Vesoul 2010 : un documentaire sur le festival en guise de miroir

Posté par kristofy, le 30 janvier 2010

frederic ambroisineComme toutes les belles histoires, celle de Vesoul commence par "il était une fois"… Il était une fois dans la ville de Vesoul en Franche-Comté deux professeurs et documentalistes, Martine et Jean-Marc Thérouanne, qui ont commencé à organiser un festival de cinéma dédié aux films asiatiques, puis les ont rejoint une troisième personne puis d’autres encore. Maintenant en 2010 c’est la 16ème édition du Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul, le FICA est reconnu au niveau international. Le 15ème anniversaire l’année dernière était l’occasion de filmer les coulisses du festival, et ces images sont devenues un documentaire projeté cette année.

C’est Frédéric Ambroisine (notre photo), journaliste et réalisateur de bonus dvd de films asiatiques, qui a réalisé ce documentaire FICA : du proche à l’extrême orient, soit un montage de plus d’une heure de la vie du festival de 2009. On y voit les organisateurs se souvenir des débuts qui était presque un ciné-club avec la conviction que la culture n’est pas réservée aux grandes villes ni à une élite intellectuelle.

Depuis le festival s’est développé et a changé de lieu, c’est environ 25 000 spectateurs en une semaine et 700 films qui ont été montré en 15 ans. On revoit certains temps forts de l’année dernière comme la venue du réalisateur Mohsen Makhmalbaf avec sa famille ou les échanges de points de vue entre les membres du jury jeunes. Le documentaire fait aussi la part belle aux passionnés bénévoles qui participent activement à son organisation.

On découvre Wafa Ghermani gère l’accueil des professionnels et qui fait la traductrice, Eugénie Zvonkine évoque la chance de pouvoir découvrir des films russophones ici, ou encore Anaïs qui conduit les invités en discutant avec eux dans la voiture, et même la directrice Martine Thérouanne qui vérifie un sous-titrage. Les différents cinéastes et acteurs invités sont heureux de la réelle proximité avec le public avec des échanges après les séances ou même des discussions autour d’un verre.

Vesoul est devenue capitale de l’Asie et souvent la première fenêtre européenne de distributions de certains films, dont certains ne peuvent même pas être vus dans leurs pays d’origine. Le réalisateur Frédéric Ambroisine avec ce documentaire FICA : du proche à l’extrême orient a réussi à synthétiser l’esprit de Vesoul, ce que Jean-Marc Thérouanne définit comme une recherche d’émotions collectives partagées.

Crédit photo : Christophe Maulavé

Vesoul 2010 : 3 questions au réalisateur indien Satish Manwar

Posté par kristofy, le 30 janvier 2010

Satish ManwarMême s'il ne figure pas dans la sélection "L'homme et la nature", The damned Rain (présenté en compétition) montre avec acuité comment l’homme dépend de la nature pour subvenir à ses besoins. Le réalisateur indien Satish Manwar s’intéresse en effet aux milliers d’agriculteurs qui se suicident chaque année. Dès le début du film, un fermier est
retrouvé pendu à un arbre, une femme va alors inquiéter pour son mari et faire en sorte qu’il soit toujours accompagné de sa mère ou de son fils pour éviter qu’il soit un moment seul.

Quelques situations cocasses vont laisser place aux difficultés de cultiver la terre : il faut labourer, semer, traiter, récolter, vendre, transporter… et surtout s’endetter. De plus, tout dépend de la pluie dans une région où il ne pleut quasiment jamais ou alors beaucoup trop et ça inonde tout. Au fur et à mesure du film, on mesure la somme d’efforts dépensée pour peut-être pas grand-chose en bénéfice...

Trois questions au réalisateur Satish Manwar à l’issue de la projection.

EN : Racontez-nous l’élaboration de ce film ?

SR : Il a fallu cinq ans pour faire ce film entre l’écriture et le tournage. Je suis originaire de ce milieu rural que l’on voit ici, je voulais raconter des histoires vraies et tourner en décors réels. Il y a des acteurs mais aussi beaucoup de vrais villageois. On était tous émus par la situation de ces gens. Lorsque les paysans ont vu le film, il y a eu une
décharge émotionnelle énorme.

EN : Pourquoi autant de paysans sont confrontés à de telles extrémités ?

SR : Il y a plusieurs causes mais la principale est que le prix d’achat des récoltes n’est pas assez élevé, il couvre à peine les dépenses. Mais je crois que ça ne concerne pas seulement ces gens de l’Inde.

EN : Quelles sont les mesures pour aider ces paysans ?

SR : Ce que l’on voit dans le film existe en réalité. Lorsqu’il y a un suicide, le gouvernement selon certains cas indemnise la famille en lui donnant une somme d’argent, surtout quand il s’agit de la disparition d’un homme qui travaillait pour subvenir aux besoins de toute sa famille. Il y a quelque temps le gouvernement a aussi débloqué une énorme somme pour venir en aide aux agriculteurs, mais cette somme a été donnée aux banques pour les inciter à accorder plus de prêts. Ce qui ne change en fait absolument rien puisque ces paysans sont déjà beaucoup trop endettés.

Crédit photo : Christophe Maulavé