Deauville Asia : les films d’action se cherchent

Posté par kristofy, le 17 mars 2010

The sword with no nameLe Jury Action Asia du Festival du film asiatique de Deauville a surpris son monde en choisissant de ne pas récompenser Bodyguards and assassins, le favori de la sélection. Les années précédentes, le film primé s’imposait naturellement pour ensuite devenir une référence du genre : par exemple Ong-bak ou Dog bite dog pour la baston qui cogne, ou A bittersweet life et The chaser pour le polar qui tue.

Mais cette année, le président Florent Emilio Siri et ses jurés Thierry Frémont, Samuel Le Bihan, Cécile Télerman, Malik Zidi et Vikash Dhorasoo ont décerné le prix Action Asia  à The sword with no name de Kim Yong-Kyun (notre photo),  film en costumes sur la romance impossible entre un mercenaire et la dernière reine de Corée. Le héros va protéger sa belle, menacée par des dignitaires de la dynastie Joseon, tant qu’il le peut, et il y a bien entendu quelques scènes d’action, mais le problème vient qu’elles sont très mal intégrées avec le reste (un duel sur une barque comme dans un jeu vidéo, un combat sur glace sorti de "Holiday on ice"…). On pourrait même penser que le film serait meilleur sans ces scènes d’action... lui remettre le prix est donc assez curieux !

Le film favori de tous (professionnels, presse, public), Bodyguards and assassins du réalisateur Teddy Chen, qui était présent à Deauville,  devrait être prochainement visible (distribué par Metropolitan) sur les écrans, ce qui donnera d'une certaine manière tort au jury de ne pas l’avoir reconnu comme prix Action Asia 2010. En 1906, la révolte couve pour renverser la dynastie Qing et on annonce l’arrivée de l’activiste Sun Yat-Sen qui vient unifier les délégués des différentes provinces. Il s’agit pour certains personnages de le protéger tout le long de son parcours et pour d’autres de l’assassiner. Le début du film prend le temps de dévoiler les différents protagonistes, puis ensuite tous les moyens sont bons pour accomplir leur mission : pièges, arbalètes, poignards, bombe, kung-fu….

Bodyguards and assassins a été en partie produit par Peter Ho-Sun Chan (réalisateur de Perhaps love et Les seigneurs de la guerre) qui devient un habitué des films à gros budget à la fois spectaculaires et populaires. Ne dérogeant pas à la règle, le film est une illustration du savoir-faire en matière de super-production venant de Chine : des stars à l’écran (Donnie Yen, Tony Leung Ka Fai, Simon Yam, Nicholas Tse, Eric Tsang…), une trame politique (l’espoir de la révolution de 1911), et de l’action presque à chaque coin de rue.

Outre ces deux incursions dans l'Histoire (n'hésitant pas à prendre des libertés avec la véracité de faits), la sélection Action Asia a fait voir quelques nouveautés, notamment en donnant une plus grande place à des personnages différents. Par exemple, si notre ami l’acteur Simon Yam était au générique de trois des cinq films en compétition, ce n’était pas en tant que héros, mais plutôt comme second rôle plus ou moins sympathique. Par contre, c’est son comparse Lam Suet (habitué aux rôles de "gros" un peu sot) qui devient la vedette de Tactical unit : comrades in arms, une production maison de Johnnie To réalisée par un de ses disciples Law Wing-Cheong. Il s’agit de la dernière déclinaison PTU pour le cinéma (les autres films Tactical unit... sont en dvd) avec cette fois deux patrouilles rivales qui se perdent dans une forêt à la poursuite d’un gang de voleurs.

Autre personnages atypiques, quelques acteurs français apparaissent dans les films d’action asiatiques avec la présence discrète de Sophie Broustal dans The sword with no name et un groupe de musclés qui protègent un ordinateur dans Clash du vietnamien Le Thanh Son. Dans ce film où le scénario basique est prétexte à une succession de bagarres énergiques, c’est une femme experte en arts martiaux qui est l’héroïne. Ce sont aussi deux femmes qui sont les combattantes les plus violentes dans Bad blood du chinois Denis S. Y. Law, et d'ailleurs aucun homme ne résiste aux coups de ces deux furies...

Efficace, donc, mais cette sélection parallèle du Festival gagnerait à être étoffée d’un film en plus (6 au lieu de 5), par exemple du genre fantastique qui fait peur, histoire de varier les plaisirs Action Asia.

La région Île-de-France veut investir dans le relief

Posté par vincy, le 17 mars 2010

Le cinéma (et la télévision) représente déjà le principal effort budgétaire culturel de la région Île-de-France, la plus riche du pays. Dotée d'un fond de soutien, crée en 2001, elle a aidé 241 films et 155 oeuvres audiovisuelles pour un total de 98 millions d'euros. L'impact économique d'un tournage est à ce prix.  La dernière commission a permis de sélectionné 6 nouveaux longs métrages, parmi lesquels les prochains Claude Miller et Lou Ye, et six oeuvres télévisuelles, dont un documentaire sur Roberto Saviano (Gomorra), soit près de 3 millions d'euros d'apports.

En 2006, la région a créé quatre nouvelles aides à la post-production (numérique et argentique), facilitant ainsi leur montage ou leur distribution. Cela a concerné 36 longs métrages et 35 courts métrages. En souhaitant créer un fonds pour la 3D Relief, la collectivité fait un pas supplémentaire vers la mutation numérique, tout en "protégeant" un secteur fragile financièrement : les prestataires techniques et d'effets spéciaux. Ce fonds de soutien à la création numérique serait doté d'un budget de 5 millions d'euros et concernerait aussi bien les longs métrages que les jeux vidéos.

Seul échec à noter : sa politique dans les festivals. La région a été incapable d'installer son propre événement. Le festival du film de Paris, un temps rescapé par le conseil régional, a disparu. Le Festival International du Film d'environnement manque toujours de visibilité. Les aides sont plus performantes quand il s'agit de soutenir des manifestations d'initiative locale ou départementale (Rencontres cinématographiques de Seine-Saint-Denis). Clairement, la création de Paris Cinéma par Bertrand Delanoë et Christophe Girard a relégué la Région à un simple figurant financier.