Aux USA, va-t-on pouvoir parier sur le box office d’un film…?

Posté par vincy, le 23 juin 2010, dans Business.

On imagine déjà la publicité en France : Seabiscuit contre L'étalon noir et le slogan de Pmu.fr pour inciter à parier en ligne sur l'un ou l'autre.

Aux USA, les autorités fédérales de régulation des produits dérivés ont accepté, malgré la résistance active des studios, que le cinéma devienne une marchandise comme une autre. 3 voix contre 2. C'est dire si les débats ont du diviser. Cette décision controversée va permettre à une société comme Trend Exchange, une des plate-formes boursières du pays, de "lancer des contrats à terme basés sur les recettes engrangées par un film aux Etats-Unis au cours de son premier week-end de sortie en salles". Trend Exchange s'est associé à Rentrack, société spécialisée dans les analyses et mesures du secteur culturel et médiatique. L'autre plate-forme, Cantor Exchange, a fait examiné sa demande, qui sera entendue, et sans doute approuvée, le 28 juin.

La course aux records va donc s'amplifier et obligera les studios à sortir leur film sur un maximum d'écrans et les salles de cinéma à ne miser finalement que sur les grosses sorties : pour le coup, les films étrangers ou les productions moyennes ou indépendantes vont souffrir. Déjà qu'elles n'étaient pas en grande forme ces dernières années...

Des investisseurs pourront donc acheter des titres estimant les recettes d'un film. Selon le score final connu le lundi après midi, ils engrangeront des pertes ou des bénéfices. Les autorités ne font qu'appliquer une réglementation déjà en vigueur chez les agriculteurs. Pour eux, il s'agit d'une mesure qui atténue les risques financiers associés aux gros budgets, en se protégeant des enjeux financiers liés au box office.

Mais cela peut conduire à des dérives. A quand des contrats sur la mort ou l'empêchement d'une star à tourner? Et quid de la réputation d'un film auprès des actionnaires d'un studio ou même du public, avant même la sortie d'un film, puisque l'objectif ne sera plus cinématographique mais financier?

En ouvrant la boîte de Pandore, les autorités fédérales ont tout simplement permit de faire des paris sur la performance d'un film.

Il reste l'appel au Congrès.  Le Sénat doit confirmer une proposition de loi  (54 mots sur 1974 pages) interdisant ce genre de produits, introduite dans le projet de loi  sur la réforme financière, actuellement en discussion. La Loi doit être signée le 4 juillet par le président Barack Obama, et elle comprend la réforme financière de la Chambre des représentants, qui, elle, n'inclut pas cet amendement. Tout est donc entre les mains des Sénateurs, majoritairement démocrates.

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