L’instant vintage : Charley Bowers, le technicien du burlesque

Posté par Benjamin, le 18 mars 2012, dans Courts métrages, L'instant vintage, Personnalités, célébrités, stars.

Voilà un artiste du cinéma burlesque qui fut ramené à la vie grâce aux cinémathèques (celle de Toulouse dans les années 50), grâce aux festivals, au DVD de Lobster Films, à tous ces restaurateurs, amoureux des premiers films qui s’émerveillent devant ces petites pépites retrouvées presque par hasard.

Au départ, il n’y a qu’un nom « Bricolo » (son nom de scène en France), qui ne dit pas grand-chose à personne. Puis, en communiquant avec la Cinémathèque de Québec, un nom s’ajoute, celui de l’artiste : Charley Bowers. La cinémathèque de Québec connaît sa carrière d’animateur, celle de Toulouse celle d’acteur burlesque. Le tableau de la vie professionnelle de Bowers semble se compléter de plus en plus et livrer ses étonnants secrets.

Charley Bowers (1889-1946) n’a fait que peu de films (une douzaine de courts métrages, muets et parlants) mais plus de deux cents films d’animation en noir et blanc, très rudimentaires, sans scénario, simplement des enchaînements de gags. Car il est l'undes pionniers du dessin animé, adaptant des BD populaires du début du XXe siècle. Côté cinéma, il ressemble quelque peu à Buster Keaton dont il s’inscrit dans la même lignée. Buster Keaton et Charley Bowers sont des techniciens de l’image là où Chaplin était celui de l'émoition. Pour le premier, la machine n’est autre que son corps. Son corps aux compétences athlétiques qu’il soumet à de rudes épreuves. Pour Charley Bowers, c’est l’image même, c’est la technique cinématographique qui est source de gags et non une situation ou un évènement particulier. Il est davantage un héritier de Méliès, tout en étant un grand admirateur du surréaliste André Breton.

Les histoires des films de Bowers ne sont toujours que des prétextes à ses inventions : (il aura l’argent de son oncle décédé à la seule condition que son invention marche, ou bien il ne pourra épouser sa dulcinée que s’il se montre capable de quelque chose de génial. Car Bowers incarne un marginal, un inventeur incompris. Vivant en marge de la société, il ne se lève et ne respire que pour créer des inventions dans lesquelles il est le seul à croire. Cependant, tout ce qu’il veut, c’est rendre l’existence de chacun plus facile et ses inventions ont toutes pour but de faciliter les gestes du quotidien. Il veut par exemple créer une machine qui fait pousser n’importe quels légumes en quelques secondes tandis qu’une autre doit rendre les œufs incassables.

La Nature est d’ailleurs toujours au cœur de son œuvre, une Nature dont il cherche toujours à tirer profit. Les machines, d’un autre côté, sont des êtres vivants à part entière et elles ne font qu’un avec la Nature, comme si dans le futur, les deux étaient destinés à s’accorder, avec l’Homme au milieu. il n’est pas alors anormal de voir dans ses films dans œufs éclore et donner naissance à des voitures ! Dans un autre court métrage, un oiseau avale du fer. Et c’est les yeux écarquillés que l’on regarde ses voitures « naître » et ses objets de métal être mangés par cet oiseau animé.

Bowers est un vrai technicien du cinéma. Il ne joue pas sur l’image (pas de surimpressions ou autre) mais donne vit aux objets. Il se fait le chef d’orchestre et le mécanicien de tout ce cirque d'illusions.

Même 80 ans plus tard, les effets spéciaux de ses films sont toujours saisissants et Charley Bowers, bien qu’il demeure loin derrière les Chaplin, Keaton et Lloyd, demeure un artiste burlesque de premier ordre.

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