Séraphine traînée au Tribunal…?!

Posté par vincy, le 19 septembre 2009, dans Actualité, société, Business, Films.

820 000 entrées, 7 césar (les plus importants) : Séraphine était le film inattendu de la production française en 2008. Et un an après sa sortie, Alain Vircondelet, historien, accuse les producteurs (TS productions) et les scénaristes (Martin Provost et Marc Abdelnour) d'avoir plagié un de ses ouvrages. Le film ne fait mention d'aucune référence bibliographique (adaptation) dans son générique.

Regrettant d'avoir été "totalement évincés du succès de ce film, alors même que le scénario reproduit à de nombreuses reprises des parties de l'ouvrage dont ils détiennent les droits", l'écrivain et les éditions Albin Michel réclament 600 000 euros de dommages et intérêts. Ils s'aventurent même à demander que l'exploitation du film soit interdite tant en France qu'à l'étranger. Il est actuellement en salles aux Etats-Unis (où il cumule pour le moment 715 000 $ de recettes).

Ce docteur en histoire de l'art et universitaire est un spécialiste reconnu de Séraphine Louis (mais aussi d'Antoine Saint-Exupéry). Selon la dépêche de l'AFP, il a soutenu en 1984 une thèse de doctorat sur cette domestique un peu illuminée devenue peintre autodidacte. En 1986, Albin Michel publie une biographie intitulée "Séraphine de Senlis", un ouvrage qui selon son avocat, Me Christophe Bigot, "révélait pour la première fois la vie publique et secrète de Séraphine de Senlis". Le livre ressort en 2008 quelques mois avant l'arrivée du film dans les salles.

Or cette biographie contient, "outre quelques éléments d'information bien réels, déjà établis par les premiers commentateurs de Séraphine, ceux inédits, recueillis par l'auteur, et enfin des scènes romancées, inventées par l'auteur pour donner corps à l'interprétation de Séraphine, personnage hautement énigmatique". M. Vircondelet et son éditeur estiment que de nombreux passages du long-métrage "sont la reproduction servile" de passages publiés en 1986.

"Il y a quelques phrases regrettables"

TS Productions s'indigne : "Nous contestons expressément l'existence d'une contrefaçon", a réagi leur avocat, Me Yves Henri Nédélec, arguant que les passages litigieux trouvent leur origine "dans des ouvrages antérieurs" (ceux de Jean-Pierre Foucher en 1968 et Wilhelm Uhde en 1949). Les auteurs du film avancent également comme source Françoise Cloarec qui a soutenu en 1984, soit la même année que M. Vircondelet, une thèse sur Séraphine, mais sur le terrain de la psychopathologie clinique.

Certaines phrases, présentes à l'identique dans le livre de M. Vircondelet et dans le scénario de Martin Provost, laissent pourtant songeur. Ainsi de ce moment où Séraphine parle de son processus créatif d'essence divine: "C'est comme vous diriez du miel, des liqueurs chaudes".

"Il y a quelques phrases regrettables", concède Me Nédélec, "mais ce n'est pas une contrefaçon de l'oeuvre, car le traitement n'a rien à voir", assure-t-il. Selon lui, le film s'intéresse "à la relation de l'artiste avec le collectionneur, et à l'homosexualité de Uhde", ce qui n'est pas la préoccupation majeure d'Alain Vircondelet dans son ouvrage.

L'affaire pourrait être tranchée d'ici un à deux ans.

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