Retirées dès vendredi, les drôles d’affiches du film Les Infidèles vont devenir « collector »

Posté par vincy, le 2 février 2012

Stéphane Guillon en a fait la cruelle expérience il y a moins d'une semaine : On ne badine pas avec les affiches dans les transports publics. Fussent-elles drôles ou au second degré. La campagne du film à sketches Les infidèles, avec Jean Dujardin et Gilles Lellouche en tête de colonnes Morris, va être retirée, après quelques jours de campagne. Le film sort le 29 février, ce qui laisse le temps à Mars distribution de revoir sa campagne. Mais le distributeur a voulu profiter de l'omniprésence de Jean Dujardin dans les médias (avec The Artist), de la couverture du magazine Première (Dujardin et Lellouche en costards, mais sans le bas) et surtout d'une période où les français ne sont pas encore en vacances, afin de frapper le plus grand nombre.

Pourquoi ces affiches gênent-elles? Provocantes, elles montrent les deux acteurs en costumes, l'un avec les jambes d'une femme vers le haut, l'autre avec une tête féminine au niveau du bassin. Le message est sans équivoque. D'autant qu'avec ironie, le slogan joue sur le mensonge : le premier dit qu'il entre en réunion (le meeting étant une partie de jambe en l'air), l'autre affirmant que la conversation va couper car il entre dans un tunnel (métaphore de la bouche qu'il pénètre).

L'autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) a reçu quelques plaintes de particuliers contre ces affiches qui se moquent de l'infidélité masculine. Stéphane Martin, directeur général de l'ARPP, avoue n'avoir reçu que quatre plaintes. Mais cet homme, abusant sans aucun doute de son pouvoir, avoue que "même sans ces demandes, nous serions intervenus. Il y a une représentation sexuelle explicite à la vue de tous, et ce n'est pas acceptable. Les images portent en plus atteinte à la dignité de la femme... Ces affiches ne respectent pas les “convenances”, selon le terme de notre code de la chambre de commerce internationale". Oh My God! Ou plus prosaïquement #WTF.

Cela commence en effet à faire beaucoup. Pas de message ambivalent politique, pas de message "explicitement" inconvenant. l'intégrisme moral fait des ravages (et rappelons bride la créativité et porte atteinte à la liberté d'expression). Si ça ne plait pas, on ne va pas voir le film.

De là à affirmer, comme M. Martin l'a fait que "Jean Dujardin voulait casser son image..."... Jean Dujardin est un comédien populaire qui a réalisé une partie de ce film, en plus d'en être un des comédiens. Si l'affiche choque certaines personnes, alors interdisons les promotions vers les îles avec "bimbos" photoshopées, les campagnes pour des régimes minceurs qui ne fonctionnent pas, les nouvelles publicités "animées" à l'instar de The Darkest Hour où une femme se fait exploser devant nos yeux...

Le jury de déontologie de l'ARPP doit encore statuer pour savoir si la campagne doit être interdite. A titre préventif, JC Decaux a confirmé le retrait ds affiches à partir de vendredi. En attendant les nouveaux visuels.

L'équipe du film a posté sur Twitter une image d'une publicité dans Paris : "On vous a fait une petite photo car nos affiches risquent de devenir collector ". Le politiquement correct a gagné.

Oscar en péril?

Mais les effets collatéraux vont aussi au-delà de ce puritanisme. Même si tout cela doit ravir les féministes intégristes (et, de fait on peut se désoler de cette réalité misogyne, qui a inspiré tous les grands auteurs et cinéastes...), cela ne fait pas les affaires de Dujardin à Hollywood.
En course pour un Oscar, l'acteur est en "campagne". On se souvient d'un fait divers paru en plein hiver en France autour de l'adolescence délinquante de Gérard Depardieu, qui avait détruit ses chances d'obtenir la statuette pour Cyrano de Bergerac. Les médias américains s'en étaient régalé.
Dès ce matin, The Hollywood Reporter a publié un article sur l'affaire Dujardin. Une campagne "provocatrice", "dégradante pour les femmes". Le "politiquement correct" si cher aux Américains s'en trouve meurtri, paraît-il (il leur en faut peu).

Donc, amis distributeurs, vous le savez désormais : pas d'armes, pas de cigarettes, pas de sexe. La publicité pour les films va devoir être très imaginative. Le cinéma n'est certes pas un produit comme les autres, mais les censeurs exigent qu'ils se vendent comme des soldes en magasins ou une exposition dans un Musée.

Les Studios Raleigh mettent la pression sur l’Etat français pour leur projet toulousain

Posté par vincy, le 2 février 2012

Michael Moore (rien à voir avec le documentariste) met la pression sur l'Etat français pour réaliser son projet d'installer des studios de cinéma à Cugnaux, près de Toulouse (voir notre article du 20 juin 2011). Car il ne manque que ce feu vert pour enclencher les opérations.

