Un état du monde grâce au cinéma: Haïti, Russie, Corée, Iran…

Posté par vincy, le 28 janvier 2010

etatdumonde.jpgPour conclure notre partenariat avec Courrier International, évoquons le 2e Festival Un état du monde ... et du cinéma. Il a lieu au Forum des images à Paris, du 29 janvier au 7 février. Cette année, il est parrainé par Jacques Attali et le réalisateur haïtien, ancien Ministre de la culture de son pays, et nouveau Président de la Fémis, Raoul Peck.

Faisant le lien entre cinéma et politique, société, peuples, cette manifestation mélange les regards du monde : Jeon Soo-il, Nikita Mokhalkov, Claire Denis, Merzak Allouache, Hana Makhmalbaf, Michel Ciment, Florence Aubenas, William Karel...

Dix avant-premières rempliront chacune des dix soirées : White Material en ouverture, puis 12, le remake russe de 12 hommes en colèreThe Messenger, Himalaya, Moloch Tropical, qui lui s'inspire du Moloch de Sokourov, Lola, le nouveau Mendoza, Harragas, Bassidji, Pepetuum Mobile et Téhéran.

Deux grands thèmes traverseront la programmation. Corée : bouleversement d'une identité avec en plus une table ronde, "Corée, singulier ou pluriel?" le 6 février. Des films peu connus de l'avant-garde cinématographique décriront une Corée inédite, en pleine mutation, entre tradition et modernité. Parallèlement, Le retour du religieux? posera aussi la question identitaire, et cet équilibre préilleux entre valeurs ancestrales et monde contemporain complexe. Avec des films de Chahine, Darabont, Reygadas et Makhmalbaf, on fera le tour du monde et des cultes.

Le festival organise aussi une rétrospective Raoul Peck , une rencontre avec Nikita Mikhalkov et un Focus sur l'Iran. Manière de mettre en avant trois destins qui nous concernent au premier plan ces temps-ci : Haïti, la Russie de Poutine, la rébellion contre le régime de Téhéran.  Quatre films réalisés ces derniers mois débarqueront en avant-première en Frnce, avec la possibilité de discuter avec leurs auteurs.

Le cinéma ne sera pas oublié avec un bilan 2009 en cinq conférences. La désobéissance, la crise, la planète écologique, la prison seront ainsi analysées et commentées grâce à un 7e art qui a témoigné de ces enjeux.

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Site officiel Forum des Images

Ôde fantastique au Président John McTiernan

Posté par denis, le 28 janvier 2010

jmctiernan.jpgAdulé par le public de ciné de genre et souvent boudé par un grand public incapable d’apprécier le second degré, John McTiernan, Président du jury du festival du film fantastique de Gérardmer, a créé depuis plus de 25 ans des œuvres hybrides à la lisière du fantastique, où l’épopée guerrière croise le consumérisme actuel, où le survival se débat avec l’anthropologie, et où un sens inné de la mise en espace de l’action l’assoit comme l’un des derniers grands du cinéma contemporain. Car il n’est pas donné à tout le monde de refaçonner le cinéma d’action à grands coups de créatures fantastiques et d’humains tordus !
Son œuvre se divise en deux catégories distinctes : le film d’action pur et dur (Die Hard 1 et 3, Last action hero), et l’hybride entre la science-fiction et le fantastique. C’est d’ailleurs pour cette deuxième facette qu’il trouve sa place cette année en tant que Président du jury. Car le papa du chef d’œuvre Predator et du film maudit Le 13ème guerrier devait un jour ou l’autre être reconnu pour ses bons et loyaux services. Et quoi de mieux qu’un parterre de mecs férus de pelloches transgressives pour le hisser au panthéon des réalisateurs qui « en ont » aux côtés de Friedkin et Carpenter.
Dès ses débuts McTiernan déclare son amour au genre avec Nomads, film d’aventure à la contrée du fantastique où des chercheurs vont se perdre dans la découverte d’étranges créatures. Amour des grands espaces, personnages en quête d’eux-mêmes, combat de la nature humaine, fascination pour ce que l’image peut révéler : toutes ces thématiques inscrites dans ce film exploseront quelques années plus tard avec le dantesque et séminal Predator. Est-il encore nécessaire de présenter ce film, chaînon manquant entre Alien pour la créature et Conan le barbare pour la fureur barbare et la transcendance de la nature. Symbiose du survival hardcore et de la menace venue d’ailleurs, il est pour son auteur le film de la reconnaissance. Inégalable. Le 13ème guerrier aurait pu lui aussi atteindre la perfection de Predator si le producteur Crichton ne l’avait pas massacré au montage. Belliqueux, épique, incroyable mélange de finesse et de brutalité, Le 13ème guerrier brille par la capacité de son réalisateur à magnifier le monde viking puis à le confronter à une menace sourde renvoyant aux premières heures de l’humanité. Sombres et lumineuses, les scènes de combat aux multiples angles de perception sont de véritables leçons de cinéma. Sans parler des nombreux paysages crépusculaire qui émaillent le film.

