Jafar Panahi privé de Festival de Venise : une pétition sera lancée

Posté par vincy, le 1 septembre 2010

On s'en réjouissait à l'avance : après sa libération en mai et l'annonce de sa sélection au Festival de Venise, qui ouvre aujourd'hui, en août, la venue en Europe du réalisateur iranien Jafar Panahi devait être l'un des événements de cette rentrée cinématographique.

Mais le régime iranien l'a privé de passeport et il n'a pas pu se rendre à la présentation de son film mercredi au festival de Venise. Il s'est dit "emprisonné mentalement" dans un message lu au public avant la projection.

"On m'interdit de faire des films depuis cinq ans. Quand un réalisateur n'est pas autorisé à faire des films, il est emprisonné mentalement. Il n'est peut-être pas confiné dans une petite cellule, mais il erre cependant dans une prison plus grande", a écrit le cinéaste.

"Pourquoi faire un film devrait-il être un crime?" s'interroge le réalisateur iranien Jafar Panahi

"Je crois que tous les soutiens que j'ai reçus venaient d'individus et d'organisations qui croient fermement au cinéma et au droit des cinéastes à la liberté d'expression. Espérons qu'un jour les gouvernements du monde partageront cette croyance", conclut-il.

Son passeport a été révoqué il y a neuf mois et il attend son procès qui doit débuter fin septembre.

Quand on porte atteinte à la liberté de parole d'un cinéaste, le monde du cinéma se doit de faire quelque chose", a déclaré le directeur de Venice Days, Giorgio Gozzetti, qui a annoncé le lancement jeudi 2 septembre d'une pétition en faveur de Panahi.

Il devait présenter son court-métrage de 9 minutes, intitulé L'accordéon, dans le cadre de la section Venice Days, produit avec le soutien d'Arte (qui fêtait ses 20 ans pour l'occasion) par "Art of the world" et Dorje Film dans le cadre d'un projet de 18 courts sur la thématique des droits de l'Homme.

"L'absence de Panahi nous cause une grande tristesse, ils veulent l'affaiblir psychologiquement", a déclaré à l'AFP Flaminio Zadra, directeur de Dorje Film.

Le film raconte avec tendresse l'aventure d'un garçon et de sa petite soeur privés de leur accordéon parce qu'ils ont joué près d'une mosquée. "Le film est inspiré d'une histoire que j'ai lue quand j'étais adolescent sur un jeune musicien qui voulait jouer devant une mosquée. Un homme qui travaillait à côté n'aimait pas son "instrument hérétique" et l'avait brisé. Je n'aimais pas cette fin violente et je voulais raconter cette histoire dans une version où la violence n'était plus nécessaire. Alors on peut dire que le thème de mon film est la non-violence et le rejet de la violence, qui devraient être de rigueur à notre époque. Il a été tourné à Shiraz (sud de l'Iran) un mois avant mon arrestation cet hiver. Le tournage s'est bien passé."

Rappelons qu'il a été emprisonné en mars parce qu'il tournait un film sur une famille et les événements post-électoraux de juin 2009. "Nous tournions chez moi, et 30% des scènes étaient tournées, mais ils ont saisis tous mes rushes."

Dans un entretien téléphonique daté du 22 août, il avoue être désemparé face aux gouvernants de son pays. "Il y a toujours eu des restrictions mais l'année passée a été la pire. Il y a des pressions sur tout le monde (...) Un film terminé peut être interdit, mais pas le réalisateur. Je n'ai pas vraiment travaillé pendant cinq ans. Je voulais faire un film sur la guerre (Iran-Irak) il y a deux ans. Ils ne m'y ont pas autorisé. Ils ont eu un problème personnel avec moi (...) Toutefois je n'arrive pas être pessimiste. Des entraves ont toujours existé et cette période finira un jour elle aussi. Il est important d'être patient et de résister. Quand un cinéaste ne fait pas de films, c'est comme s'il était en prison. Même quand il est libéré d'une petite prison, il se retrouve à errer dans une prison plus grande. Je suis amoureux de mon pays et malgré ses limites je ne voudrais jamais vivre ailleurs".

Venise 2010 : 3 questions à Andrew Lau pour Legend of the fist

Posté par MpM, le 1 septembre 2010

Andrew Lau (Infernal affairs, Confession of pain), est extremement surpris d'être à Venise avec Legend of the fist, the return of Chen Zhen, un film d'action en forme d'hommage à Bruce Lee. D'autant qu'il est le 2e film officiel d'ouverture, juste après le très attendu Black Swan de Darren Aronosfky. Pression, vous avez dit pression ?

EN : Bien sur, il plane sur Legend of the fist l'ombre de Bruce Lee, qui a été l'un des inoubliables interprètes de Chen Zhen, le héros. Quelles différences y a-t-il entre votre film et celui de Bruce Lee ?

Andrew Lau : L'histoire est différente, nous avons fait pas mal d'actualisations. Mais on retrouve bien sur des scènes d'action trèes classiques, comme celle avec le nunchaku.

EN : Comment avez-vous appréhendé cette situation : prendre la suite de Bruce Lee ?

Andrew Lau :Vous savez, Bruce Lee était très bon et absolument tout le monde le connaissait. Pas seulement à Hong Kong ou en Chine. C'était donc un énorme challenge. Mes épaules sont lourdes d'avoir du supporter un tel poids... Je l'ai dit dès le départ, et il était important que nous restions soudés pour que cela fonctionne et que le film soit quelque chose de nouveau. Meme Donnie Yen [NDLR : qui a déjà interprété Chen Zhen dans une série télé des 90's] avait une grosse pression. C'est aussi pourquoi nous avons complétement changé l'histoire.

EN : Votre film est officiellement le 2e film d'ouverture de cette Mostra, ce qui confirme l'intéret croissant des festivals prestigieux pour les films d'action...

Andrew Lau : Pour moi, cela a été une véritable surprise. Tant de festivals se mettent à apprécier nos films ! Peut-etre que ce qui a plu dans celui-ci, c'est le sujet et l'époque [impérialisme japonais et séquelles de la première guerre mondiale]... Pour moi, c'est un cauchemar car je suis très paresseux... je veux juste faire des films (il rit). Mais ici c'est différent, d'autant qu'après je pars à Toronto !