Namur 2009 : Bayard d’or pour J’ai tué ma mère

Posté par vincy, le 12 octobre 2009

Le 24e  Festival International du Film Francophone de Namur a présenté 70 longs métrages (parmi lesquels Adieu Gary, Polytechnique, Félicia avant tout...) et 72 courts, tous genres confondus. Le jury des longs-métrages était composé de Samir Guesmi, Alain Rocca, Natacha Régnier, Linh-Dan Pham, Gahité Fofana, Sylvie Moreau et Ursula Meier.

 J'ai tué ma mère cotninue sa razzia de prix autour du monde. Meilleur film, meilleur premier film et meilleure comédienne, cette première oeuvre canadienne, en lice pour les Oscars, permet au Québec d'égaliser l'Algérie parmi les pays récompensés.

Bayard d'or du meilleur film: J'ai tué ma mère de Xavier Dolan

Prix spécial du jury: Ceux de la colline de Berni Goldblat
Mention spéciale: Felicia, avant tout de Melissa de Raaf et Razvan Radulescu

Bayard d'or du meilleur scénario: Abdelkrim Bahloul pour Le Voyage à Alger

Bayard d'or de la meilleure photographie: Pierre Gill pour Polytechnique de Denis Villeneuve

Bayard d'or du meilleur comédien (posthume) : Yasmine Belmadi pour Adieu Gary de Nassim Amaouche

Bayard d'or de la meilleure comédienne : Anne Dorval pour J'ai tué ma mère de Xavier Dolan

Parmi les autres prix, remis par d'autres jurys, notons le Bayard d'or de la meilleure première oeuvre pour J'ai tué ma mère de Xavier Dolan et le prix du Public et le prix du jury junior pour La régate de Bernard Bellefroid.

Dinard 2009 : Hitchcock d’or pour un film coup de poing, White Lightnin’

Posté par kristofy, le 12 octobre 2009

whitelight.jpgLe 20ème Festival du film Britannique de Dinard vient de se terminer avec la révélation d’un film autant perturbant qu’épatant : White Lightnin’ réalisé par Dominic Murphy. Avant de revenir sur les découvertes en avant-première, quelques mots sur les films de la compétition.

C’est le réalisateur Jean-Paul Rappeneau (sept films dont cinq "classiques" au compteur, en attendant le huitième l'année prochaine) qui présidait le jury. Il était entouré de l’acteur Stéphane Freiss et des actrices Zoé Félix, Sarah Biasini, Julie Ferrier, de Carole Scotta (productrice et distributrice) et de Jean-Pierre Lavoignat (journaliste) mais aussi de britanniques comme Paul Andrew Williams (réalisateur récompensé du Hitchcock d’or à Dinard en 2006 pour London to Brighton) et Dallas Smith (agent), de l’acteur Hugh Bonneville et de la pétillante actrice Sally Hawkins.

White Lightnin’  de Dominic Murphy nous raconte l’histoire hallucinante et hallucinée de Jesco White qui va se venger des assassins de son père après un parcours chaotique et psychotique. C'est évidemment la surprise radicale de la compétition. C'est d'ailleurs ce film extrême qui a été choisi pour le grand prix par le jury. Et si quelques personnes ont quitté la salle avant la fin, si le public est secoué, et si les avis divergent, on entendait à chaque fois le même écho : ce film c’est vraiment quelque chose...

- Jean-Paul Rappeneau : "On tenait à saluer la diversité des films proposés en compétition. White Lightnin’  est un film avec un visuel pas ordinaire et un acteur Palmarès dinardextraordinaire."
- Carole Scotta : "White Lightnin’  n’a pas encore de distributeur en France, j’espère qu’il sera distribué et qu’il sera vu par un public français. Est-ce que ce film peut trouver une économie malgré un public probablement restreint, c’est la question. Et si ce Hitchcock d’or à Dinard peut aider ce film alors c’est tant mieux. Nous tous on a envie d’en parler, il faut peut-être qu’un petit buzz se développe."
- Stéphane Freiss : "Le personnage de White Lightnin’ ce n’est pas le genre de chose qu’on nous propose à jouer. La performance de cet acteur Edward Hogg vient sans doute de l’audace de l’écriture du film et de la complicité avec son réalisateur."
- Jean-Pierre Lavoignat : "Vous avez vu ce que fait Carrie Fisher (la princesse Léia de StarWars) dans White Lightnin’ ? Elle est incroyable." "On a choisi White Lightnin’  pour la maîtrise de l’ensemble, la mise en scène, le travail sur le son, les thèmes abordés. C’est une œuvre de cinéma évidente. En commençant les délibérations c’était presque déjà acquis que nous lui remettions le grand prix, on a même évoqué la possibilité de lui remettre tous les prix (le film a aussi eu celui de la meilleure photographie). Mais on a voulu aussi récompenser le film Jean Charles de Henrique Goldman, autre film que certains jurés ont défendu, avec le prix du meilleur scénario."

