2010 – Actrices : Annette Bening et Isabelle Huppert

Posté par vincy, le 31 décembre 2010

Deux femmes libres de leurs choix, deux comédiennes qui étalent leur talent (éclectique) dans des films où l'émotion s'est souvent mêlée au sourire, où la légèreté rendait grâce à leurs dons dramatiques.

Annette Bening, star du dernier Festival du film américain de Deauville, 52 ans, n'avait pas vécu une si belle année cinématographique depuis American Beauty. Cette perle cachée hollywoodienne, qui a tourné avec Forman, Frears, Nichols ou encore Burton, a su se régénérer en plongeant dans des rôles plus fins que lui offrait le cinéma indépendant. Mère lesbienne et intransigeante dans The Kids are all right, elle passe de la comédie à la tragédie, du show familial à la douleur intime, avec une aisance confondante qui lui vaudra sûrement une quatrième nomination aux Oscars. Dans Mother and Child, elle écrase ses concurrentes avec un personnage tendu, sec, peu aimable, qui découvre la douceur et la lumière.

Isabelle Huppert sait la capter, cette lumière. Une fois de plus, elle éclaire l'année du cinéma français, dans deux registres radicalement différents. De l'Afrique de White Material aux froides plages belges de Copacabana, d'un pays en guerre à la misère sociale, la véritable Reine Isabelle du cinéma français nous trouble, une fois de plus. Étrangère et familière. Dure et fêlée. Sombre et lumineuse. La vitalité de ses personnages (forts, sans concessions) renvoie à sa  curiosité cinéphilique (dense et sans limites car il faut ajouter le génial Fantastic Mr. Fox). Ainsi, dans Copacabana, l'un des meilleures films français de cette année, elle envoie balader toutes nos convenances au nom d'une bohème assumée en privilégiant la solidarité, le bonheur du présent, les sentiments impulsifs.

Comme Bening, elle envoie valser les carcans de la société. Avec elles, on a envie de danser.

2010 – Réalisateurs : David Fincher et Roman Polanski

Posté par vincy, le 30 décembre 2010


Avec deux drames aux contours classiques, mais au style brillant, l'Américain Fincher et le Franco-polonais Polanski ont assurément réalisés deux des meilleurs films de l'année. Leur maîtrise de la forme comme du fond, avec des scénarios subversifs, profonds, où la candeur et le cynisme font mauvais ménage mais sont harmonieusement mis en scène, nous ont épatés et emportés.
The Social Network est ce que Wall Street 2 aurait dû être : un film sur une époque où l'individualisme et le libéralisme détruisent toute forme de confiance, malgré l'importance de la sociabilisation. David Fincher a ainsi retrouvé un sujet aussi inspiré que The Fight Club, tout en réussissant mieux, sous la contrainte, le découpage complexe qui lui faisait défaut dans Zodiac. Observateur des failles de la société américaine, il détourne les codes du genre (procès, american way of life, réussite individuelle) pour mieux révéler la solitude des êtres.
The Ghostwriter reprend tous les fondements d'une filmographie prolifique et riche, du huis-clos à l'innocence saccagée, et propose le final le plus saisissant depuis longtemps, à la fois fluide, glacial et brutal. Roman Polanski, Ours d'argent à Berlin, jouit du spectacle qu'il assène. Avec un régal morbide, il enferme ses protagonistes dans une cage dont ils ne peuvent pas s'évader. Piège fatal, spirale infernale, la mécanique implacable est construite de main de maître, flirtant avec Hitchcock et ses propres chefs d'oeuvre (Répulsion, Cul-de-Sac, Chinatown).
Deux oeuvres froides sous leurs dehors chaleureux. Deux portraits d'un monde (économique et politique) désespérant.

