur chez les femmes, mais seulement dans leur décolleté" se moquent les trois signataires.

Mais elles sont plus virulentes : "Cette sélection exemplaire est un signe fort envoyé à la profession, et au public du monde entier. Car qui mieux que le plus prestigieux festival de cinéma au monde, pour être le porte-voix de cet immuable message. Avec une grande lucidité sur son rôle primordial, vous avez su empêcher toute velléité féminine de briguer une quelconque place dans ce milieu si bien gardé. Surtout, ne pas laisser penser aux jeunes filles qu'elles pourraient avoir un jour l'outrecuidance de réaliser des films et de gravir les marches du Palais autrement qu'au bras d'un prince charmant."

Potiches

Elles reprochent au Festival de Cannes de n'utiliser les femmes que comme potiches : "Ne suffit-il pas qu'elles puissent rêver d'être un jour " la " maîtresse de cérémonie de la soirée d'ouverture du Festival ! Bérénice Bejo en 2012, Mélanie Laurent en 2011, Kristin Scott Thomas en 2010. Les femmes sont de parfaites hôtesses, que l'on rendra heureuses d'un simple, " T'as de beaux yeux, tu sais ", ou autres compliments bien tournés. Des icônes troublantes aussi que vous savez laisser à leur juste place : en vitrine et sur papier glacé. Les affiches du Festival en témoignent : cette année c'est Marilyn Monroe qu'on célèbre, en 2011 Juliette Binoche, en 2009 Monica Vitti, et en 1989 une Marianne de la République incarnait le prestigieux Festival." "Elles sont célébrées pour leurs qualités essentielles : beauté, grâce, légèreté... Evitons-leur les affres de la direction d'une équipe de tournage, épargnons-leur la pénible confrontation avec les contraintes techniques d'un plateau. Qu'iraient-elles s'ennuyer dans le comité d'organisation où se prennent les décisions importantes et qui, pour preuve, n'a connu depuis sa création que des présidents ? Gardons aux hommes la lourde charge de ces fonctions rébarbative. Aux femmes les bobines à coudre, aux hommes celles des frères Lumière !" écrivent-elles avec grincement.

Au moins, reconnaissons au Festival, cette année, d'avoir respecter la parité dans le jury. La première Préisdente de jury fut choisie en 1965 (Olivia de Havilland). Au total, dix comédiennes ont présidé le jury cannois. Par comparaison, Venise n'a décerné ce poste que 4 fois (depuis 1987!). Mais Berlin semble imbattable avec 20 présidentes du jury depuis 1963!!!

Avec un peu de chance, nous verrons peut-être une femme monter les marches officiellement : la future Ministre de la Culture, dont le nom devrait être connu juste avant l'ouverture du Festival, mercredi.