Affaire Polanski : l’émotion contre la raison

polanski.jpgOn n'a pas fini d'en entendre parler. Paparazzis, chroniqueurs judiciaires, pages culture... l'affaire Roman Polanski aura été l'événement médiatique "sensationnaliste" de cette deuxième partie de 2009. Clivant les opinions de chacun, libérant les passions, enter affaire d'Etat et fait divers anachronique, il n'y a pas une semaine où le cinéaste n'est pas cité par une dépêche d'agence de presse.

La stratégie est désormais rodée des deux côtés de l'Atlantique. L'entourage de Roman Polanski joue la carte de l'émotion, voire de la compassion, forts de nombreux soutiens, connus ou anonymes. Vedette d'un mauvais feuilleton, le réalisateur cherche à gagner du temps et trouver des parades à la spirale judiciaire. La justice américaine répond implacablement, et dorénavant de manière assez professionnelle en matière de communication, qu'elle poursuit son travail.

Caution à 3 millions d'euros

Entre temps, Polanski a été libéré sous caution. Assigné à résidence dans son chalet de Gstaad en Suisse (où il n'avait jamais été arrêté auparavant malgré ses nombreux séjours), il ne doit pas franchir une quelconque limite de sa propriété. Les paparazzis n'ont plus qu'à suivre sa femme ou un membre de sa famille. Un grand moment que de lire parfois la presse écrite (celle qui réclame des millions à l'Etat pour franchir le virage du numérique et qui dénigre si bien les sites éditoriaux en ligne) où l'on suit pas à pas Emmanuelle et Mathilde faisant leurs courses. Il porte un bracelet électronique. Ses déplacements à l'extérieur du chalet son comptés. La caution est dissuasive : 3 millions d'euros.

En attendant, la justice américaine a refusé clairement d'abandonner ses poursuites. Le 21 décembre, la Cour d'appel de Californie a rejeté la demande d'abandon des poursuites déposée par les avocats du réalisateur.  Ils plaident que de graves erreurs de procédure au moment des faits ont été commises par le juge de l'époque, Laurence Rittenband. Celui-ci aurait discuté avec un procureur pour s'entendre sur la sentence. Par conséquent, et ce fait nouveau est essentiel pour la suite de la procédure, la Cour d'appel a demandé une enquête rapide sur ces allégations. Le jugement est limpide : "il est très préoccupant que les accusations de faute professionnelle n'aient pas été examinées par un tribunal capable de mettre en avant des preuves et de tirer des conclusions à propos de ce qui s'est passé en 1977 et 1978."

3 mars, sortie de The Ghost Writer

Pendant ce temps, si l'affaire a éclaboussé le Ministre de la Culture français, la planète cinématographique a continué de prendre la défense de Polanski. Après un an et demi de travail avec le cinéaste, le Musée du cinéma, à Lodz en Pologne, ville où il avait étudié le 7e art, consacre une exposition "Roman Polanski, acteur, metteur en scène"qui retrace sa vie artistique, accompagné d'une rétrospective. Berlin a très vite, et fièrement, annoncé que le nouveau film du réalisateur The Ghost Writer, dont la post-production s'est finalisée par téléphone en prison, ferait son avant-première au Festival international du film. Et en compétition. Le film sort le 3 mars en France. Nul ne doute que les médias amalgameront la critique à l'affaire.

De même, Damian Chapa a commencé dans le même temps la pré-production d'une suite à la biographie filmée sur la vie du cinéaste, Polanski Love him or hate him. Le premier épisode, Polanski, Unauthorized 1, sorti au début de l'année, revenait sur l'enfance en Pologne durant la Shoah, le meurtre de sa femme et l'accusation de viol sur mineure qui l'a conduit à fuir les Etats-Unis. La suite couvrira les trente années suivantes, y compris les récents événements. Chapa incarne lui-même le cinéaste.

La règle du je

Et surtout, Roman Polanski est sorti de son silence. Dans un lettre adressée à Bernard-Henri Levy (sur le site La règle du jeu), il s'est exprimé : "Je suis moi-même bouleversé par le nombre de témoignages de sympathie et de soutien que j’ai reçus dans la prison de Winterthur et que je continue à recevoir ici, dans ce chalet de Gstaad où je passe les fêtes avec mon épouse et mes enfants. Il y a là des messages de voisins et d’autres qui viennent de gens de toute la Suisse, et, au-delà de la Suisse, du monde entier." "Chacun de leurs mots a été, pour moi, dans les moments les plus sombres, et est toujours dans ma situation actuelle, plein de réconfort et de raisons d’espérer."

