Le cinéma irakien émerge timidement des cendres…

Posté par vincy, le 25 octobre 2009

son of babylon

Le cinéma irakien est, logiquement, dans un état lamentable. Oh il n'a jamais été vraiment brillant. Les cinémas turc, kurde, et bien sûr iranien lui ont fait de l'ombre. Le pays a produit moins de cent films dans toute son histoire. Une trentaine de cinéastes seraient en activité. En France, Hiner Saleem est le plus connu actuellement. Beaucoup sont en exil.

Récemment, le cinéaste Mohammed al-Daradji a présenté au Festival du film d'Abou Dhabi son deuxième long-métrage, Le fils de Babylone (photo). Il en a profité, comme tous ses confrère, pour demander un "plus grand soutien à l'industrie du cinéma en Irak afin de surmonter la culture de la violence".

"Je n'ai reçu aucune aide d'Irak, nous avons obtenu l'aide d'ailleurs" ajoute-t-il. Il s'agit d'une coproduction entre l'Irak, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la France, la Palestine et les Emirats arabes unis. C'est à ce cinéaste que l'on doit le premier film trounée en Irak après la seconde invasion américaine. Ahlam (Rêves) était sorti en 2005.

Dans un autre festival, celui de Pusan, le plus international des festivals de films en Asie, Shawkat Amin Korki était fier de projeter son premier film irakien arès plus de vingt ans d'exils. Kick off était sélectionné pour le prix Nouveaux Courants. Lui aussi a profité de la manifestation pour jouer les porte-voix. "Mon film est fini mais il n'y a aucun endroit où je peux le montrer. Tous les cinémas sont détruits et les gens ne veulent plus se rassembler, par peur du danger." Président du jury, jean-Jacques beinex lui a décerné le grand prix (ex-aequo) pour avoir "montré l'immense désir d'un peuple de vivre, son ingéniosité et son esprit combattif."

Si le cinéma d'Irak réemerge, avec au coeur de sa thérapie de reconstruction, la guerre et ses ravages, il n'est pas encore viable économiquement et va devoir aller chercher son public autrement que par le désir d'aller au cinéma. Les attentats, les incidents ethniques, l'instabilité permanente du pays et sa violence effarante ont pour l'instant toujours raison d'un épanouissement culturel qui reste utopique. Seule la souffrance semble commune : ce que les cinéastes veulent d'ailleurs montrer.