Exposition Larry Clark : ados sur les photos, pas devant

Posté par MpM, le 8 octobre 2010

Avant même de pouvoir découvrir la rétrospective consacrée à l’œuvre photographique de Larry Clark au Musée d’art moderne de la ville de Paris (qui ouvre ses portes aujourd'hui), on apprenait que l’exposition serait interdite aux moins de 18 ans. Ironique pour des photographies mettant justement en scène des adolescents...

La décision (relativement exceptionnelle dans le cadre d'un musée) est assumée par Christophe Girard, adjoint au maire à la culture : « La mairie de Paris n’est pas au-dessus des lois et, si nous pouvons chacun avoir nos convictions personnelles et citoyennes sur l’évolution du regard de la société sur la sexualité et la santé publique (toxicomanie), en tant qu’élus nous n’avons pas à nous affranchir de la législation pénale et faire courir des risques inconsidérés au Directeur du musée, au commissaire de l’exposition et aux agents du musée » ; mais critiquée par le monde de l’art et de nombreux médias, parmi lesquels Libération.

En signe de protestation et de solidarité avec l’artiste, le grand quotidien national faisait ainsi sa "une" jeudi 7 octobre avec l’une des photos ayant potentiellement provoqué cette interdiction, représentant un jeune couple en train de s’embrasser sur un canapé. Tous les deux sont nus, et la jeune femme tient explicitement dans la main le sexe en érection de son partenaire.

« La mairie de Paris prive les mineurs de l’exposition du photographe et cinéaste américain, chroniqueur du monde adolescent, de crainte de plaintes d’associations réactionnaires. Une décision choquante, condamnée par l’artiste », écrit Libération. « Personne ne conteste qu’il faille réguler la représentation publique de la pornographie ou bien proscrire les images à contenu manifestement pédophilique », explique Laurent Joffrin, le directeur du quotidien. « Le problème, c'est que les photos de Larry Clark, artiste respecté et talentueux, qu’on se dispose à interdire aux moins de 18 ans, ne ressortissent en rien à cette catégorie. [Elles] ont été exposées dans d’innombrables lieux sans être interdites. »

Il y a quelques jours, Larry Clark dénonçait dans Le monde une « attaque des adultes contre les adolescents », et proposait finement d’inverser l’interdiction et de l’appliquer aux plus de 18 ans. « C’est triste que le musée ne puisse pas faire venir les jeunes, mais ce n’est pas à moi de changer la loi », a-t-il également déploré. Sébastien Gokalp, le commissaire de l’exposition, a lui essayé d’apaiser le débat. « Larry Clark est un artiste majeur, sinon il n’attirerait pas autant de monde. Que les gens viennent et qu’ils jugent sur pièce. Qu’ils s’emplissent de ces œuvres, et ensuite on en reparlera. »

Malheureusement, les choses ne sont pas si simples. Le risque est en effet d’en arriver à une évacuation progressive de toute représentation artistique de la sexualité, notamment celle des jeunes, hors de la sphère publique. Comme le souligne Larry Clark lui-même : « Le dernier rapport visuel au sexe, et qui est déjà majoritaire, deviendrait donc celui de la pornographie, si accessible grâce aux sites en streaming.» Sans compter l’éternelle question du curseur : où s’arrête la frontière entre sexualité interdite et sensualité autorisée ? Si le "cas" Larry Clark fait jurisprudence, les interdictions n'ont peut-être pas fini de tomber…

Magimel, Tautou et Carré chez Jalil Lespert

Posté par vincy, le 8 octobre 2010

Jalil Lespert est surtout connu comme comédien : Le petit Lieutenant, Le promeneur du Champ de Mars, Ressources humaines... Il a joué sous la direction de Cantet, Maillot, Jacquot, Giusti, Benguigui, Resnais, Guédiguian, Beauvois, Canet... Jolie parcours. Il a aussi réalisé un premier film en 2007 : 24 mesures, avec Bouajila, Azabal, et Benoît Magimel. Il retrouvera ce dernier dans sa deuxième réalisation, Des vents contraires. Il a aussi convaincu Isabelle Carré et Audrey Tautou de se lancer dans l'aventure. Le casting comprend aussi Jean-Paul Rouve, Bouli Lanners et Ramzy Bedia (de Eric et Ramzy).

Co-scénarisé avec Marion Laine (Un coeur simple), il s'agit de l'adaptation du roman éponyme d'Olivier Adam, paru en 2009, et Grand prix RTL-Lire. L'auteur a souvent été adapté au cinéma ou à la télévision : Je vais bien ne t'en fais pas, Poids léger, A l'abri de rien.

Le tournage débutera en janvier en Bretagne et devrait sortir à la fin de l'année 2011. Tout indique qu'il sera sélectionnable pour Berlin en 2012.

Cinémathèque et Musée d’Art moderne : deux fois plus de Larry Clark

Posté par MpM, le 8 octobre 2010

Ken ParkAlors que le Musée d'Art moderne de la ville de Paris propose à partir d'aujourd'hui la première rétrospective européenne de l'œuvre photographique de Larry Clark (voir notre article), la Cinémathèque française consacre trois jours au versant cinématographique de la carrière de l'artiste américain.