DreamWorks Animation nous éclaire sur Me and My Shadow

Posté par vincy, le 30 décembre 2010

On a le temps de le voir venir. Mars 2013 c'est loin. D'ici là DreamWorks sortira (dans l'ordre) Kung Fu Panda 2, Puss in Boots (le Chat Potté de Shrek), The Croods, Madagascar 3, The Guardians. Me and My Shadow (Moi et mon ombre) sera évidemment en images de synthèse et en 3D mais aussi en animation traditionnelle. Ce mix est, du coup, une première pour le studio. L'ombre et le Monde des ombres seront dessinés à la main tandis que le monde réel sera en image assistée par ordinateur.

L'histoire suit un certain Shadow Stan, une ombre incroyablement frustrée qui rêve d'une vie plus palpitante que celle de Stanley Grubb à laquelle il est collée depuis sa naissance. Grubb est sans aucun doute l'être humain le plus ennuyeux du monde. Du coup, Stan va briser la règle suprême du Monde des Ombres ("Ils dirigent, nous suivons") pour prendre le contrôle de son "éclaireur".

Le scénario a été écrit par Steve Bencich et Ron Friedman, à qui l'on doit Frère des ours, Chicken Little, Les rebelles de la forêt, Comme chiens et chats 2... Le script a été revu par Tom Astle et Matt Ember (Max la menace, Get Smart).

La production débute cette année.

25 nouveaux classiques entrent à la Bibliothèque du Congrès Américain

Posté par vincy, le 29 décembre 2010

À peine disparus, de nombreux talents cinématographiques ont le droit au Panthéon. Irvin Kershner, Leslie Nielsen, Blake Edwards voient leur talent récompensé de manière posthume. La Bibliothèque du Congrès a intégré 25 nouveaux films du patrimoines, tous formats confondus, dans son Registre National, sorte d'Archives prestigieuses permettant de conserver les oeuvres les plus précieuses. Il faut dire que la 90% productions d'avant les années 20 ont disparu, et 50% des productions des années 20 à 50 sont perdues.

Cette année, les années 70 sont particulièrement bien représentées, tout comme les grands succès populaires.

- Le Lys de Brooklyn (1945), premier film d'Elia Kazan, conte de fée sentimental adapté d'un roman de Betty Smith. Un Oscar.

- Y-a-t-il un pilote dans l'avion? (1980), de Jim Abrahams, Jerry et David Zucker, avec Leslie Nielsen, Peter Graves et Lloyd Bridges. Et une histoire de gladiateur.

- Les Hommes du Président (1976), d'Alan J. Pakula, adapté des Mémoires des reporters qui ont découvert le scandale du Watergate, avec Dustin Hoffman et Robert Redford. Quatre Oscars.

- Le serment de Rio Jim (1914), de Reginald Baker. Premier film du cowboy William S. Hart.

- Cry of Jazz (1959), d'Edward Bland. Moyen métrage documentaire en noir et blanc sur les faubourgs afro-américains de Chicago.

- Electronic Labyrinth: THX 1138 4EB (1967), soit le court métrage universitaire de George Lucas, qui en fit un long produit par Coppola, THX 1138.

- Star Wars V : L'Empire contre-attaque, d'Irvin Kershner. Un triomphe mondial, deux Oscars et les vrais débuts d'une saga (et de son culte).

- L'Exorciste (1973), de William Friedkin. La quintessence du film d'horreur. Outre l'énorme succès, il a reçu 10 nominations aux Oscars (deux statuettes, dont le scénario!). Un record pour le genre.

- The Front Page (1931, de Lewis Milestone. Trois nominations aux Oscars pour cette comédie qui fut l'une de celles à installer les fondements du scénario à l'américaine. Pas moins de sept remakes ont été tournées (petits et grands écrans).

- Grey Gardens (1976), documentaire façon cinéma vérité d'Albert et David Maysles. Projeté à Cannes, il fut transposé en comédie musicale à Broadway, en pièce de théâtre, et en téléfilm pour HBO.

- I Am Joaquin (1969). Court métrage de Luis Valdez adapté d'un poème de Rodolfo "Corky" Gonzales, appartenant à al culture populaire des Chicanos d'Amérique.

