Cannes 2011 : premières rumeurs (et surprises)

Posté par vincy, le 25 mars 2011

La vérité nous sera révélée le 14 avril. Mais déjà Paris bruisse de rumeurs, que les médias relaient. Faisons un rapide point, un mois après vous avoir listés la centaine de films sélectionnables (voir Cinéma français ; cinéma américain ; cinéma asiatique ; cinéma européen).

Comme l'annonçait Variety mercredi, Terrence Malick et son The Tree of Life seront sur la Croisette. En compétition ou hors compétition.

Outre Woody Allen, officiellement confirmé en ouverture et qui sortira dans les salles françaises le même jour, on sait déjà que Le gamin au vélo des Frères Dardenne, Le Havre d'Aki Kaurismäki (photo), Faust d'Alexander Sokurov, Melancholia de Lars Von trier, Il était une fois en Anatolie de Nuri Bulge Ceylan, Restless de Gus Van Sant, Love and Business de Lou Ye, Captured de Brillante Mendoza, Habemus Pappam de Nanni Moretti et This must be a Place de Paolo Sorrentino seront du voyage. Les fidèles habitués...

On évoque aussi Lynne Ramsay (We need to talk about Kevin), Bouli Lanners (Les géants), Emmanuele Crialese (Terra firma), Hong Jin-na (The Murderer), Eric Khoo (Tatsumi), Hirokazu Koreeda (Miracle) dans le Palais des festivals.

Mais, en revanche, Wong Kar-wai ne sera pas prêt. Ni Walter Salles. Andrea Arnold n'a pas terminé son montage des Hauts de Hurlevent, et Francis Ford Coppola est encore au travail sur Twixt Now and Sunrise. Idem pour Steven Soderbergh dont Contagion fera les beaux jours de Venise. Le mystère reste entier pour le nouveau Michael Haneke, toujours en production.

Hollywood semble d'ailleurs se rétracter : le film d'Alexander Payne, The Descendants, avec Clooney, est achevé. Mais la Fox préfère le présenter à l'automne pour le positionner comme un film oscarisable. David Cronenberg ne viendrait pas présenter A Dangerous Method non plus.

Mais le vrai choc reste l'absence prévue de Pedro Almodovar. Habituellement son film sortait en avril en Espagne, faisait son avant première internationale à Cannes et sortait entre le printemps et l'automne dans le reste du monde. La piel que habito devrait aller à Venise. Il ne sortira en Espagne que le 2 septembre, en Allemagne le 20 octobre et en France et aux USA le 18 novembre. Or Almodovar ne veut pas que son final soit défloré des mois avant la sortie du film.

Il y a aussi certainement une part d'orgueil. Le cinéaste espagnol n'a jamais caché qu'il avait été vexé des affronts des différents jurys cannois. Une année, il a privé Cannes de l'un de ses films, une autre il a exigé d'être hors compétition.

La bonne nouvelle est que cela ouvre la compétition à des cinéastes peut-être moins attendus, obligeant un certain renouvellement. Cannes n'est pas Berlin : il y aura toujours un équilibre entre vétérans vénérés et découvertes. Ce n'est pas Venise non plus. De toute façon, Venise, même avec une sélection prestigieuse, sera davantage occupé à gérer ses problèmes financiers.

Cannes 2011 : Emir Kusturica, président du jury Un certain regard

Posté par vincy, le 25 mars 2011

Deux fois Palme d'or (Papa est en voyage d'affaires, Underground), six fois en sélection officielle (un prix de la mise en scène au passage), Président du jury de la compétition en 2005, de celui des courts métrages Cinéfondation en 2003, membre du jury de la compétition en 1993 : Emir Kusturica est un artiste lié à l'histoire contemporaine du festival de Cannes.

En attendant ses prochains films, il reviendra sur la Croisette pour présider le jury Un certain regard, lors du 64e Festival (11-22 mai). Il devra, avec son jury, choisir parmi la vingtaine de films de la sélection pour décerné le successeur de Ha Ha Ha de Hong sang Soo, Prix Un certain regard 2010, actuellement à l'affiche.

L’instant Court : Born That way, réalisé par Tony McNeal

Posté par kristofy, le 25 mars 2011

born that wayComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Thriller, un lip dub de l’IUT de Rouen, voici l’instant Court n° 25.

