Arras 2011 : carte blanche à Fiona Gordon et Dominique Abel

Posté par MpM, le 6 novembre 2011

dominique abel et fiona gordon

Le Arras Film Festival offre cette année une carte blanche au duo lunaire et fantaisiste formé par Fiona Gordon et Dominique Abel. L'occasion pour les deux clowns-réalisateurs de montrer leurs trois longs métrages (coréalisés avec Bruno Romy) : L'iceberg, Rumba et La fée, mais surtout de dévoiler une partie de leur univers burlesque au travers de films dont ils se sentent proches. Sont ainsi présentés Oeil pour oeil (Laurel et Hardy), Les lumières de la ville (Charlie Chaplin), Le soupirant (Pierre Etaix) et Sacré Graal ! (Monty Python).

"On avait fait une liste plus longue, précise Dominique Abel. Mais ce sont souvent des films introuvables. On avait notamment proposé Whisky de Pablo Stoll et Juan Pablo Rebella, Tampopo de J?z? Itami et un film que l'on met à chaque fois et que personne ne trouve jamais, Qui chante là-bas de Slobodan Sijan."

Gus van Sant, Hal Hartley et Aki Kaurismäki font également partie de leurs références. "On adore Kaurismäki. Pour nous, c'est un des très grands.  Quelqu'un qu'on admire. Mais je ne suis pas sûr que ça rentre vraiment dans le burlesque..."

De toute façon, le duo avoue n'avoir jamais été capable de hiérarchiser. Chaplin, Keaton, Tati, Etaix, Linder, Méliès... "Lorsque je les ai découverts, se souvient Dominique Abel, j'ai eu l'impression qu'ils me connaissaient de l'intérieur, qu'ils avaient tout compris de la vie. Je me suis dit : ouf, je ne suis pas tout seul !"

De Laurel et Hardy, ils vantent la lenteur et le respect. "Ils se donnent des claques, mais entre chaque claque, ils se rhabillent l'un l'autre, remettent leurs chapeaux", note Fiona Gordon. "Et puis ils prennent leur temps. Je trouve ça très joli cette forme de lenteur", complète Dominique Abel.

Chaplin les fascine par son mélange de gags et d'humanisme. "Il enrichit le film [Les lumières de la ville] d'un discours politique : regardez, je veux travailler, mais il n'y a rien pour moi. Avec cela, il ajoute du mélodrame. Tandis que Pierre Etaux est plus un personnage de dandy. C'est un personnage riche qui fait rire ! C'est du burlesque nouveau, différent", explique Dominique Abel.

Les deux acteurs revendiquent également une envie de défendre les "moins nobles" par rapport aux "intellos" acclamés partout. "Ce n'est pas toujours dans le raffinement que se trouve le génie", souligne Fiona Gordon. "Le génie peut être complétement bordélique. Regardez les Monty Python. Leur côté bordélique nous plait. Chez eux, rien n'est sacré. Or il y a de la grandeur dans cette irrévérence. "

Hommage à Loulou de la Falaise, icône de style…

Posté par redaction, le 6 novembre 2011

« J’aime le mélange des styles et des choses qui n’ont pas de rapport entre elles. J’aime les surprises, les choses qui choquent, qui sont inattendues, qui cassent l’unité et qui rompent la monotonie » - Loulou de la Falaise

Loulou de la Falaise était un mélange d’excès et de simplicité, d’élégance et de décontraction, d’aristocratie et de bohème. Né en Angleterre, sa mère était mannequin et son père était écrivain et éditeur. La petite Louise deviendra « Loulou », un surnom à son image, fragile et fort à la fois.

En 1969, Loulou de la Falaise rencontre pour la première fois Yves Saint-Laurent à New York. Il a 33 ans et est déjà un couturier consacré. Elle n’a que 21 ans et est une figure en vue à New York dessinant des imprimés pour Halston ou faisant des photos pour Vogue. Dès 1972, elle rejoint son studio. Ces deux personnalités similaires et complémentaires deviendront inséparables. Elle crée, notamment, les bijoux et la maille de la maison Saint-Laurent. Mais surtout, elle représentera la femme idéale de Saint-Laurent. « Elle n’est que facettes multicolores et brillantes. (…) elle imprime à tout ce qu’elle fait ce jeu des contrastes les plus opposés mais qu’elle seule sait faire se rejoindre » résumait le couturier.

Icône et muse, Loulou de la Falaise a partagé le studio d’Yves Saint-Laurent pendant trente ans. Son allure était l’incarnation parfaite de la révolution du style imposée par Saint-Laurent dans les années 70. Irrévérencieusement féminine dans ses pantalons jusque-là réservés aux hommes, elle les portait avec des blouses transparentes. « L’important, c’est de s’inventer » affirmait celle qui mariait comme personne les styles, les couleurs, les accessoires. Toujours différente et toujours elle, Loulou de la Falaise cultivait la fantaisie et les contrastes. Elle avait compris que ces éléments constituaient le piment de la mode.

En 2010, la mystérieuse Loulou de la Falaise déclarait : « A présent que tout est fini, j’aime imaginer qu’il y a un peu de mon âme dans les vêtements qui ont été créés quand j’étais là parce que j’étais supposée être une source d’inspiration. ». Au-delà des vêtements, ce sont les images de cette silhouette qui demeureront gravées dans l’histoire du style.

Serge Wintour

Loulou de la Falaise en quelques dates

1948 : naissance de Loulou de le Falaise.