- Une riche affaire (1934). Troisième comédie avec W.C. Fields à entrer dans la patrimoine américain. celui-ci fuit une source d'inspiration pour les Blues Brothers.

- Let There Be Light (1946), documentaire sur 75 soldats et leurs traumas, de John Huston produit pour le gouvernement américain.

- Solitude (1928). L'un des rares films américains du savant et cinéaste hongrois Paul Fejos. Ce film est considéré comme son chef d'oeuvre et est resté l'un de ses plus grands succès.

- Au crépuscule de la vie (1937). Drame de Leo McCarey sur un vieux couple ruiné par la dépression économique.

- Malcolm X (1992), biopic de Spike Lee sur l'activiste le plus controversé des années 50 et 60, avec Denzel Washington dans le rôle titre.

John McCabe (1971), soit un western de Robert Altman avec Warren Beatty et Julie Christie et trois chansons de Leonard Cohen.

- Newark Athlete (1891). Film expérimental qui fut l'un des premiers réalisés dans les laboratoires d'Edison.

- Our Lady of the Sphere (1969). Court métrage animé (et expérimental) de Lawrence Jordan, utilisant des fonds colorés et des collages en mouvements.

- La Panthère rose (1964). Premier film de la franchise. Énorme succès pour cette comédie de gags loufoques mise en scène par Blake Edwards. Première collaboration avec le génial Peter Sellers en Inspecteur Clouseau. Et première apparition de la fameuse panthère en dessin animé dans les génériques de début et de fin. Doit-on mentionner la musique de Mancini?

- Preservation of the Sign Language (1913) est un film étonnant de deux minutes, en langage des signes, et défendant les droits des malentendants.

- La Fièvre du samedi soir (1977), disco-movie de John Badham.  Le pantalon patte d'éph et moule burnes de John Travolta (nommé à l'Oscar quand même), la musique qui fait bouger le popotin, les chansons hurlées par des castrats. Le public s'est rué. Une suite a été tournée. Et une soixante de films lui ont fait référence depuis.

- Study of a River (1996). Court métrage sur le fleuve Hudson à travers les saisons.

- Tarantella (1940), de Mary Ellen Bute. Cinq minutes colorées et avant-gardistes qui mélangent une animation abstraite avec de la musique contemporaine. Pionnier dans le genre.

L’instant court : Music for one apartment and six drummers, « l’ancêtre » de Sound of noise

Posté par MpM, le 29 décembre 2010

Comme à Ecran Noir, on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Le jour d'avant réalisé par Denys Quélever, voici l’instant Court n° 13.

A partir d'aujourd'hui, on peut découvrir en salles un premier long métrage intelligent et jubilatoire, Sound of noise des Suédois Ola Simonsson et Johannes Stjarne Nilsson, qui a reçu le prix de la (toute) jeune critique ainsi que le Grand rail d'or lors du dernier festival de Cannes. On y suit un officier de police nommé Amadeus, né dans une famille de grands musiciens, mais lui-même allergique à la musique, qui croise le chemin d'un collectif de percussionnistes déjantés ayant décidé d'utiliser la ville comme instrument.

Or, en 2001, les deux réalisateurs étaient déjà venus à Cannes avec un court métrage intitulé Music for one apartment and six drummers, où six musiciens prennent possession d'un appartement inoccupé et jouent plusieurs morceaux de musique en utilisant le mobilier et les objets présents. Un petit bijou d'humour et de virtuosité qui a reçu plus de trente récompenses internationales, à (re)découvrir dès maintenant.

Les deux réalisateurs Ola Simonsson & Johannes Stjarne Nilsson reviennent sur cette expérience :

Ecran Noir : D’où est venue l’idée de ce court métrage ?