Depuis mercredi dernier est visible dans les cinémas Hell Driver 3D : un Nicolas Cage d’outre-tombe qui en fait des caisses au volant d’une caisse qui démarre en trombe, sur sa route les méchants seront méchamment mis en déroute… Un film d’action malheureusement poussif et joyeusement régressif, ce spectacle en 3D n’arrive pas à dépasser les films spectaculaires 2D à l’ancienne dont le souvenir l’inspire.

Réussir à exploiter cette figure classique du film d’action dans un court-métrage est un vrai challenge quand il faut montrer aussi en même temps à la fois une intrigue, un peu d’émotion, une scène de bagarre... en seulement une dizaine de minutes. Un film court de ce genre est à la fois complexe à produire et à réaliser, mais si le résultat est bon, c’est comme une carte de visite à présenter à un studio afin de travailler ensuite sur un long-métrage.

Voila donc le court-métrage Born That way, réalisé par Tony McNeal. Ce film court ressemble aux codes d’une production hollywoodienne (casting, cadrage, montage, impact de balles, et même générique de fin), dont il pourrait même être la première séquence. Tony McNeal, par ailleurs déjà réalisateur de publicités, montre ce court comme une bande-démo afin de convaincre un studio de lui confier un projet de film à réaliser. La gamine Adair Tishler est une jeune actrice précoce qui a déjà joué pour des épisodes de la plupart des séries télé (Urgences, Charmed, Grey's Anatomy, Heroes, Lost…) en attendant d’être révélée au cinéma. Le personnage principal Kevin Gage est déjà apparu dans des petits rôles dans des films comme Blow, Heat, ou Les ailes de l’enfer (avec Nicolas Cage!), sa tête rasée qui le fait ressembler à Bruce Willis en fait un héros idéal pour ce film court. L’histoire est celle d’un homme qui revoit sa fille pour la première fois depuis six mois, il l’emmène déjeuner lorsqu’ils se retrouvent au milieu d’un hold-up… (court-métrage sans sous-titres mais le peu de dialogues est compréhensible même pour les nuls en anglais).

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Born that way.

Les éditions René-Château lourdement condamnées

Posté par vincy, le 25 mars 2011

L'arrêt date du 23 février mais nous n'en avons eu connaissance qu'en fin de semaine dernière. Les éditions René-Château, créées en 1975 (3,5 millions d'euros de chiffre d'affaires), ont été condamnées pour un film de Julien Duvivier.

La justice a interdit un quelconque éditeur la commercialisation en format vidéo du film La Belle Equipe (1936, avec Jean Gabin et Charles Vanel). En plus de cette interdiction, la cour d'appel de Paris a condamné l'éditeur pour avoir diffusé la fin heureuse du film et non sa version tragique, qui avait la préférence du cinéaste. Ainsi, les éditions René-Château ont porté atteinte au droit moral des auteurs.

Depuis 11 ans, les ayant-droits, le fils de Julien Duvivier et l'épouse du scénariste Charles Spaak, alertaient l'éditeur qu'il exploitait ce film sans autorisation. En 2006, le Tribunal de grande instance de Paris leur donne raison  et interdit à René-Château de commercialiser le film sous prétexte que la société ne détenait pas les droits d'exploitation ni aucun droits d'auteur. Le préjudice patrimonial avait été évalué à 20 000 euros.

Ce 23 février, la cour d'appel a évalué cette même contrefaçon à 60 000 euros (et a ajouté 35 000 euros de frais de justice). Pire, elle a aggravé la sentence en condamnant l'accusé pour préjudice moral. En 1936, sous la contrainte de son producteur, Duvivier avait du se résigner à refaire la fin du film à cause de son échec commercial. En 1966, les auteurs ont autorisé la diffusion télévisée du film à condition que le film soit désormais exploité dans sa version d'origine, qui comprenait un dénouement beaucoup plus tragique. René-Château, pour avoir réutilisé la fin heureuse, va devoir verser 6 000 euros de dommages et intérêts supplémentaires.

Il reste la cassation. Mais il faudrait que l'éditeur apporte des preuves et des justificatifs qui, jusque là, manquaient.