Festival Paris-Cinéma 2011 : Voltiges de Lisa Aschan en compétition

Posté par kristofy, le 3 août 2011, dans Critiques, Festivals, Films.

C’est le film de Valérie Donzelli La guerre est déclarée qui a gagné la plupart des prix du Festival Paris-Cinéma, mais Voltiges est l’autre film qui a marqué la compétition. Ce premier film de la suédoise Lisa Aschan qui avait déjà reçu une mention spécial lors du Festival de Berlin, le Prix du meilleur scénario du Festival Tribeca et a été meilleur film du festival de Göteborg sort maintenant sur nos écrans.

L'histoire : Emma et Cassandra se rencontrent dans un centre de voltige équestre. S’instaure une relation de pouvoir mêlée de séduction entre les deux adolescentes au mimétisme déroutant...

Notre avis : On pourrait résumer ce film par l’éveil à la sensualité de deux Suédoises, une expression qui déjà sème le trouble. Il s’agit bien d’une relation particulière qui se noue entre deux adolescentes qui se découvrent à l’entraînement de voltige, mais une autre jeune fille va elle-aussi connaître de nouvelles expériences. Car s'il y a deux héroïnes, ce sont l’adolescente du centre équestre et sa petite sœur qui est encore une fillette. Ces deux sœurs qui ont plusieurs années d’écart vont en parallèle faire l’apprentissage de leur pouvoir de séduction.

Dans Voltiges, il y a beaucoup de dualités qui s’opposent tout en étant complémentaires. L’adolescente sait dresser son chien mais elle ne maîtrise pas complètement le cheval, elle se laisse séduire par une autre fille et aussi par un garçon. Pendant ce temps la petite sœur joue comme une enfant avec ses jouets tout en voulant s’habiller comme une grande, elle est la chérie de son papa mais cherche à devenir celle de son cousin. La réalisatrice Lisa Aschan parvient à faire se suivre de petits moments de vie (entendre ‘je t’aime’ pour la grande, se voir avec un haut de bikini qui couvre une poitrine encore inexistante pour la petite) durant lesquels un déclic se produit en déclenchant une résonance particulière. Bien sûr, ces événements plus ou moins importants auront différentes conséquences…

Le film se déroule comme une suite de petits apprentissages de ce que serait la féminité pour les deux sœurs. Quand la petite cherche à éprouver son pouvoir de séduction, la grande sœur se sent perdue avec le pouvoir de sa sexualité. De nombreuses scènes sont accompagnées d’une musique qui remplace alors les dialogues absents, par petites touches le spectateurs est invité à deviner ce que ressentent ces filles. En ce sens, Voltiges se rapprochent un peu de La naissance des pieuvres de Céline Sciamma : la caméra s’approche au plus près de jeunes filles confrontés à leur désir tout en restant assez floue sur la nature de ces bouleversements.

La suédoise Lisa Aschan réussit de manière très subtile à suggérer de possibles dérives. La pédophilie n’est pas du tout abordée mais tout de même approchée avec ambiguïté, le viol n’est pas abordé non plus mais quand même approché sans agressivité. Tout le film Voltiges repose en équilibre sur une certaine notion du pouvoir. Les personnages du film sont pris dans des rapports dominant/passivité et aussi des rapports dressage/soumission. Rarement les premiers émois d’adolescentes ont été représentés de manière aussi subjuguante.

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