CNP Odéon?: C’était la dernière séance?

Posté par Morgane, le 7 septembre 2009

cnplyon.jpgDe retour de vacances, les salariés du CNP Odéon  à Lyon ont eu la mauvaise surprise de trouver leur cinéma... vide. Galeshka Moravioff, propriétaire des CNP (Cinéma National Populaire) depuis 1998, a profité, lâchement, il n'y a pas d'autres termes, de la fermeture annuelle du CNP Odéon pour le vider entièrement, mettant les fauteuils rouges à la déchetterie et le matériel de projection dans l’une de ses salles marseillaises. "Belle" clôture pour l’une des plus anciennes salles de la ville Lumière non?

Un collectif de soutien aux CNP (au sein duquel l’association Les Inattendus s’est fortement investie) s’est rapidement créé. Depuis le 4 septembre, le personnel occupe alors la salle de la rue Grôlée et une journée de mobilisation a été organisée samedi 5 septembre. Celle-ci a débuté place des Terreaux à 9h30 puis s’est tenue en grande partie dans la salle même du CNP Odéon, salle dont Moravioff a essayé de faire changer les serrures à l’annonce de cette «occupation». Les défenseurs d’un cinéma indépendant présents samedi ont reçu la visite de Georges Kepenekian, adjoint à la culture de Gérard Collomb, et d’Yvon Deschamps, son homologue au conseil régional. Mais la salle a également projeté plusieurs courts et moyens métrages devant une assistance debout ou assise sur des coussins, seuls quelques fauteuils ayant pu être récupérés. Cette journée marque-t-elle la dernière séance de l’Odéon? Sa fin semble en effet proche. Reste à savoir également quel avenir sera réservé à cette mythique salle lyonnaise. Celle-ci gardera-t-elle un caractère culturel? Rien n’est moins sûr à l’heure où le quartier Grôlée se voit devenir un lieu de magasins de luxe...

Une métropole dépendant des multiplexes

Mais plus qu’une «simple» fermeture de salle, c’est la question de la place des cinémas d’art et d’essai dans le centre ville lyonnais qui est en jeu, à l’heure même où le Grand Lyon se prépare à accueillir un festival de cinéma important, avec Clint Eastwood pour invité d’honneur. Qu’en sera-t-il aussi pour les CNP Terreaux et Bellecour? Ces salles sont-elles également vouées à disparaître? L’Ambiance a déjà fermé ses portes il y a de cela quelques années. La concurrence des multiplexes se mettant à la VO (le Grand Pathé de la rue de la République est passé à quelques films en VO cette année, rachetant en même temps les 8 Nefs de la rue Thomassin) devient de plus en plus difficile à gérer pour les petites salles. Le Comoedia et sa réussite ont fini d’achever les salles d’art et d’essai du centre ville.

Celui-ci se vide des salles qui avaient de l’audace dans leur programmation... L’inquiétude est donc grande quant à l’avenir des CNP mais aussi du cinéma indépendant à Lyon...Affaire à suivre.

Ecran Noir vous encourage à signer la pétition de soutien aux CNP

Venise 2009 : le festival se veut toujours politique…

Posté par vincy, le 7 septembre 2009

stone_chavez1.jpgCréé par Mussolini, Venise, pour expier le trauma, a toujours voulu s'innocenter en étant le plus politique des festivals. Cette année, le festival frappe fort.  La présence du sulfurueux président vénézuélien, Hugo Chavez, fait monter la tension dans une ville déjà à cran après les provocations de Silvio Berlusconi. Ce dernier avait joué les critiques de cinéma pour le film d'ouverture, Baaria, en  disant tout le bien qu'il en pensait. logique puisque le film avait été inancé par une de ses sociétés. En revanche, les artistes ont préféré manifester contre lui et ses coupes budgétaires dont souffrent le milieu culturel.

Chavez, quant à lui, est à Venise grâce à Oliver Stone. Le cinéaste américain présente un documentaire, South of the Border, traitant des changements politiques, principalement des dirigeants de gauche élus par le peuple, en Amérique latine. Son propos démarre avec l'élection en 1998 de Chavez. "La pauvreté a été divisée par deux, ce que reconnaît la Banque mondiale, et les progrès sociaux ont été énormes au Vénézuela", justifie Oliver Stone. "Il reste des problèmes, mais c'est un magnifique changement, un important phénomène historique dont on ne parle pas." Pour Chavez, le propos est plus ambivalent : "Oui, oui, il est possible de changer le cours de l'histoire. Ceci est une révolution pacifique, mais armée."