Le président des Studios Raleigh a présenté mardi dernier son projet - 100 millions d'euros d'investissements - et espère une réponse très rapide, avant que l'élection présidentielle ne paralyse toute prise de décision. Burno Ganja, son mandataire français, ajoute que "le patron de Raleigh veut savoir si oui ou non les décideurs économiques, les personnalités politiques et institutionnelles de la région, sont prêts à se mobiliser pour la réussite de ce projet."

Ne croyons pas que monsieur Moore soit impatient : depuis juin, il patiente et défend son projet auprès des collectivités et du préfet. 2 à 3 mille emplois pourraient être créés sur l'ancienne base militaire de Francazal.

Un "projet extraordinaire"

Le préfet du département, Henri-Michel Comet, réunira mardi prochain un comité de pilotage avec les élus concernés. Il ne manque en effet que la décision de l'Etat, propriétaire de la base militaire qui doit être reconvertie, pour lancer les travaux. Les Studios Raleigh assurent que tout est prêt : plan du site, modèle économique (rentable), ...  Les élus semblent emballés. le Maire de Cugnaux évoque un "projet extraordinaire". Il précise : "je peux dire qu'il ne lui manque que la signature de l'État pour s'accomplir. Des solutions administratives existent qui offrent un cadre juridique sécurisé pour les deux parties. Je pense, en particulier, au principe de l'autorisation d'occupation temporaire (AOT) que j'encourage les services de la préfecture à examiner."

Mais l'Etat avait d'autres projets, contrariés par cette proposition : un aérodrome d'affaires et une zone d'activité économique dédiée à l'industrie aéronautique dont dépend (sans doute de façon trop hégémonique) l'agglomération toulousaine).

Le projet des Studios Raleigh permet une diversification économique salutaire pour cette région. Un développement assez logique dans la ville qui possède la deuxième cinémathèque de France.

Des studios pour des productions françaises et européennes

L'Etat a été contraint de s'intéresser au dossier, tout en imposant ses conditions : seulement 45 des 300 hectares demandés seront dévolus au projet, qui a du sacrifier des hangars plus vastes pour sauver son modèle économique (une partie des terrains va être occupé par un hôtel notamment). Le Maire de Toulouse exige que le projet soit économiquement viable et ne remette pas en question la stratégie industrielle autour de l'aéronautique de l'agglomération.

Michael Moore a indiqué dans un entretien au quotidien régional La dépêche du midi que son "but est de créer ici les meilleures installations professionnelles pour permettre aux réalisateurs français et européens de travailler dans d'excellentes conditions." Il ajoute : "Nous serons en mesure de répondre à l'ensemble de la demande : production de téléfilms, productions et coproductions françaises et européennes."

Mais après les nouveaux studios de Marseille, La Rochelle, Lyon et bientôt ceux de Luc Besson à Saint-Denis, Toulouse peut-elle s'imposer dans un jeu de plus en plus concurrentiel ?

L'aménagement de la zone de Francazal fera l'objet d'un appel à projet qui débutera dans le courant du premier semestre 2012 pour s'achever à la fin de l'année.

Un prequel de Jackie Brown en préparation

Posté par vincy, le 2 février 2012

Jackie Brown est peut-être l'un des meilleurs films de Quentin Tarantino. Ce polar qui revisitait les codes du genre Blaxploitation était l'adaptation du livre Rum Punch, d'Elmore Leonard, dont plusieurs romans ont été transposés sur grand écran (3h10 pour Yuma, Get Shorty, Hors d'atteinte, Be cool!, ...).

Un prequel est en cours de préparation. Adapté de The Switch (1978), traduit en français sous le titre de La joyeuse kidnappée, le film est écrit et réalisé par Dan Schechter, dont le prochain film, Supporting Characters sortira cette année.

Le casting est quasiment bouclé. John Hawkes (Martha Marcy May Marlene, Contagion, The Surrogate), reprendra le rôle de Louis Gara, incarné par Robert de Niro dans la version de Tarantino. Yasiin Bey, alias Mos def, ("Dexter") interprétera Ordell Orbie (c'est à dire Samuel L. Jackson jeune).

L'histoire se déroule 15 ans avant Jackie Brown. Gara et Robbie y enlève Mickey Dawson, la femme d'un promoteur immobilier corrompu. Celui-ci refusant de payer la rançon, les deux criminels doivent revoir leurs plans tandis que l'épouse humiliée décide de les utiliser pour se venger de son mari.

Le tournage est prévu en mai prochain. Elmore Leonard a donné son accord et a même décidé d'en être l'un des producteurs. Schechter avait pris un risque en développant son projet sans l'accord de l'écrivain, qui semble avoir été convaincu par le scénario.

Jackie Brown, sorti en 1997 et sélectionné en compétition à Berlin en 1998, avait rapporté 40 millions de $ au Box office américain (et à peu près autant dans le monde). En France, il avait attiré 1 335 000 spectateurs.