Arras 2010 : Trois questions à Damjan Kozole pour Slovenian girl

Posté par MpM, le 8 novembre 2010, dans Arras, Festivals, Films.

Damjan KozoleParmi les premières "découvertes européennes" présentées à Arras, Slovenian girl du Slovène Damjan Kozole fait une forte impression. Ce film qui aurait pu être choc, voire choquant, suit avec une grande rigueur stylistique et scénaristique la jeune Sacha, une étudiante qui se prostitue afin d'assouvir ses désirs de consommation.

On est frappé par la justesse de Nina Ivanisin, insondable monolithe que l'on croirait totalement dépourvu d'émotions, et par l'intelligence du scénario qui crée une ambiance anxyogène et délétère sans jamais déraper dans le sordide. Le réalisateur, à qui l'on doit déjà Labour equals freedom et Forever, présente lui-même Slovenian girl comme "un état des lieux de la société de consommation et des méfaits de l'avidité". Rencontre.

Ecran Noir : Vous situez très clairement votre film en 2008, au moment où la Slovénie a présidé l'Union européenne. C'est même un motif qui revient à plusieurs reprises dans l'histoire, et de manière plutôt négative.

Damjan Kozole : Je crois que c'est le point de vue de nombreuses personnes en Europe et c'était en tout cas le regard slovène à cette époque-là : nous avons eu l'illusion que le monde venait en Slovénie, et ensuite, il n'y a plus rien eu. C'était seulement un mouvement éphémère. Mon film n'est pas politique mais j'aime le fait qu'il y ait ce petit aspect politique. Et si cela donne l'impression que la Slovénie a été considérée comme la prostituée de l'Europe... c'est une interprétation possible.

EN : L'actrice Nina Ivanisin est impressionnante, avec son visage constamment fermé, sa froideur...

DK : C'était son premier rôle au cinéma et nous sommes entrés en conflit car elle voulait jouer comme elle l'avait appris. Mais moi je voulais qu'elle soit convaincante tout en étant naturelle. C'est une personne très différente de son personnage. Elle est amusante et extravagante et parfois elle voulait sourire, ou jouer de manière plus extravertie. Nous avons dû nous mettre d'accord pour qu'elle corresponde à la froideur et à l'insensibilité du personnage.

EN : Comment se porte la production de films en Slovénie ?

DK : A ma connaissance, Slovenian girl est le premier film slovène distribué en France [il sort le 2 février prochain]. Notre production nationale est très réduite, avec peut-être 4 ou 5 films par an. Mais ces oeuvres ont souvent beaucoup de succès dans les festivals internationaux. Ce qui est difficile, c'est de trouver ensuite un distributeur... Notre but est de montrer le plus possible nos films dans les festivals importants. Par exemple, Slovenian girl était à Sarajevo, puis à Toronto où Epicentre films l'a vu et a décidé de le sortir en France.

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Crédit photo : MpM

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