Johannes Stjarne Nilsson : Lorsque nous avons commencé à travailler sur ce court métrage, c’était plus ou moins basé sur une expérience dont nous nous demandions si elle était réalisable : obtenir de la bonne musique à partir d’objets de tous les jours. Nous nous demandions aussi s’il était possible que la musique et le son soient les personnages principaux d’une histoire. Que le son soit aussi important que l’image. Quand nous avons fait ce film, nous avons vraiment pensé que c’était un concept limité et qu’il n’intéresserait pas tellement de gens. Nous avons été surpris quand le film s’est révélé être un succès et que des gens de pays différents l’ont apprécié ! La musique est un vraiment un langage universel. Mais à l’époque, nous n’avions pas du tout l’ambition d’en faire un long métrage.

Ola Simonsson : Je me souviens que pendant le tournage du film, l’un des acteurs, Johannes, celui qui a une moustache, a demandé : "est-ce que le film va vraiment être montré quelque part ?" On lui a répondu : "oui, on espère…" Mais on ne peut jamais savoir à l’avance ! Lorsque nous avons fait ce film, nous avons fait quelque chose auquel nous croyions et que nous aimions, mais on ne sait jamais si quelqu’un d’autre va l’aimer… Nous avons fait d’autres courts métrages que nous aimions autant que celui-là et qui n’ont pas été diffusés autant que Music for an apartment. Nous avons trouvé quelque chose dans ce film qui parle aux gens.

EN: Avez-vous essayé de jouer dans les conditions du film ?

OS : Après le court-métrage, nous avons faits de nombreuses performances…

JSN : …mais pas à cette échelle !

OS : Non, le morceau le plus ambitieux était peut-être "Musique pour deux chariots élévateurs". C’était un gros morceau ! Mais ils ont aussi joué sur des journaux, des voitures, des saladiers en plastique, du matériel industriel… Pendant ces sessions, nous avons réuni plein de nouvelles idées et au final, il nous est apparu qu’il fallait les utiliser !

EN : Quel était le plus gros challenge en passant au long métrage ?

OS : Faire une histoire qui soit intéressante sur toute la longueur d’un long métrage et ne pas aligner des scènes musicales qui donnent l’impression de regarder un concert filmé ou d’être répétitives. Ce que nous avons transposé dans le long métrage, c’est bien sûr la musique, mais aussi la musique face à la criminalité. Nous avons eu envie d’approfondir ce thème de "batteurs criminels".

Lire l'intégralité de l'interview

Arthur Christmas arrive dans un an

Posté par vincy, le 29 décembre 2010

Vous ne connaissez pas Arthur Christmas? C'est le nouveau personnage inventé par les créateurs de Wallace et Gromit (et de Chicken Run), les studios Aardman Animation. Sony sortira le film (3D) en novembre 2011 au Royaume Uni et aux Etats-Unis et en décembre dans le reste de l'Europe.

Actuellement en post-production, le film de Sarah Smith et Barry Cook s'est offert un casting vocal de premier choix : James McAvoy (Arthur), Bill Nighy (Grand Père Noël), Hugh Laurie (Steve), Jim Broadbent (Père Noël), Imelda Staunton (Mme Père Noël).

Pour Aardman, cependant, il y a une dose de risques. Après trois films chez DreamWorks (le dernier, Souris City en 2006, a été un fiasco financier) et un Oscar du meilleur film d'animation, les fous de pâte à modeler ont été contraints de changer de partenaire hollywoodien.

DreamWorks ne cherchait plus de films forcément qualitatifs mais des blockbusters visant les 200 millions de $ aux USA. Aardman a du aller chercher un studio plus en phase avec son modèle créatif. Sony Pictures Animation a l'habitude des budgets massifs (100 millions de $ pour Les Rois de la glisse et Tempête de boulettes géantes) et des box office honorables (une moyenne de 200 millions de $ dans le monde avec trois films au compteur).

Remettant à plus tard Le lièvre et la Tortue, ils ont préféré investir sur cette histoire : "comment le Père Noël distribue tous ses cadeaux en une seule nuit? Grâce à un système ingénieux..." C'est ce que va découvrir un garçon qui doute de l'existence du Père Noël. Et cela a séduit Sony, qui voulait régénérer son département animation et cibler le marché européen, où Sony est plus faible.

