Cannes 2010 : grève de la faim pour Jafar Panahi, soutenu par Kiarostami

Posté par Sabrina, le 19 mai 2010, dans Cannes, Festivals, Personnalités, célébrités, stars.

Plus que jamais, le Festival de Cannes est aux Affaires Étrangères. Tandis que le cinéaste iranien Abbas Kiarostami réclamait la libération de son compatriote et ancien assistant Jafar Panahi lors la conférence de presse cannoise dédiée à son film Copie conforme, mardi 18 mai, une seconde missive du réalisateur emprisonné à Téhéran nous est parvenue. Énonçant d'ores et déjà ses dernières volontés en cas de décès, Jafar Panahi, qui a entamé une grève de la faim, y déclare, entre autres, avoir subi mauvais traitements, pressions et menaces à l'égard de sa famille.

"Le fait qu'un réalisateur ait été emprisonné est en soi intolérable", a déclaré Abbas Kiarostami, ne manquant pas de rappeler que "si le gouvernement iranien continue à refuser de libérer Jafar... alors il nous faut une explication parce que je ne comprends pas comment un film peut être considéré comme un crime, surtout quand ce film n'a pas encore été fait". "Lorsqu'un réalisateur, un artiste est emprisonné, c'est l'art dans son ensemble qui est attaqué", a-t-il ajouté.

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Lettre de Jafar PANAHI /18 mai 2010

Par la présente je déclare les mauvais traitements subis dans la prison d’Evin.

Samedi 15 mai 2010, les gardes de la prison sont entrés subitement dans notre cellule n° 56. Ils nous ont emmené, moi et mes camarades de cellules, nous ont dénudé et gardé dans le froid pendant une heure et demie.

Dimanche matin, ils m’ont emmené dans la salle d’interrogatoire et m’ont accusé d’avoir filmé l’intérieur de ma cellule, ce qui est complètement faux. Ils ont par la suite menacé d’emprisonner ma famille à Evin et de maltraiter ma fille dans une prison insécurisée dans la ville de Rejayi Shahr.

Je n’ai rien bu ni mangé depuis dimanche matin, et je déclare que si mes volontés ne sont pas respectées, je continuerai mes instants sans boire ni manger. Je ne veux pas être un rat de laboratoire, victime de leurs jeux malsains, menacé et torturé psychologiquement.

Mes volontés sont :

- La possibilité de contacter et de voir ma famille, et l’assurance totale de leur sécurité.

- Le droit d’avoir et de communiquer avec un avocat, après 77 jours d’emprisonnement.

- Une liberté sans condition jusqu’au jour de mon jugement et du verdict final.

- Enfin, je jure sur le cinéma, auquel je crois : je ne cesserai ma grève qu’une fois mes volontés assouvies.

 Ma dernière volonté est que ma dépouille soit rendue à ma famille pour qu’elle puisse m’enterrer où elle le souhaite.

Jafar PANAHI
(Source : Centre Culturel Pouya / Déclarations relayées via le site La règle du jeu)

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