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Vesoul 2010 : le 16ème FICA tisse des liens dans le temps

Posté par kristofy, le 28 janvier 2010

Cyclo d’honneur à l’actrice iranienne Fatemeh Motamed-AryaPour sa 16e édition, le Festival international des Cinéma d'Asie de Vesoul s'est placé sous le signe fort de la liberté d'expression et de la défense de la démocratie en remettant lors de la cérémonie d'ouverture un Cyclo d'honneur à l'actrice iranienne Fatemeh Motamed-Arya (actrice iranienne la plus primée, elle a reçu plus de 30 prix au niveau national et international) et au réalisateur Jafar Panahi (Caméra d’Or à Cannes en 1995 pour Le Ballon Blanc, Léopard d’Or à Locarno en 1997 pour Le Miroir, Lion d’Or à Venise en 2000 pour Le Cercle, Ours d’argent à Berlin en 2006 pour Hors Jeu...)

Ce dernier n'a pu obtenir à temps un visa de sortie du territoire iranien, mais pourrait encore arriver à temps à Vesoul pour recueillir ce prix hautement symbolique. Fatemeh Motamed-Arya (grande habituée de Vesoul) était elle présente. Alain Joyandet, ministre de la Coopération et maire de Vesoul (à droite sur notre photo), lui a d'ailleurs rendu un hommage vibrant, saluant plus généralement tous les artistes qui "luttent" à leur façon dans le monde pour plus de démocratie.

Ensuite, les festivaliers ont découvert en avant-première La Tisseuse de Wang Quann’an, avec son actrice fétiche Yu Nan, avec laquelle le réalisateur chinois avait remporté  l’Ours d’Or à Berlin en 2007 pour Le mariage de Tuya. On y découvre une femme qui a perdu le goût de vivre au milieu de d’entreprises qui ferment, son petit garçon lui redonne à peine l’envie de s’accrocher. "Je ne veux pas attendre la mort à la maison", dit-elle. Alors elle va partir en voyage à la recherche de son premier amoureux dont elle n’a plus de nouvelles depuis dix ans. La Tisseuse est autant une évocation de changements industriels en Chine (une usine avec des traditions russes, une imprimerie démolie dans un quartier en mutation…) que le parcours d’une femme qui se rend compte qu’elle aurait pu connaître bien plus de bonheurs. Ce drame illuminé par la présence de Yu Nan a déjà valu au réalisateur Wang Quann’an d’être récompensé à Montréal.

Après avoir célébré son 15e anniversaire en 2009, le FiCA revient jusqu'au 2 février avec un rythme de projection soutenu : 80 films à découvrir parmi lesquels des longs métrages et documentaires inédits en compétition, l'intégrale des films du réalisateur turc Omer Kavur, un regard sur le cinéma taïwanais, une thématique "l’Homme et la Nature" et des documentaires indépendants vietnamiens.

Crédit photo : Michel Mollaret