Résidence de la Cinéfondation : 10 bougies et plusieurs dizaines de films

Posté par MpM, le 9 mars 2010

residence.jpgPour son 10e anniversaire, la Résidence de la Cinéfondation du festival de Cannes fait le point sur son action. Depuis 2000, 65% des projets accompagnés par l'institution ont été tournés, et la plupart du temps distribués. Un chiffre qui se porte à 95% si l'on prend en compte les 24 longs métrages actuellement au stade de la pré-production.

Sont notamment passés par ce véritable tremplin professionnel Emily Young (Kiss of life), Djamshed Usmonov (L'ange de l'épaule droite), Lucrecia Martel (La nina Santa, La femme sans tête, tous deux sélectionnés en compétition officielle à Cannes), Vimukthi Jayasundara (caméra d'or à Cannes en 2005 avec La terre abandonnée), Jaime Rosales (La soledad, Un tir dans la tête) et Nadine Labaki (Caramel).

Depuis le 1er mars, six nouveaux lauréats sélectionnés parmi 200 candidats ont à leur tour rejoint le programme : Yaelle Kayam (Israélienne, 31 ans), Dominga Sotomayor (Chilienne, 25 ans), Franco Lolli (Colombien, 27 ans), Daniel Joseph Borgman (Néo-Zélandais, 29 ans), Michel Franco (Mexicain, 30 ans) et Cristian Jiménez (Chilien, 35 ans). Ce dernier est le seul à avoir déjà un long métrage à son actif (Ilusiones Opticas sorti en février 2010).

Jusqu'au 15 juillet, les six réalisateurs profiteront ainsi de l'infrastructure de la Résidence pour écrire leur scénario et préparer le tournage de leur film. Avant, qui sait, de fouler le tapis rouge cannois sur les traces de leurs aînés...

Nord : Bienvenue chez les Samis!

Posté par Claire Fayau, le 9 mars 2010

nord.jpg"- Tu as un fils de quatre ans..."

L'histoire : Jomar Henriksen, ancien skieur professionnel, travaille comme employé sur les pistes. Il ne veut désormais plus entendre parler du ski et néglige les tâches qu'on lui a confiées. Il passe son temps à fumer, à boire et surtout à ne rien faire.Un jour, un ancien copain se présente chez lui et lui annonce qu'il est le père d'un enfant qui vit avec sa mère dans le nord du pays. C'est le moment ou jamais de tourner le dos à cette existence vide. Commence ainsi un voyage avec sa motoneige ponctué de rencontres loufoques et d'aventures insolites. (in DP)

Prix FIPRESCI au 59 e festival international du film de Berlin.

Notre avis : Ce Nord se situe dans le Royaume enneigé de la Norvège, et fait du hors pistes dans le monde du cinéma. Un premier long métrage de fiction confectionné avec soin par  Rune Denstad Langlo, documentariste chevronné.

En route pour le Nord! Plus que les dialogues, le scénario ou le rythme au style réaliste, la vérité et la beauté du film se trouvent ailleurs : dans la mélancolie des paysages et le climat extrême près du cercle polaire. Le réalisateur a eu la bonne  idée de réaliser un  Norway  of  life  road movie (oui, mais à défaut de route, il y a la motoneige et le ski...), ce qui nous dépayse en soi.

Anders Baasmo Christiansen. L'autre bonne idée est le choix de l'acteur pour le personnage de l'anti-héros. ABC, plus simple à écrire, ressemble à un ours mal léché, surmonté d'une tête de bébé lunaire . C'est l'un de seuls acteurs professionnels du film. Il est parfait dans le rôle de Jomar, qui se met toujours dans des situations incroyables pour mieux réjouir le spectateur. Par exemple, il brûle deux refuges (par inadvertance ?). Oublie ses lunettes de protection, se retrouvant donc aveuglé par la réverbération sur la neige ... Quand  il n'a pas les yeux bandés, son regard est hébété par l'incompréhension ou l'alcool   ... Jomar ne crache pas sur l'alcool et testera une méthode originale pour se soûler (scène qui nous laisse encore bouche bée). En cassant sa motoneige, il manquera aussi de se faire tuer par des militaires en plein exercice. Absurde et loufoque.

Un Norway of life bien rude imbibé d'alcools. En comparaison, les nordistes décrits par Galabru dans Bienvenue chez les Chtis paraissent bien sobres et chaleureux. S'il se trouve bizarre et dépressif, Jomar réalise qu'il existe encore plus mélancolique et seul que lui dans ce trou du cul du monde. Ce voyage initiatique aux rencontres bien incongrues (le vieux Sami qui vit en ermite avec sa motoneige enchaînée à sa cheville) rappelle même le Fargo des frères Coen.

Et  à la fin ? Il va mieux ? Sans dévoiler l'intrigue,  on pourrait penser que tous ces individus croisés en chemin vont transformer l'asocial et  immature Jomar... Ou pas ! Chacun  y ira de son interprétation. Ce n'est pas dans les dialogues minimalistes qu'on trouvera une vérité. Un no hero, no buddy  movie, épuré et drôle, malgré quelques longueurs et un scénario qui parfois se relâche.

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site internet du film