Avec en poche un contrat de trois ans pour développer leurs projets, ils se sont lancés dans l'aventure d'Arthur Christmas, et commence celle de Pirates !, adaptée des livres de Gideon Defoe, et qui vient de recevoir le feu vert pour sa production. Aardman travaille d'abord à Bristol, en Angleterre, avant de migrer à Culver City en Californie. 18 mois à la maison et 18 mois à "Aardman West".

On nous promet une esthétique différente, pour ne pas dire surprenante, avec toujours ce mélange de charme, d'absurde et de références.

James Bond : Un Lion et ça repart

Posté par vincy, le 28 décembre 2010

500 millions de $ pour que le studio de la MGM soit remis à flots et évite la banqueroute. La banque JPMorgan a sauvé le Lion d'Hollywood qui espère toucher en plus quelques 250 millions de $ avec un emprunt séparé.

La première conséquence de ce sauvetage sera la relance du 23e James Bond, avec Daniel Craig (voir actualité du 21 avril dernier). Sony réembarquerait dans l'aventure comme cofinancier et distributeur. Sony / Columbia n'a pas signé un blockbuster depuis 2008 (Hancock, 228 millions de $ en Amérique du nord) et s'est trop reposé sur la franchise Spider-Man. 2010 sera une année moyenne, comme 2007 et 2008, loin de ses années fastes (2002, 2004, 2006) où il dominait Hollywood en part de marché. Seulement 5e cette année (son plus mauvais score depuis 2005), son plus gros succès est The Karate Kid (10e du B.O. annuel seulement) et il n'y a que quatre de ses films qui ont franchit le cap des 100 millions de $ (pour 18 sorties) en Amérique du Nord et le même nombre au niveau mondial. Certes Sony est favori pour l'Oscar du meilleur film avec The Social Network (192 millions de $ dans le monde), cependant, ce n'est pas ça qui fait bander les investisseurs.

Mais revenons à 007. Idéalement il devrait sortir fin 2012 pour les 50 ans du premier James Bond (Docteur No). De plus Sony n'a rien de prévu au delà du 21 septembre 2012 (Hotel Transylvannia).

Est-ce encore possible? Généralement, la pré-production débute un an avant le tournage qui s'effectue de janvier au printemps pour un film prêt vers début novembre. Il y a donc un an pour préparer cette production. Le script est écrit (par Peter Morgan, Neal Purvis et Robert Wade), l'acteur est sous contrat. Craig n'a rien de prévu après février 2011 (il tourne actuellement le remake de Millénium) hormis la promotion du premier Tintin à l'automne. Il ne s'est engagé sur aucun autre film cette année. Sam Mendès est plus occupé. Il développe une série télévisée, met en scène Kevin Spacey dans Richard III au théâtre (en juin), travaille sur l'adaptation d'un livre de Ian McEwan (voir actualité du 17 juin dernier), mais assure aussi qu'il se concentre essentiellement aux futures aventures de l'espion de sa majesté.

La MGM n'en restera pas là : Bilbo le Hobbit, la Panthère rose, Robocop, The Matarese Circle : autant d'adaptations ou de remakes que le studio veut relance pour dynamiser son catalogue et retrouver les faveurs du public. L'aube rouge, Cabin in the Woods et Zookeeper sont déjà prêts à sortir en salles. Le lion veut rugir de nouveau...

Encore un baiser : non, sans façon !

Posté par MpM, le 28 décembre 2010

"Pourquoi a-t-on ce besoin d'aimer ? Être aimé est plus simple et ne fait pas souffrir."

Synopsis : Dix ans après Juste un baiser, la petite bande de Carlo, Paolo, Alberto et les autres ne semble guère avoir changé. Les personnages sont maintenant obsédés par la crise de la quarantaine mais toujours tentés par la fuite et terrifiés par la solitude. Ils se cherchent, s'engueulent, se réconcilient et ne se rendent pas compte que c'est ça, la vie.

