Trésor caché : Azur et Asmar s’offre une autre fin

Posté par vincy, le 3 mai 2009

Parfois, le public reste sur sa faim avec la fin d'un film. Ce fut le cas avec Azur et Asmar, le dessin animé de Michel Ocelot, qui n'avait pas satisfait des élèves de primaire d'une école à Beyrouth, au Liban. Le Monde révèle ainsi que les jeunes écoliers avaient écrit au réalisateur pour lui donner l'idée d'une autre fin. Car les enfants voulaient voir le mariage des deux amis, et surtout le retour du père. Celui-ci est en effet le responsable de la rupture amicale, en chassant Asmar de la maison d'Azur. Les petits Libanais souhaitaient voir une scène de réconciliation générale, où les erreurs du passé pouvaient être définitivement corrigées.

Alors, Ocelot, le producteur Christophe Rossignon, les "voix" originales et le musicien Gabriel Yared se sont mis au travail. Certes, ils n'ont pas réalisé une autre fin. "Pour des raisons de coûts". Dommage, car au pire cela céquivalait au budget d'un très bon court métrage... Il s'agit donc d'un story-board filmé, image après image. Dix minutes qui se retrouvent dans le DVD "Les trésors cachés" de Michel Ocelot, aux côtés des courts métrages comme Les trois inventeurs ou La légénde du pauvre bossu.

Toute l’histoire de mes échecs sexuels : déballage cathartique et impudique

Posté par MpM, le 3 mai 2009

echecssexuels.jpg"A la fin de chacune de nos conversations, j’ai envie de vomir."

L'histoire : Chris vient de se faire larguer par sa copine et décide de tourner un film sur sa propension à toujours être celui que l’on quitte. Pour cela, il est prêt à entendre tous les reproches que ses anciennes petites amies auront à lui faire… et même à payer de sa personne.

Ce que l’on en pense : Difficile de croire que cette hilarante plongée introspective dans les névroses amoureuses d’un trentenaire immature soit réellement un documentaire… Chris Waitt ne s’est en effet absolument pas épargné, mettant en scène ses déboires intimes avec une honnêteté qui confine au rite sacrificiel. Hirsute et débraillé, il raconte face caméra ses doutes et ses angoisses, filmant avec une sorte de délectation masochiste les face-à-face de plus en plus cruels que lui infligent ses ex-petites amies. Entre celles qui ne veulent plus jamais rien avoir à faire avec lui et celles qui déballent des détails peu flatteurs sur son comportement (paresseux, bordélique, immature, égoïste…) ou racontent des anecdotes totalement plombantes (comment il a tenté d’embrasser la mère de l’une d’entre elles, par exemple), le malheureux en prend plein la tête. Et si c’était encore possible, tout empire quand il se rend compte que la plupart de ses problèmes sont liés à des troubles érectiles persistants. Qu’à cela ne tienne, il embarque caméra et spectateur chez le médecin, dans une séance de massage tantrique et même… à un jeu de rôle sado-masochiste.

Entre recherche intime ultime et utilisation radicale de l’outil cinéma, Toute l’histoire de mes échecs sexuels est un ovni, certes, mais un ovni très identifiable. Déclinant la tendance à l’auto-fiction développée en littérature et par le biais du web, le réalisateur transforme son vécu personnel de loser en expérience quasi universelle. Dans la salle, on se bidonne, à mi-chemin entre incrédulité et catharsis : aussi mauvais que chaque spectateur se sente dans ses relations de couple, il ne pourra jamais être aussi mauvais que Chris Waitt…

Toutefois, sous ses airs de gag potache, le film pourrait bien être plus profond qu’il n’y paraît en s’interrogeant sur la complexité des rapports amoureux (qu’est-ce qui fait que ça marche puis que cela ne marche plus ? comment un trait de caractère d’abord perçu comme une qualité peut finalement dégénérer en défaut insupportable ? pourquoi deux personnes qui ont été si proches peuvent en arriver à ne plus jamais s’adresser la parole ?) et surtout sur les modes de communication entre les êtres. Car finalement, il aura fallu à Chris Waitt une caméra et un projet de film pour obtenir de ses ex-petites amies des confidences et des témoignages qu’elles n’avaient jamais voulu lui livrer avant. Comme s’il avait fallu ce prétexte de démarche artistique (impliquant pourtant une sorte de "déballage" impudique) pour libérer la parole…

L’enfant-cheval : un attelage au symbolisme éprouvant

Posté par MpM, le 3 mai 2009

enfantcheval.jpg"Quelle chance de gagner un dollar par jour !"

L’histoire : Dans un village d’Afghanistan, un jeune handicapé mental est engagé par une riche famille pour porter sur son dos leur fils qui n’a plus de jambes. Il se tisse entre les deux une relation de maître-esclave faite de domination, d’humiliation et de cruauté.

Ce que l’on en pense : Samira Makhmalbaf (sur un scénario écrit par son père Mohsen, qui est également crédité en tant que monteur) revient au cinéma avec un film parlant une nouvelle fois de l’Afghanistan d’aujourd’hui. Cette fois-ci, elle pose un regard mi-réaliste, mi-onirique sur deux enfants dépendant l’un de l’autre pour survivre dans une société parfaitement indifférente à leur sort. Si sa démarche est captivante, sa mise en scène est malheureusement insupportable. Plans interminables sur les membres mutilés du jeune handicapé, visage déformé et bafouillant filmé au grand angle, répétition de séquences mettant en parallèle le sort de l’enfant-cheval et d’un jeune poulain venant de naître… La jeune réalisatrice iranienne s’empêtre dans un symbolisme appuyé qui lui font perdre de vue subtilité et justesse.

Ainsi, elle dépeint un milieu si parfaitement dépourvu d’empathie, d’entraide et de dignité que le misérabilisme envahit chaque scène et chaque dialogue. Cette séquence où la petite mendiante court derrière le fils du riche pour ramasser les piécettes qu’il jette rappelle d’ailleurs celle de La pomme, où un jeune garçon faisait pareillement courir des petites filles derrière une pomme accrochée à un bâton. Est-ce là le destin des personnages de Samira Makhmalbaf que d’être perpétuellement manipulés et trompés, traités comme des animaux à qui l’on peut faire faire des tours ? Le pire est probablement qu’il ne s’agit pas tant de cruauté gratuite que de l’unique mode de communication que les personnages maîtrisent : derrière chaque brimade se cache en effet la nécessité de mendier quelque-chose, qu’il s’agisse d’argent, d’aide, de pouvoir ou tout simplement d’affection. L’espoir, lui, semble irrémédiablement hors de portée.