Jean Charles de Henrique Goldman fut l'autre film marquant. Il montre des immigrants brésiliens qui s’adaptent à Londres en 2005 quand vont éclater des attentats terroristes. Jean-Charles accueille sa cousine et se débrouille pour du travail pas déclaré dans le bâtiment, mais un jour il va être tué dans le métro pour avoir été confondu avec un terroriste potentiel. Ce tragique fait divers avait fait la une des journaux et inspire ce film.

La comédie In the loop de Armando Iannucci nous fait découvrir les relations diplomatiques entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis avant la guerre en Irak. Le film est un ping-pong de répliques avec pleins de jurons qui fusent, la politique n’a jamais été aussi drôle. Crying with laughter de Justin Molotnikov raconte la semaine la plus éprouvante d’un comédien de stand-up : en plus de divers problèmes d’argent, de manque d’inspiration, de dépendance à la drogue, de garde partagée des sa fillette avec son ex-femme, voila qu’une ancienne connaissance surgit pour réveiller un passé oublié… She, a Chinese de Xiaolu Guo nous arrive après avoir gagné le Léopard d’or au dernier festival de Locarno, et Sounds like teen spirit est un documentaire de Jamie Jay Johnson sur les enfants qui participent au concours de l’Eurovision junior avec leurs chansons et leur candeur.

dinard 2009Palmarès de ce 20ème Festival du film Britannique de Dinard  :
Hitchcock d’or – grand prix : White Lightnin’  de Dominic Murphy
Prix du meilleur scénario : Jean Charles de Henrique Goldman
Hitchcock d’argent – prix du public : Sounds like teen spirit de Jamie Jay Johnson
Hitchcock blanc – meilleur directeur de la photo : Tim Maurice-Jones pour White Lightnin’
Hitchcock de bronze – prix coup de cœur des exploitants de salles : Moon de Duncan Z. H. Jones

Deux courts-métrages ont aussi été récompensés ex-aequo, en plus des membres du jury la cérémonie de clôture a vu sur scène Catherine Jacob et Marc-André Grondin, le parrain Hugh Hudson et la marraine Françoise Fabian ont même entamé une valse. On n’a pas tous les jours 20 ans comme l’a chanté Sylvie Mallet, présidente du festival, alors une statuette Hitchcock spéciale 20ème anniversaire de Dinard a été remise en hommage à l’actrice anglaise préférée des français Charlotte Rampling. Elle avait d’ailleurs été présidente du jury en 1994 quand le grand prix a été décerné à Petits meurtres entre amis le premier film de Danny Boyle, qui a épaté le public du monde entier avec Transpotting et Slumdog milllionaire.

Peut-être que le Hitchcock d’or 2009 pour White Lightnin’  portera chance à son réalisateur Dominic Murphy ?

Blanche Neige, reine du marketing

Posté par vincy, le 12 octobre 2009

abribus-simplet.jpgCe n'est pas la première fois que Blanche Neige et les sept nains, le premier long métrage d'animation de l'histoire, sort en DVD. Il y eut la bonne vieille VHS puis la sortie événement DVD, et désormais la version DVD collector ET la version HD/Blu-Ray. Disney n'hésite pas sur le marketing et la publicité. L'objectif est d'épuiser le stock, jusqu'à l'arrivée d'un prochain format.

Il s'agit d'un chef d'oeuvre, personne n'a de doute sur le résultat. Mais le groupe de Mickey a décidé en plus d'organiser un vote populaire ces jours-ci, en partenariat avec Posterscope - Carat France et JC Decaux (filiale Innovate). Il faut donc choisir son nain favori en appuyant sur un bouton interactif (et tactile) présent sur sept abribus (un par nain). Les votes sont comptabilisés en temps réel (censés être accessibles sur un blog dont personne ne fournit l'adresse sur aucun dossier de presse). Rien de neuf (ce sera même de plus en plus courant) puisque Monstres contre Aliens avait expérimenté le procédé.

Pour info, les nains sont éparpillés façon puzzle dans la capitale : rue de Rivoli, avenue de l'Opéra, boulevard Saint-Michel, rue de Rennes, avenue George V, rue du Havre, avenue des Ternes. Des quartiers plus chics et commerciaux que réellement populaires.

