Rencontres Henri Langlois 2011 : rencontre avec Arturo Ripstein

Posté par redaction, le 8 décembre 2011, dans Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars, Poitiers.

arturo ripsteinInvité d’honneur des Rencontres Henri Langlois 2011, Arturo Risptein s’est présenté en conférence de presse aux côtés de sa compagne et scénariste Paz Alicia Garciadiego. Le réalisateur du Chateau de la pureté, L'Empire de la fortune, La Reine de la nuit, Carmin profond..., véritable monstre sacré du cinéma mexicain, a vite mis les journalistes à l’aise, répondant avec humour et ironie au feu nourri des questions. C’est donc une figure passionnante du 7e art contemporain qui a dévoilé son passé, ses expériences et son appréhension vis-à-vis du cinéma d’aujourd’hui…

Pourquoi les thèmes de la solitude, de la souffrance et de l’enfermement hantent-ils votre filmographie ? Pourquoi avez-vous plus d’aisance avec ces thèmes ? Est-ce pour vous le Mexique qui est comme ça ?
Quand on filme, on ne montre pas de passeport. Ce ne sont pas des films anthropologiques, sociologiques ou politiques. Je ne présente pas de portrait du Mexique. C’est inévitable de parler de ce qui nous entoure, mais l’enfermement et la solitude sont les thèmes auxquels je m’identifie le plus.

Y a-t-il donc un peu de votre solitude et de votre enfermement dans vos films, un peu de votre vécu ?
Je filme pour deux raisons. Par rancune à la réalité et par peur. Les choses qui me font le plus peur sont celles qui m’ouvrent le plus les yeux.

Filmer ces thémes vous a-t-il donc permis de vous guérir de cette peur ? Une sorte d’entreprise cathartique à travers la caméra ?
C’est comme se réveiller des cauchemars. Ils se terminent tôt ou tard et on se sent mieux. Je ne comprends pas comment on fait pour se réveiller tous les jours si on rêve avec une telle férocité. Je mène simplement mes rêves à l’écran. Parler de ces obsessions permet de s’ôter d’un poids sur nos épaules. L’église catholique la inventé, ils appellent ça la confession. Freud faisait la même chose, mais il demandait de l’argent. Les deux guérissent : on parle des choses et elles s’en vont.

A travers votre filmographie, quel message aimeriez vous laissez aux jeunes réalisateurs d’aujourd’hui ?
Aucun. Je leur recommande juste de travailler, et quand ces jeunes cinématographes me demandent des conseils, je leur réponds toujours avec la même phrase : « persister sans avoir d’espoir ».

C’est très pessimiste tout de même ?
Non, en fait c’était Alexandre de Macédoine qui avait cette inscription sur son bouclier. Et il s’en est très bien sorti !

Puisque vous êtes présents dans un festival en France, pouvez-vous nous dire quelles caractéristiques du film français vous plaisent le plus ?
C’est une question très difficile, car très vaste. Le cinéma français a été très important pour moi depuis longtemps. Ca a commencé avec « La Kermesse héroïque » de Jacques Feyder, et bien avant Méliès. C’était très fréquent lorsque je rêvais d’être réalisateur que nous puissions voir un certain nombre de films français au cinéma, notamment ceux de Robert Bresson qui ont été de gros succès ; chose qui est impensable aujourd’hui. On a découvert toute la Nouvelle Vague au Mexique dans les cinémas. Les films français ont donc été fondamentaux pour ma part car ils ont rempli mon regard de merveille. Je me souviens qu’on sortait du cinéma avec mes amis, on discutait passionnément jusqu’à 6 heures du matin, et on se disputait souvent sur ces films. Alors qu’aujourd’hui, plus personne ne se dispute sur les films.
Et comment le pouvez-vous ? Les films américains envahissent désormais tous les cinémas au Mexique. A peu prés 95% des films projetés au Mexique sont américains. Il n’y a pratiquement plus d’autres films, chose qui est regrettable.

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Propos recueillis par Yanne Yager

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