Cannes 2012 : un Carrosse d’or pour Nuri Bilge Ceylan

Posté par vincy, le 10 avril 2012

Jeudi 17 mai, à Cannes, Nuri Bilge Ceylan recevra le prestigieux Carrosse d'or de la Quinzaine des réalisateurs. Ce prix est décerné à un cinéaste reconnu "pour les qualités novatrices de ses films, pour son audace et son intransigeance dans la mise en scène et la production". Il est remis par les réalisateurs de la SRF.

C'est donc un habitué de la Croisette et de ses prix à qui revient cet honneur. Sans vouloir entacher cette récompense méritée, cela produit malgré toute un effet pervers : voir les mêmes têtes à Cannes, y compris lorsque ces personnalités n'ont pas de films à présenter.

L'an dernier, Ceylan a reçu le Grand prix du jury avec Il était une fois en Anatolie, qui s'ajoutait au prix de la mise en scène (Les trois singes, 2008), au prix de la critique internationale (Les climats, 2006) et au Grand prix du jury et prix du meilleur acteur (Uzak, 2002). Par ailleurs, il avait été membre du jury en 2009.

Les réalisateurs de la SRF remettent ce prix depuis 2002. Se sont succédés : Jacques Rozier, Clint Eastwood, Nanni Moretti, Ousmane Sembene, David Cronenberg, Alain Cavalier, Jim Jarmusch, Naomi Kawase, Agnès Varda, et en 2011, Jafar Panahi.

Récemment, Nuri Bilge Ceylan a donné une Master Class au dernier festival de Berlin.

Un fait divers tragique ruine le buzz de la prochaine comédie avec Ben Stiller

Posté par vincy, le 10 avril 2012

Aux USA, c'est l'un des scandales de ce début d'année en pleine année électorale : le meurtre de Trayvon Martin, lycéen de 17 ans, afro-américain, soulève de telles polémiques que plusieurs marches de protestation ont lieu régulièrement dans la ville de Sanford, en Floride, pas très loin de Walt Disney World. L'enfer pas loin du monde magique (et factice).

D'un côté, la National association for the advancement of coloured people), organisation historique de défense des Noirs américain, dénonce une justice à deux vitesses : "Tout le monde se dit : si George Zimmerman avait été noir et Trayvon Martin blanc, le meurtrier aurait été arrêté immédiatement et personne n’en aurait jamais entendu parler." Ce n'est évidemment pas la première fois qu'un tel fait divers tragique sur fond de racisme a lieu aux USA. Mais il est symbolique d'une Amérique désaxée.

De l'autre un meurtrier en liberté. George Zimmerman, agent de surveillance autoproclamé, ne niant pas le meurtre, qui se promenait en toute impunité jusqu'à la diffusion d'une vidéo accusatrice sur Youtube. La justice a alors, enfin, décidé de s'en mêler. Une nouvelle procureure est nommée depuis le 22 mars et a annoncé qu'elle déciderait seule, sans l'appui d'un jury populaire, de l'arrestation, ou pas, du présumé coupable. Ce n'est pas si courant : dès que le meurtrier est blanc et proche de la police, il y a une sorte d'immunité tacite.

Le jeune Trayvon Martin revenait chez lui avec une canette de thé glacé et des bonbons. L'agent de surveillance avait justifié son acte en prétendant avoir reçu des coups : la vidéo policière démontre le contraire. Le phénomène s'embrase médiatiquement : les télés nationales sont en boucle sur le sujet...

Bref une vague d'émotion submerge le pays.

Et manque de chance la 20th Century Fox sort le teaser de Neighborhood Watch (Voisins du troisième type en français) à ce moment là, juste à temps pour les Oscars, la semaine du meurtre. A priori aucun rapport entre quatre citoyens lambdas qui sauvent leur quartier résidentiel (et le monde entier avec) d'une invasion d'extra-terrestres. Ben Stiller, Vince Vaughn, Jonah Hill et Richard Ayoade s'y improvisent agents de surveillance (d'où le titre) : c'est une comédie, rappelons-le, plus proche de Ghostbusters que d'un film avec Jason Statham ou même du récent Cowboys & envahisseurs.

Mais le teaser fait scandale. Sur fond de musique rap, les quatre olibrius circulent en voiture et l'un d'entre eux simule avec sa main le geste d'un révolver qui tire une balle sur un voisin. Le rapprochement avec l'affaire Trayvor Martin est immédiat pour les Américains. Le studio défend d'abord le film : la séquence n'aurait même pas été retenue dans le montage final. Mais trop tard : même si la Fox a retiré la bande annonce, elle est toujours visible sur Internet. Le studio a été contraint de s'excuser auprès des personnes choquées et a rappelé que "le film est une comédie sur une invasion d'extraterrestres et n'a absolument aucun lien avec les événements tragiques qui se sont produits en Floride."

Le mal est fait. Le film, qui a attendu plusieurs années avant de pouvoir être produit, et qui a coûté hors frais de marketing 50 millions de $ est prévu dans les salles cet été (le 8 août en France). Mais la Fox envisage déjà de décaler sa sortie, le temps que tout se tasse.

D'ici là, 20th Century Fox promet une nouvelle bande annonce centrée sur les aliens. Reste la décision ou pas de reporter la sortie du film aux USA. Pour la Fox, il n'y a pas péril : cet été, entre Prométheus et Journal d'un dégonflé, le studio sortira L'âge de glace 4 et Abraham Lincoln chasseur de vampire. Son programme des fêtes est, en revanche, assez faible avec une comédie pour seniors et l'oscarisable Life of Pi d'Ang Lee.