Et aucun regret pour ceux qui ne trouvent pas les sept abribus. Jusqu'au 31 décembre, le site internet de Blanche Neige permet aussi d'élire son nain préféré (et en plus de gagner des places pour l'avant-première du prochain Disney, La Princesse et la Grenouille).

Polanski : la passion au coeur des lobbyistes (4)

Posté par vincy, le 12 octobre 2009

polanski.jpg

"Nous attirons l'attention sur le fait que le départ de Polanski des Etats-Unis n'était qu'une fuite devant un lynchage juridique."

Mardi. Les victimes montent au créneau. L'insignifiance du crime, la banalisation du viol les révolte. La bataille médiatique change de camps.

"Les accusations de viols sur un enfant de 13 ans, ce n'est pas quelque chose d'anodin, quelle que soit la personne qui est soupçonnée d'avoir fait cela" affirme le Vice-Président (UMP) de l'Assemblée Nationale, Marc Laffineur. Plusieurs associations de défense des femmes et des enfants maltraités embrayent et s'indignent officiellement de la complaisance à l'égard du cinéaste. "Tout ce tapage médiatique m'étonne. Est-il normal qu'un homme de plus de 40 ans ait des relations sexuelles avec une jeune enfant de 13 ans? Je pense qu'on fait un amalgame, ce monsieur est sans aucun doute un réalisateur très talentueux, c'est néanmoins un homme. Et il est donc soumis à ce titre-là à toutes les règles sociales, sociétales, de notre monde actuel." (L'enfant bleu)

Le Collectif Féministe contre le viol (CFCV) "s'indigne de voir des hommes politiques et des journalistes banaliser des viols commis sur une fillette de 13 ans en parlant de "relation" avec une adolescente."

Un problème de justice ou de morale?

Du coup, Daniel Cohn-Bendit, lui-même mis en cause pour des écrits controversés datant de 1975 sur la sexualité des enfants, a pris le contre-pied des nombreux soutiens au réalisateur. "C'est un problème de justice et je trouve qu'un ministre de la Culture, même s'il s'appelle Mitterrand, devrait dire "j'attends de voir les dossiers."

Les élus et personnalités publiques ne savent plus quoi dire dès le troisième jour. L'affaire est complexe, la situation les laisse perplexe. Ils sont embarrassés, au mieux. Certains commencent à distinguer l'acharnement de la méthode mais aussi la gravité des faits.

En Pologne, la même confusion entraîne les mêmes effets : des déclarations contradictoires. Les cinéastes polonais coupent la poire en deux : "Les évènements d'il y a 30 ans et le rôle que Roman Polanski y avait joué méritent un jugement moral négatif. Mais nous attirons l'attention sur le fait que le départ de Polanski des Etats-Unis n'était qu'une fuite devant un lynchage juridique."

Chaque groupe met la pression sur les médias pour faire entendre son point de vue : justice ou pardon, morale ou prescription.

Les Américains, médias comme citoyens, sont en revanche beaucoup plus clairs : "Mais quelle injustice y a-t-il à présenter devant la justice quelqu'un qui a plaidé coupable dans une affaire de viol avant de s'enfuir, indépendamment du talent qu'il pourrait avoir ?" écrit le New York Times.

Pourtant de gauche, le Los Angeles Times va plus loin. "Les défenseurs de Polanski ont perdu de vue la vraie victime. J'aimerais leur demander, si la victime était leur fille, s'ils seraient toujours aussi arrogants. Il a pu y avoir des irrégularités judiciaires mais aucune irrégularité n'est plus grande que celle de n'avoir retenu contre Polanski (à l'époque) que l'accusation la moins grave."

On nage en plein populisme. Dans le même temps, au Mexique, c'est l'écrivain gabriel Garcia Marquez, prix Nobel de Littérature, qui se voit accusé de délit d'apologie de la pronographie infantile à travers un livre publié il y a 5 ans. Et le front National en France va commencer sa chasse aux sorcières contre Frédéric Mitterrand.

On amalgame - le mot de la semaine! - homosexualité,  élites, pédophilie, pornographie, ... le climat est nauséeux et n'incite pas à la lucidité. Rien n'est humain : ni le fait de violer une fille et de ne pas l'avouer, ni le fait de persécuter un homme durant trente ans. Mais la justice américaine se serait-elle acharnée si Polanski avait été Monsieur tout-le-monde? Et pourquoi les parents de la victime ont livré leur fille de 13 ans en pâture à un appareil photo, le soir, dans une villa de Los Angeles, sans être vigilent et même présent?