1969 : première rencontre avec Yves Saint Laurent.

1972 : Loulou de la Falaise rejoint la maison Saint Laurent.

1977 : mariage avec Thadée Klossowski de Rola, fils du peintre Balthus.

2002 : Monsieur Saint Laurent cesse son activité Haute couture. Loulou de la Falaise lance sa propre collection d’accessoires.

2011 : mort de Loulou de la Falaise le 5 novembre 2011.

L’instant Court : Bunker, réalisé par Paul Doucet

Posté par kristofy, le 6 novembre 2011

BunkerComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage Pixels réalisé par Patrick Jean, voici l’instant Court n° 52.

Avant que la Contagion de Steven Soderbergh contamine nos écrans à partir du 9 novembre prochain, sauve qui peut. Se retrancher dans un bunker semble d'ailleurs la meilleure solution pour éviter d’être infecté. Mais si on y est seul, cela change tout... C'est en tout cas l'expérience que fait Marie, l'héroïne de l'Instant court de la semaine.

Voila donc Bunker réalisé par Paul Doucet. Ce court-métrage, qui pourrait presque être l’introduction d’un long ambitieux, révèle un jeune cinéaste prometteur…

Le réalisateur Paul Doucet nous commente l’expérience du tournage de Bunker :

Ecran Noir : On remarque comme un décorum nostalgique du passé alors qu’il s’agit d’une histoire typique de science-fiction futuriste, pourquoi cette ambiguïté ?
Paul Doucet :
En fait, Bunker est une adaptation non officielle de l'univers du jeu vidéo Fallout (ndr : le joueur évolue dans un univers post-apocalyptique d’une civilisation uchronique), un peu remanié à ma sauce. Et s'il y a bien un point qui marche dans le jeu, c'est son côté rétrofuturiste : de la science fiction basée sur des technologies un peu vieillottes. J'ai donc essayé de représenter la chose à ma manière, avec une petite touche française via Fréhel dont les chansons font maintenant partie du domaine public. Le grand avantage que je vois à faire de la sorte, c'est qu'en brouillant les pistes temporelles, on rend le film plus intéressant et moins "daté". Il n'y a rien qui ne vieillisse aussi vite que les films très/trop ancrés dans leur époque, avec sa technologie. Il suffit de regarder à quel point Matrix était novateur il y a 10 ans et limite has been aujourd'hui pour s'en convaincre... Donc c'était un vrai choix conscient et assumé. Mais j'aurai aimé qu'on aille encore plus loin dans la représentation visuelle de cet univers, ce qu'on n'a pas pu faire faute de temps.

EN : Bunker semble construit de manière très précise, avez-vous suivi un storyboard très découpé ou est-ce qu’il y avait de la place pour une certaine improvisation ?
Paul Doucet :
Ouh là... Il faut savoir que Bunker était mon premier court métrage. Donc même si je savais ce qu'était un storyboard et un découpage, de là à être capable d'en faire un bon... il y a un sacré pas. J'avais deux-trois idées sur ce que je voulais puisqu'on était allé faire un repérage quelques mois avant. J'avais prévu initialement un découpage tellement mal foutu qu'il y avait limite un plan par seconde. Alors l'association TNT et mon chef op Antoine Carpentier m'ont conseillé de revoir totalement ma copie vu que nos contraintes lumières nous obligeaient à tourner au maximum une quinzaine de plans par jour. Sur les lieux, avec Randiane Naly en train de jouer, des choix se sont fait très naturellement. Mais le premier et le dernier plan du film, ainsi que quelques autres étaient vraiment voulus depuis le début, avec mon découpage foireux.

EN : Dans quelle mesure les modestes moyens réunis ont eu une influence sur le tournage ? 
Paul Doucet :
A la base, Bunker est né car j'avais écrit plusieurs projets intournables (entre autre parce que le script était lamentable) car trop complexes. Je suis donc revenu à la base, à savoir un huis-clos. Et je me suis dit qu'on pouvait pousser le bouchon encore plus loin avec un seul acteur à l'écran. Partant de cette idée, l'idée du film est venue relativement vite. Et finalement c'est un concept qui marche bien (comme pour Buried et son acteur dans un cercueil pendant 1h30). Par contre, quitte à payer plus cher, je voulais tourner dans un vrai bunker. Je trouve que trop de courts amateurs ont de belles images, de bons acteurs... mais donnent l'impression d'avoir été tournés chez tata Martine. Avec une seule actrice à l'écran, le bunker devenait un personnage à part entière. Donc non, même si le film a été entièrement payé de ma poche, j'ai eu tout ce que je voulais. Entre autre via l'association TNT qui m'a épaulé en m'apportant des moyens techniques, comme la caméra RED qu'ils venaient d'acquérir. Lire le reste de cet article »

Arras 2011 : retour en vidéo sur le jour 1 avec Karl Markovics, Geoffroy Grison, Anjela Nedyalkova…

Posté par MpM, le 6 novembre 2011

Invités : Karl Markovics pour Atmen (le film auquel il fait allusion dans l'interview est Le fils des frères Dardenne) ; le producteur Geoffroy Grison et l'actrice Anjela Nedyalkova pour Avé de Konstantin Bojanov.

L'équipe du quotidien vidéo du Arras Film Festival : Jessica Aveline, Marion Dardé, Simon Machi, Alain Pétoux et Loïc Wattez.
Propos recueillis par Marie-Pauline Mollaret et Jovani Vasseur.
Merci à David Lesage.