Moyen-Orient (2/4) : en Irak, le cinéma essaie de renaître…

Posté par vincy, le 6 juin 2010

De tous les pays du Moyen-Orient, si l'on excepte l'Iran, le cinéma irakien  longtemps été le plus dynamique. Mais voilà, depuis la chute du régime de Saddam Hussein, les salles sont fantomatiques, la fréquentation anémique, et l'idée même d'aller au cinéma est considérée comme une subversion (voire une perversité).

Il ne reste que cinq salles de cinéma, en mauvais état, en Irak : trois à Bagdad et deux au Kuridistan. Avant 2003, il y en avait 20 dans la capitale et une trentaine dans le reste du pays.

Comme des cinémas X à l'abandon, ces salles ont des sièges défoncés, des écrans usés,sans compter les néons toujours allumés pour défier les coupures d'électricité. Souvent les copies sont des DVD piratés de qualité médiocre. Il faut dire qu'une copie 35 mm est hors de prix pour ce pays à l'économie ravagée. Pour attirer les spectateurs, les propriétaires n'hésitent pas à montrer des affiches de (vieux) films avec ces actrices occidentales dans des tenues très échancrées. Ce qui nourrit l'accusation envers les spectateurs d'y aller pour assouvir leurs penchants pervers (voir des femmes nus ou des films à tendance homosexuelle).

Pire, les irakiens n'ayant plus l'habitude d'aller au cinéma, le désir a disparu. Surtout, les irakiens ont peur de se rassembler dans des lieux publics, à cause des attentats, qui ont notamment eu raison de la dernière salle de Bassora.

La télévision, les DVD pirates, les chaînes par satellite ont comblé le vide. On peut cependant espérer que les choses vont changer. Une salle de cinéma légendaire pourrait réouvrir, le Sémiramis, grâce à une initiative de deux nostalgiques. Ils diffuseraient des films égyptiens, des pièces de théâtre comiques...

De même, et on l'a vu récemment au Festival du Film du Golfe de Dubaï (voir actualité du 1er juin), le cinéma irakien, aidé par des capitaux souvent anglais, des jeunes cinéastes et documentaristes émergent avec la volonté de donner un regard singulier sur ce que leur pays est devenu...

Cannes 2010 : Armadillo, Roi en son pays

Posté par vincy, le 6 juin 2010

Grand prix de la Semaine internationale de la critique à Cannes, Armadillo a aussi frôlé la Caméra d'or (prix du meilleur premier film toutes sélections confondues). Le documentaire danois de Janus Metz, soutenu par une forte polémique politique dans son pays, a réussi un exploit au Box Office. Lors de son lancement la semaine dernière, il a gagné les suffrages du public avec 22 000 spectateurs (56 écrans), dominant tous les autres films, y compris Robin des Bois (2e) et Prince of Persia (3e).

C'est le premier film danois à s'arroger la première place du box office hebdomadaire depuis la comédie familiale locale, Far til Fire - pa japansk en février dernier.

La controverse a aidé. Un véritable débat s'est engagé au Danemark depuis sa projection cannoise. Le doute sur l'engagement du pas en Afghanistan exprimé par l'un des soldats témoins mais surtout la séquence où les soldats achèvent cinq talibans à contraint l'ensemble de la classe politique et même l'armée nationale à se justifier, puis finalement à ouvrir une enquête officielle.