Notre avis : Si vous n'avez aucun souvenir des premières aventures de Carlo et de ses amis, le début d'Encore un baiser risque de vous paraître extrêmement confus : ça commence comme le portrait d'un éternel Dom Juan se réveillant brutalement à la quarantaine pour se rendre compte qu'il est passé à côté de sa vie, puis ça se poursuit comme un film de groupe où chaque membre réalise à son tour qu'il a enchaîné les mauvais choix, avant de basculer encore sur une autre piste. Mi-mélo, mi-comédie romantique, mi drame social, mi "comédie de moeurs"... le film est incapable de trouver le ton et la distance convenant à l'histoire qu'il essaye de raconter.

D'ailleurs, il ne semble pas trop sûr non plus de ce qu'il veut raconter. Du coup, le scénario fait de nombreux allers et retours entre constat pessimiste et espoir fou, amour retrouvé et amour à jamais perdu. Les personnages semblent des marionnettes soumises aux désirs d'un maniaque qui les fait changer d'avis tous les quarts d'heure. C'est souvent ridicule, parfois grotesque et presque jamais touchant ou drôle tant les situations oscillent entre la caricature et le simplisme, générant des rebondissements tous plus factices les uns que les autres, et allongeant inutilement le film.

D'ailleurs, Gabriele Muccino paraît avoir été incapable de trouver une fin qui lui convienne. Du coup nous en subissons trois ou quatre d'affilée, chacune partant dans une direction différente. Mais au final, bien sûr, les bons sentiments et la morale triomphent. Les personnages, à l'exception des deux "originaux" du groupe (le "fou" et le "rêveur"), rentrent dans le rang et assument leurs actes. Pas forcément heureux, mais pragmatiques.

Adieu à Bernard-Pierre Donnadieu (1949-2010)

Posté par vincy, le 27 décembre 2010


Né le 2 juillet 1949, l'acteur Bernard-Pierre Donnadieu est décédé ce lundi à Versailles à l'âge de 61 ans des suites d'un cancer. La mâchoire carrée, la silhouette bourrue de cet ancien élève de Robert Hossein lui avaient valu d'incarner souvent les rôles de criminels, de subversifs. Inoubliable (et brutal) dans La Passion Béatrice de Bertrand Tavernier, il était aux habitué aux rôles rudes (Le retour de Martin Guerre, où il faisait face à Depardieu, Rue Barbare, pour lequel il avait reçu une nomination au César du meilleur second rôle masculin, Les loups entre eux). Son physique massif, son visage dur l'ont conduit à interpréter des personnages hors-la-loi : gangsters, criminels, psychopathes, truands ... mais aussi des hommes de lois comme dans Le professionnel, où inspecteur, il affrontait Jean-Paul Belmondo.

Cette puissance qui menait souvent à des personnages dangereux, il l'a mise au service des plus grands dès 1975. D'abord dans le film émouvant, pessimiste et sombre de Jean-Louis Bertucelli, Docteur Françoise Gailland, puis en barman dans Le locataire de Polanski. Il enchaîne avec Monsieur Klein, grand film de Joseph Losey, avant de se faire enrôler par Claude Lelouch, Henri Verneuil, Eli Chouraqui, Patrice Chéreau (Judith Therpauve). Il est un second-rôle charismatique, à l'ombre d'un Bruno Cremer ou d'un Nils Arestrup, précurseur d'un Jean Réno, en bien plus intense, notamment dans le domaine du drame. Jean-Jacques Annaud en fait "La bête" dans Coup de tête.

Il aborde les années 80 avec une certaine renommée. L'époque est aux belles gueules et aux comiques. Il en est l'exact contraire. Lelouch le reprend dans Les Uns et les autres pour incarner un représentant humanitaire. Après Le Professionnel et Martin Guerre, deux énormes succès publics, il devient instituteur dans La vie est un roman d'Alain Resnais. Sa filmographie, à posteriori, apparaît plus nuancée que l'image qu'on en perçoit. Riche de grands cinéastes, variée, éclectique. Il est prêtre, tyran, Roi de France, tourne avec des auteurs danois, japonais, italiens, guinéen, polonais.

