Alice au pays des merveilles : dès le titre, nous étions trompés…

Posté par vincy, le 2 mars 2010

alicewonderland_blog.jpg Premières impressions à la sortie de la première projection française d'Alice au pays des merveilles, de Tim Burton. On est presqu'étonné que Disney ait collé sa marque à un film aussi noir, et parfois trash  (trois scènes sont vivement déconseillées aux plus jeunes). On est tout aussi surpris que cette suite au dessin animé de 1951 s'intitule Alice au pays des merveilles tant elle visite le monde des horreurs. Burton reprend bien les personnages mais revisite complètement l'histoire, en la transposant des années plus tard, dans un "Wonderland" devenu "Underland", détruit par une guerre entre deux Reines - la méchante et la gentille.

Cette immersion dans les enfers a une énorme qualité : le cinéaste s'est approprié le conte de Lewis Carroll. Il l'a fait sien, et en a irrigué tous ses thèmes et ses codes visuels. C'est aussi la limite. Burton se complaît dans son univers esthétique (perfectionniste et riche comme d'habitude), s'amuse avec des décors virtuels et maîtrise les mouvements et la vitesse de ses créatures. Mais le scénario manque de rigueur et fait perdre parfois le rythme ou la tension nécessaires. Surtout, les personnages manquent de substance et s'avèrent tout aussi "virtuels" que cet Underland. Il n'y a bien qu'Alice qui apporte un peu d'humanité...

Le film passe finalement à côté de son sujet et de son enjeu. Belle parabole de la force de l'imaginaire, il s'oublie à tout expliquer et à donner une réalité à cette évasion de l'esprit. On est davantage contrarié par le manque d'intensité lors des séquences cruciales.

Le 3D, de son côté, se révèle inutile. Burton n'a fait aucun effort pour que son film ait du relief. Une machine efficace mais loin de ses premiers contes fantastiques.

Nouvelle arrestation du cinéaste iranien Jafar Panahi

Posté par MpM, le 2 mars 2010

jafar panahiLe procureur général de Téhéran a confirmé l'arrestation du cinéaste iranien Jafar Panahi lundi soir, alors qu'il était en compagnie de sa femme, de sa fille et de plusieurs invités. C'est le fils du réalisateur qui a donné l'alerte, précisant qu'une perquisition et des saisies ont eu lieu suite à cette arrestation. Toutefois, selon le procureur, "Jafar Panahi n'a pas été arrêté parce que c'est un artiste ou pour des raisons politiques. Il a commis un délit et a été arrêté sur ordre du juge en compagnie d'une autre personne." Une enquête serait en cours, mais on ignore encore ce qui lui est officiellement reproché.

Jafar Panahi, chef de file de la Nouvelle vague iranienne et récompensé dans tous les grands festivals internationaux (Caméra d'or à Cannes, Lion d'or à Venise, Ours d'argent à Berlin...), est un soutien fidèle de l'opposition au régime du président Ahmadinejad. Il avait notamment soutenu Mir Hossein Moussavi lors de la présidentielle, et s'est fait brièvement arrêter à l'été 2009 pour avoir assisté à une cérémonie à la mémoire de Neda, jeune manifestante tuée lors des manifestations de protestations contre la réélection d'Ahmadinejad.

Depuis sa participation au Festival de Montréal, où il avait réaffirmé sa solidarité avec l'opposition en arborant la couleur verte des manifestants, Jafar Panahi s'est vu interdire de quitter le territoire iranien. Il n'a ainsi pu assister ni au festival de Vesoul, qui lui remettait un Cyclo d'honneur pour son engagement en faveur de la liberté, ni à celui de Berlin (voir actualité du 16 février 2010) , dont il était pourtant l'invité d'honneur.

En cette période de forte répression, l'arrestation de Jafar Panahi trahit l'intransigeance du régime iranien, bien décidé à ne pas céder un pouce de terrain à ses opposants, et provoque une nouvelle fois l'inquiétude et la colère des défenseurs des droits de l'homme.