Tarak Ben Ammar cherche-t-il à se racheter avec un film sur Mohamed Bouazizi?

Le producteur de cinéma tunisien Tarak Ben Ammar a annoncé qu'il préparait un film sur le jeune Tunisien Mohamed Bouazizi, dont l'immolation par le feu a déclenché les révoltes conduisant à la chute du régime du président Zine El Abidine Ben Ali. Alors qu'il produit actuellement La soif noire, dont le tournage vient de s'achever en Tunisie, Ben Ammar est suspecté d'avoir fricoté d'un peu trop près avec l'ancien régime du dictateur (voir actualité du 19 janvier).

En lançant un projet 100% tunisien autour du héros de la "révolution de jasmin", Ben Ammar cherche-t-il à se racheter ou n'est-ce-qu'une opportunité pour remettre le cinéma tunisien sur la carte de la planète du 7e art? Le film sera réalisé par le cinéaste tunisien Mohamed Zran (Le casseur de pierres, sélectionné à Un certain regard à Cannes en 1990). Selon lui, cela ne peut-être qu'un film fait par des tunisiens. Comme on doute de la sincérité des intentions du producteur, on serait tenté de croire qu'opportunisme rime avec nationalisme.

L'événement a beau dater de décembre, l'écriture du scénario, une adaptation libre, donc très romancée, serait déjà en cours. Profiter de l'émotion devient un leitmotiv pour le cinéma. Des mineurs chiliens à l'affaire Bettencourt, le 7e art ne se laisse même plus le temps de prendre un peu de distance avec l'Histoire.

Le tournage devrait commencer en mai sur les lieux même du suicide de Mohammed Bouazizi. C'est à Sidi Bouzid, au centre du pays, que le 17 décembre un jeune vendeur de fruits et légumes, Mohammed Bouazizi, s'est immolé par le feu après une énième humiliation policière, marquant le déclenchement de la révolution tunisienne qui a culminé avec la fuite de Ben Ali le 14 janvier.

Ben Ammar, sans doute pour anticiper ses futurs rapports avec les autorités tunisiennes, cherche à séduire le peuple. Il déclare à l'AFP que "les recettes du film iront à sa famille et ses descendants à vie. Ce film est une manière de rendre son nom universel, d'en faire un symbole".

"Je veux produire ce film afin que nos enfants n'oublient pas la révolution et son symbole qui n'est ni un homme d'affaires, ni un intellectuel, mais un simple citoyen", ajoute le producteur.

À coup sûr, le film sortira le 17 décembre 2011, en guise d'anniversaire. Rien de mieux pour le marketing.

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La vie de Mohamed Bouazizi (wikipédia)

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