Costa-Gavras retrouve Kassovitz pour un thriller financier

Posté par vincy, le 1 juin 2011

Costa-Gavras revient au cinéma, deux ans après Eden à l'Ouest, et retrouve Mathieu Kassovitz, 9 ans après Amen. Le Capital sera un thriller dramatique où l'acteur-réalisateur incarnera Marc Tourneuil, pur produit de  l'Ecole Polytechnique à la tête d'une des plus grandes banques d'investissements européennes. Sa banque fait l'objet d'une OPA hostile par un fond d'investissement américain.

Entre mécanique de pouvoir et coulisses de la finance, ce film sera tourné en français et en anglais. Gabriel Byrne fera partie des actionnaires de la banque.

Le scénario a été écrit par le fils du réalisateur, Romain Gavras, Jean Claude Grumberg et Karim Boucherka. Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme publié en 2004 chez Grasset. La satire est toujours présente dans le script mais selon le réalisateur, le banquier est plus humain et moins cynique. Le film s'annonce donc moins noir que Le couperet.

Le tournage de ce film budgété à 8 millions d'euros débutera en septembre et fera des détours à Paris, Londres, Miami, New York et Tokyo. La sortie en salles est prévue pour 2012.

Kassovitz sera aussi à l'affiche de L'ordre et la morale, qu'il a réalisé. Il n'avait pas tourné, en tant que comédien, depuis 2005 (Munich).

Théo Angelopoulos veut faire un film sur la crise grecque

Posté par vincy, le 1 juin 2011

3 ans après La poussière du temps, son dernier film, et 13 ans après sa Palme d'or pour L'éternité et un jour, Théo Angelopoulos vient d'annoncer qu'il allait réaliser un film sur la crise grecque, qui menace l'équilibre financier de l'Union européenne.

L'autre mer suivra la trace d'une troupe d'acteurs qui ne parviennent pas à produire une pièce de Bertold Brecht, L'opéra de quat'sous (créée en 1928). Un père et une fille symboliseront les deux générations au coeur de la crise de la dette : celui qui en est à l'origine et celle qui en subit les conséquences.

Angelopoulos, pessimiste sur l'issue du problème et stupéfait par l'ampleur des erreurs commises, veut aussi évoquer le rêve européen, aujourd'hui dilapidé.

On a pu remarquer le réalisateur au dernier Festival de Cannes, lors du rendez-vous européen où il fêtait le 20e anniversaire du programme MEDIA et participait à une réunion sur l'avenir du programme (voir actualité du 16 mai).

Après la gauche : témoignages autour d’un monde qui s’est effondré

Posté par vincy, le 1 juin 2011

Lionel Jospin (haut) Edwy Plenel (bas)

Après la gauche est un documentaire où la parole l'emporte sur l'image, bien que celle-ci soit très soignée. Des bureaux désaffectés, des usines délabrées, des hangars vides, et quelques sons musicaux électro-rock. Les visages, les gestes des intervenants, se confrontent aux photos qui illustrent le film : des gens désoeuvrés par une crise économique, anéantis par une catastrophe naturelle. Il y a peu de cinéma dans Après la gauche, et pourtant, on en ressort intellectuellement revigoré, politiquement perplexe.

Une chose est certaine : qu'on vote d'un côté ou de l'autre, le film n'intéressera peut-être que ceux qui place les idées au dessus du culte des hommes, ceux qui préfèrent l'Histoire aux épiphénomènes médiatiques. Mais ceux-là trouveront cette succession de témoignages passionnants, soutenus par des chiffres percutants. En voyant les intervenants, de très grande classe (Albert Jacquard, Lionel Jospin, François Houtard, Jean Ziegler, Eric Hazan, Susan George ...), on craint de subir un mouroir dans un service gériatrie (à l'exception d'Edwy Plenel), débattant de lubies périmées. On en est loi : l'esprit est vif, la réflexion riche, les expériences et autres constats passionnants. Ces philosophes, sociologues, politiciens, chercheurs sont des petits ruisseaux de la pensée qui espèrent nous amener à une grande rivière.

Après la gauche porte un regard très critique sur les échecs de la gauche dans le monde, mais dessine aussi les conditions de sa résurrection. De la Révolution Française, élément fondateur, à la chute du Mur de Berlin, le préambule du déclin de la gauche, ils nous racontent comment la gauche a opté pour la gestion, avec des partis transformés en PME, plutôt que pour l'émancipation des populations dont elle tirait sa légitimité. Elle ne servait plus qu'à "humaniser le capitalisme". Les dominés se sentaient vaincus sans combattre. La financiarisation du monde avait gagné et "on savait d'avance qu'on allait payer la facture." Plenel cite alors Spartacus (et le film de Stanley Kubrick). Nous sommes tous des Spartacus, prêts à se soulever contre l'ordre dominant, celui qui manipule les masses : les 500 entreprises transnationales qui représentent 52% des richesses, les géants Lagardère, Bolloré, Bouygues, Dassault, LVMH qui contrôlent les média,s les lobbys qui font les lois à la place des élus... Il suffira d'un grain de sable - lequel? quand? - pour que le château s'écroule.

Lucides, ils ont conscience que la faculté à transformer est de plus en plus difficile à incarner, que l'utopie a changé de territoire. "Aujourd'hui, c'est dans la vie et pas seulement dans la politique qu'on peut transformer les choses". L'individualisme est si présent que lutter pour l'intérêt général s'annonce vain. Pourtant le combat collectif a commencé. Aux Etats-Unis, le néo-libéralisme a vacillé en deux temps : les manifestations de Seattle en 1999 qui ont fait émergé une nouvelle génération de citoyens militants et les attentats du 11 septembre qui ont fragilisé l'Empire dominant. Si le monde entier est devenu capitaliste an moins de dix ans, il a progressivement allumer des contre-feux, notamment en Amérique Latine, érigée en exemple pour la gauche internationale. Dans ces pays, la propriété a été désacralisée, le bien commun est devenu la variable d'ajustement. L'exploitation ne doit plus se faire au détriment de l'usage. Plutôt que de parler de pouvoir d'achat, évoquons le savoir d'achat...

Idéaliste? Dans un monde où la connaissance n'a jamais été aussi partagée, aussi avancée, les injustices et les absurdités politiques de notre civilisation n'ont jamais autant exclu. En pleine pré-campagne présidentielle, voilà un formidable logiciel à idées où le projet serait davantage de sublimer que de raisonner. Encore faut-il pouvoir l'incarner... Ne plus croire en un monde meilleur, c'est se rendre esclave d'un système oppresseur. A voir ces "Sages" espérer (sans être béats d'optimisme), on se demande pourquoi il y a cette odeur de formol dans l'air et cette impression d'aller à la morgue quand on va voter.

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12 extraits du film sur le site Mediapart
site internet de la Compagnie des Phares et Balises

Le DVD sort le 5 juillet 2011.