Pourtant, les producteurs et réalisateurs vont l'enfermer dans une certaine étiquette. Avec Rue Barbare, de Gilles Béhat, puis Les loups entre eux de José Giovanni, il semble s'attacher aux oeuvres violentes et noires. Terrifiant dans L'homme qui voulait savoir, de George Sluizer (1988), il remporte le prix d'interprétation aux festivals de Madrid et de Porto.

Il revient au Moyen Âge dans Justinien Trouvé ou le Bâtard de Dieu, film du producteur Christian Fechner, où il joue avec panache un navigateur au grand coeur. De même, il joue dans le deuxième film de Guillaume Nicloux, Faut pas rire du bonheur. Sa dernière participation cinématographique a deux ans avec Faubourg 36, mélo musical de Christophe Barratier, dans le rôle du bien nommé Galapiat "le bien aimé".

Car Donnadieu était aimé. Sans doute plus connu des téléspectateurs, où il fut omniprésent durant 35 ans grâce à Peter Kassovitz, Yves Boisset (il fut Charvet dans Jean Moulin) mais aussi des grandes figures comme Mirabeau, le Docteur Daniel Charbonière, Roger Salengro ou encore Vincent Guérin dans Jusqu'au bout, qui retrace la lutte des employés d'une usine classée Sevrso. Il obtint alors son premier FIPA d'or du meilleur acteur.

Le théâtre fut aussi clément avec lui. Georges Wilson lui fit jouer Tchekhov et Attali ; il fut aussi bon dans du Feydeau (mis en scène par Barratier) ou dans "Le roman d'un trader", en 2009.

Mais Donnadieu avait de multiples talents, et notamment sa voix. Dans Cars, de Pixar, il était celle de Doc Hudson. Dans Bee Movie, de DreamWorks, il la donnait à Layton Montgomery. Il fut surtout le doubleur de nombreux acteurs anglo-saxons : Dennis Hopper, Kurt Russel, Ron Perlman, Chazz Palminteri, Michael Madsen, John C. Reilly, Elias Koteas, Brendan Gleeson, James Gandolfini. Et Harvey Keitel dans cinq films!

Il était révolté et engagé, sans doute loin de son image en celluloïd tant son humanisme était loué. Ancien ouvrier spécialisé qui travaillait pour payer ses études de lettres et de théâtre, un accident du travail l'avait obligé à précipiter son destin. Ce mauvais garçon dans les films était considéré comme l'un des comédiens les plus sympathiques et serviables du cinéma français.

Les sociétés Lucasfilm et Pixar contraintes au libre échangisme

Posté par vincy, le 26 décembre 2010

Juste avant Noël, le Ministère américain de la justice a fait un très beau cadeau aux employés de Lucasfilm (le studio de George Lucas) et Pixar (filiale de Walt Disney). Il a obligé les deux entreprises à rompre un pacte anti-concurrence qui empêchait leurs employés de passer librement d'une société à l'autre… Cela concernait notamment les animateurs. Cette interdiction de débaucher les employés du concurrent "était un obstacle totalement injustifié à la concurrence pour les animateurs numériques", a estimé dans un communiqué Christine Varney, procureur-adjointe chargée de la division antimonopole du ministère de la Justice, qui poursuivait les deux sociétés depuis septembre.

Dès que le Ministère a déposé sa plainte contre Lucasfilm et Pixar mardi 21 décembre, les deux studios ont présenté un nouvel accord qui annule les dispositions du pacte antérieur.

Notons que Lucasfilm collabore depuis longtemps avec le groupe Walt Disney pour créer les attractions Star Wars et Indiana Jones dans leurs parcs d'attraction.