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commentaires4 commentaires
  1. Posté par HORCHANI Salah, le 2 janvier 2010 à 11:19

    Bouleversant Monsieur Polanski !
    Est-ce« vrai, ce que vous avez dit », Monsieur Roman Polanski, dans votre Lettre de Remerciements à Monsieur BHL (Bernard Henri Lévy) ? Si votre réponse est affirmative, « je suis moi-même » complètement choqué et« bouleversé par le nombre de témoignages de sympathie et de soutien que vous avez reçus dans la prison de Winterthur et que » vous continuez « à recevoir » là-bas , « dans ce chalet de Gstaad où » vous passez « les fêtes avec » votre « épouse » et vos « enfants », conséquence du soutien immoral orchestré par Monsieur BHL, et sa Revue « La Règle du Jeu », à un « supposé » pédophile, soutien « qui est, et reste, une honte », comme l’aurait dit Monsieur BHL lui-même, si votre victime était sa fille ou sa soeur, ou bien si vous étiez, simplement, un citoyen lambda n’appartenant pas au Clan de ces Messieurs de La Haute. Pour terminer, Monsieur Roman Polanski, quand vous étiez « enfermé dans votre cellule », est- ce que vous avez distingué la voix de la petite fille de treize ans (alors que vous en aviez quarante trois), objet de votre incarcération, parmi « ce murmure de la voix humaine et de la solidarité » que vous entendiez « chaque matin » et que vous décrivez, si bien, dans ladite Lettre ?
    HORCHANI Salah

  2. Posté par HORCHANI Salah, le 4 janvier 2010 à 10:35

    Epouvanté, Monsieur Finkielkraut !
    Monsieur Alain Finkielkraut, si la victime de Roman Polanski, objet de son inculpation et de son incarcération, était votre propre fille, votre petite soeur ou votre nièce, ou bien si Roman Polanski était, simplement, un citoyen lambda n’appartenant pas au Clan de ces Messieurs de La Haute, maintiendriez-vous les déclarations que vous avez faites à sa décharge, telles que : « Polanski n’est pas pédophile »(…) (sa victime, âgée de 13 ans, alors qu’il en avait quarante trois) « n’était pas une fillette, une petite fille, une enfant »(…) « Depuis le déclenchement de cette affaire infernale, je vis dans l’épouvante »( !…) « la France est en proie à une véritable fureur de la persécution (…) et c’est exactement ce qui se passe avec Polanski aujourd’hui (…) Cette fureur de la persécution, c’est une tentation constante aujourd’hui, aggravée par l’immédiateté d’internet » ?
    HORCHANI Salah

  3. Posté par RIGOT ROSE, le 4 janvier 2010 à 11:32

    Roman Polanski remercie les personnes qui l’on souteneu quoi de plus normal et il sont nombreux.
    Si nous le soutenons ce n’est pas parceque nous approusvons ce qu’il a fait mais contre la horde des ionternautes qui le traine dans laboue. Nous savons de quoi il est accusé alors à qoui bon le traiter de pédophile et violeur. La justice américiane lui laissant deux alternatives un jugement par contumace ou alors allez à Los Angelès approter les preuves qu’il n’a pas eu droit à une procèdure équitable. J’espère que bientôt
    Roman Polanski sera libéré et luis une très bonne année 2010 à lui à sa famille et tous ceux qui l’ont soutenu

  4. Posté par Béa, le 4 janvier 2010 à 19:07

    On peut être une simple citoyenne et défendre Polanski!
    Bien sûr, il n’est pas question de cautionner ce qui s’est passé en 1977 entre Polanski et Samantha. Mais ce n’est pas non plus une raison de le traîner dans la boue. Il est trop facile de s’en prendre actuellement à quelqu’un qui a «violé» une «pauvre» enfant de 13 ans «sans défense» Une «enfant» de 13 ans qui posait pour des photos de nu dans Vogue homme, qui avait déjà pris de la drogue et qui n’en était pas à sa première expérience sexuelle. Où était donc sa mère ce soir là? Comment une mère normale laisse sa fille de 13 ans toute seule aller à une soirée pareille? La mère devait bien savoir – car elle fréquentait le milieu d’Hollywood – que Polanski n’était pas une baby-sitter. Quel profit pensait-elle en tirer en laissant ainsi sa fille?
    Avant de porter un jugement je conseille à certains de lire le livre de Polanski «Roman» pour lequel il avait été reçu à l’époque par Bernard Pivot dans son émission «Apostrophes» et de regarder le documentaire de Marina Zenovich «Roman Polanski: Wanted and Desired».
    Pourquoi la victime demande-t-elle avec tant d’insistance qu’on laisse Polanski tranquille et elle aussi d’ailleurs par la même occasion? Pourquoi pardonne-t-elle à Polanski? Parce que c’est la seule, avec Polanski, bien sûr, qui sait exactement ce qui s’est passé ce soir-là, et qu’elle a bien conscience qu’elle n’était pas alors cette «oie blanche» sans défense comme certains veulent à tout prix s’en persuader pour mieux lyncher Polanski!

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