Dès ce soir, plongée dans l'univers si particulier du cinéaste à travers son premier films, Kids (1995), un anti-teen movie bourré de rap et de sexe, avec l'actrice Chloé Sévigny. Samedi, les spectateurs pourront (re)découvrir Ken Park, Another day in paradise et Bully ; et surtout assister à la leçon de cinéma donnée par Larry Clark lui-même. Dimanche, ce sera au tour de Teenage caveman, Wassup rockers et Destricted.

Depuis ses débuts, en photographie comme au cinéma, Larry Clark s'est fait le chantre de l'adolescence américaine dépeinte sans fard et sans jugement de valeur, ce qui lui vaut l'admiration des uns et la réprobation des autres. Scènes crues, nihilisme, dissidence, désespoir... Le "kid" (mi-enfant, mi-ado) selon Larry Clark est déjà presque aussi foutu que ses parents démissionnaires, dysfonctionnels, ou tout simplement inexistants. Pendant que les ligues de vertu s'émeuvent, une certaine jeunesse s'y reconnaît, et fait confiance au cinéaste.

"Gus Van Sant et moi, nous avons démontré que les films mettant en scène des adolescents ne sont pas forcément des comédies bébêtes", explique ce dernier. "Je veux que les kids se reconnaissent en voyant mes films, c’est très important pour moi. C’est étonnant de constater que la culture américaine est orientée vers la jeunesse, mais qu’elle ne lui parle pas vraiment."

Erreur réparée avec cette œuvre radicale, réalisée en une petite dizaine d'années, qui complète admirablement le travail de portraitiste et presque de sociologue mené par Larry Clark tout au long de sa vie.

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Rétrospective Larry Clark à la cinémathèque française
Du 8 au 10 octobre
Renseignements sur le site de la Cinémathèque

Exposition "Kiss the past hello" au Musée d'art moderne
Du 8 octobre au 2 janvier 2011
Informations sur le site du Musée

L’instant Court : Noodles de Jordan Feldman, avec Zoé Félix

Posté par kristofy, le 8 octobre 2010

Si l'on vous demande quel est le dernier film que vous avez découvert dans une salle de cinéma, le dernier film regardé en DVD ou à la télévision, vous allez répondre en un instant. Et  le dernier court-métrage que vous avez vu ?

Comme c’est sur internet que de nombreux courts-métrages attendent d’être regardés par de nouveaux spectateurs, et comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors voici l’instant Court qui vous fera découvrir chaque semaine un nouveau film court.

Pour commencer, Noodles, le premier court-métrage de Jordan Feldman : Dans un restaurant japonais, à l'heure du déjeuner, l'apparition de Françoise provoque une réaction en chaîne chez les dégustateurs de nouilles.

On y voit Fabio Zenoni (acteur chez Benoit Cohen dans Nos enfants chéris et Qui m'aime me suive) qui réussit avec seulement différentes expressions de visages à nous communiquer son trouble à la vue d’une jolie brune. Il s’agit de Zoé Félix qui en 2003 est bizarrement encore une inconnue au cinéma alors qu’elle était l’héroïne en 1998 de Déjà Mort de Olivier Dahan.

Il faudra attendre un peu pour qu’elle soit de nouveau remarquée en bonne copine dans La beuze ou L’incruste pour enfin apparaître plus souvent sur grand-écran par exemple dans les films de Marc Esposito (dont Toute la beauté du monde) et dans le petit-écran de la télé en reprenant le rôle de Clara Sheller. Zoé Félix s’est aussi aventurée dans un nouveau registre avec le film Captifs, en salle depuis le 6 octobre.

Voila une drôle de rencontre dans un univers de bruits autour d’un plat de nouilles :

NOODLES from Jordan FELDMAN - Director on Vimeo.

NOODLES from Jordan FELDMAN - Director on Vimeo.

A sa sortie, Noodles avait été sélectionné dans de nombreux festival (Valenciennes, Sarlat, Berlin, Brest… et même New-York, Los Angeles, Sacramento). Aujourd’hui, le réalisateur Jordan Feldman nous a fait part de ses commentaires :

Ecran Noir :  Comment est née l'idée  du film ?

Jordan Feldman : C'est mon producteur chez Big Productions qui m'a demandé "d'écrire quelque chose". L'idée est venue d'un lieu, ma "cantine" à Paris, qui n'est pas le restaurant dans lequel est tourné le film d'ailleurs. J'avais depuis longtemps en tête de filmer quelque chose de chorégraphié, qui relève indirectement de la danse.

EN : Avec un scénario sans dialogues pour les acteurs ?

JF : Les acteurs investissent aussi leur personnages dans les gestes, les attitudes, la succession de ces différentes choses. C'est pour eux un langage comme les mots.

EN : Un nouveau projet ?

JF : Je suis en montage d'un documentaire que j'ai tourné au Texas.

Noodles
France – 2003 – 05,30min – Fiction – couleur

Production : Big Producitons
Réalisateur : Jordan Feldman
Scénario : Jordan Feldman
Interprétation : Fabio Zenoni, Zoé Felix…

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Noodles.