Pop corn et rébellion

Mais Venise a surtout mis en vedette le come-back de Michael Moore. Son documentaire, Capitalism, A Love story (en salles en France le 25 novembre), a fait forte impression. En revenant aux sources, et sans doute aussi parce qu'il ne peut plus critiquer la Maison Blanche, en bon supporter d'Obama, Moore a dénoncé l'impact des puissances financières sur le quotidien de ses concitoyens. Pour lui aussi tous les changements sont possibles. "On peut se révolter d'une bonne façon, sans violence, comme aux Etats-Unis en novembre dernier. (...) Qui aurait pensé il y a trois ans qu'un président afro-américain serait élu aux Etats-Unis? (...) Soyons des citoyens actifs! La démocratie n'estpas un sport de spectateurs, il faut y participer." Il va plus loin en prônant lui aussi une révolution économique. "Le capitalisme, c'est le mal et l'on ne réforme pas le mal, on l'éradique pour le remplacer par le bien pour tous: la démocratie."

Et puisque Venise s'intéresse au monde en pleine désagrégation, l'Afrique n'est pas loin. La réalisatrice française Claire Denis, qui est sélectionnée pour White Material, revendique sa vision non compassionnelle du continent noir. "Les sujets des luttes ethniques ou des enfants soldats en Afrique dont on parle beaucoup" sont "abordés souvent d'un seul bloc, soit très politisé soit très compassionnel, dans les documentaires". "Je ne pense pas mes films comme des réponses à des situations politiques", a précisé Claire Denis qui a écrit son film avec Marie Ndiaye, l'une des vedettes de la rentrée littéraire.

Deauville et les nouvelles comédies romantiques

Posté par kristofy, le 7 septembre 2009

Rachel McAdams et Eric BanaA Deauville, il y a une place Claude Lelouch, située à l'endroit où il avait tourné Un homme et une femme, cette histoire d’amour atypique qui a gagné la Palme d’or et deux Oscars (et 47 autres récompenses de par le monde !). Hasard ou coïncidence, les deux meilleures comédies romantiques présentées ici cette année sont aussi des histoires d’amour atypiques. Il ne s’agit plus du traditionnel "ils se rencontrent et s’embrassent à la fin, puis se marièrent et eurent beaucoup d’enfants". Quand tout est mélangé dans la chronologie, c’est souvent bien plus étonnant. Les personnages sont déjà ensemble ou séparés, puis on découvre comment ils se sont rencontrés ou ou ce qui les a réunis, bref beaucoup d’émotions ! La romcom (romantic comedy) est un genre que les Américains savent toujours très bien produire.

Le ton est donné avec le film d’ouverture The time traveler’s wife présenté par son couple star Eric Bana et Rachel McAdams. Les deux interprètes sont d’ailleurs pour beaucoup dans lepouvoir de séduction de leurs personnages sur le public. Un homme qui a un trouble génétique voyage involontairement dans le temps et rencontre à différents âges celle qui deviendra son amoureuse. L’aspect fantastique est gommé au profit de situations drôles (plusieurs disparitions et réapparitions durant une cérémonie de mariage) ou tragiques (annoncer ou pas un grand malheur avant qu’il ne se produise). Le film s'avère une belle et attirante histoire d’amour à travers le temps.

Mais le film qui risque de bientôt remporter tous les suffrages, c'est 500 days of Summer, qui va sortir le 30 septembre. Quand un garçon tombe amoureux d’une fille qui elle 500 days of summerne croit pas vraiment en l’amour… Dès le début, la voix-off nous indique que "this is a story of boy meet girl, but this is not a love story", leur histoire a duré 500 jours et on découvre donc les moments qui ont compté dans leur relation avant la rupture. Joseph Gordon-Levitt rencontre à son boulot Zooey Deschanel, et il va se déclarer au karaoké d’une fête (en chantant Here comes your man des Pixies). Du premier baiser sur une photocopieuse au jeu du papa et la maman dans les rayons de meubles d’un magasin, chaque scène est attendrissante. Zooey Deschanel incarne à l’idéal la fille impossible et craquante. Les souvenirs de ces 500 jours ensemble arrivent dans le désordre avec petits évènements anodins et dialogues annonciateurs de tension. De plus, beaucoup d’allusions culturelles se font remarquer de manière discrète pour lier des liens de connivence avec le public : un Tshirt London Calling des Clash, un générique de K2000, une musique de Belle & Sebastian, un reflet de Han Solo… Le réalisateur Marc Webb ponctue aussi son film de scènes originales comme un numéro de comédie musicale ou une séquence en split-screen avec les espoirs à gauche de l’écran et la dure réalité à droite. 500 days of Summer apporte définitivement quelque chose de frais dans la comédie sentimentale... avant de devenir un film culte ?

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Crédit photo Eric Bana et Rachel McAdams : Christophe Maulavé