Meilleures ennemies : la guerre des miss

Posté par vincy, le 7 février 2009

 kate hudson anne hathaway meilleures ennemies
« Le mariage est le premier jour du reste de votre vie. Jusque là vous étiez mortes. »   

L'histoire : Liv et Emma sont les deux meilleures amies du monde, depuis vingt ans. Depuis ce goûter au Plaza, où les deux se promirent un jour de se marier, au Plaza de New York, en juin. Le problème est que, vingt ans plus tard, elles se retrouvent avec la bague de fiançailles au doigt, en même temps, quelques semaines avant le mois de juin. Heureusement, il y a encore des possibilités et grâce à Marion St Claire la plus prestigieuse des "wedding palnners" de la ville, les deux amies pourront se marier dans l'endroit de leur rêve. Hélas, une erreur de l'assistante de St Clair détruit leurs espoirs et il ne restera plus qu'une seule date, un seul créneau horaire pour les deux mariages...

Notre avis : Une brune, une blonde. Deux mariages. Une seule date au même endroit. A partir de ce concept, les scénaristes de Meilleures ennemies ont fait un film en trois temps : la période idyllique amicale, la guerre homérique des rivales et le(s) mariage(s) hystérique(s) fatal(s). Le deuxième acte a évidemment nos faveurs. La cruauté des coups, la jubilation à les voir se crêper le chignon (bleu) ou se faire la peau (orange), permet à cette énième comédie sur le mariage de se singulariser, un peu.

Evidemment, il faut déjà s’immerger dans ce délire névrotique qu’est le mariage. Un rêve de petite fille, dans une déco kitsch, entraînant un esthétisme spécifique. Le temps des illusions perdues n’amène pas forcément d’amertume tant le milieu environnant de ces new yorkaises paraît chic et sophistiqué. Heureusement, la brune – Anne Hathaway, renversante comme à son habitude – et la blonde – Kate Hudson, de plus en plus similaire à sa mère, Goldie Hawn – mettent du piment dans le sucre glace.

Il en fallait; tant l’installation du sujet est laborieuse. Voire caricaturale : l’avocate prédatrice, cupide, dominatrice et la prof soumise, simple, chasseresse. Elles ne seront pas sauvées par les deux prétendants fades et banals, des « Ken » interchangeables, sans aucun charisme, et d’ailleurs assez impuissants et largués dans cette « guerre des Miss ». Dès lors qu’elles deviennent agressives, compulsives, la comédie s’emballe et les délires font plaisir. Car le spectateur est sadique, c’est bien connu. Les deux filles y gagneront, en perdant un peu de son arrogance ou en gagnant en assurance. Et ce joyeux bazar se calmera pour le meilleur et pour le pire. Le film ne parvenant jamais à équilibrer les deux, nous assommant avec une morale en voix off, assez niaise. Reste qu’on se demande toujours pourquoi le mariage est « le plus beau jour de la vie d’une fille. »    

Berlin : The Reader émeut, Kate Winslet séduit

Posté par MpM, le 7 février 2009

berlinale kate winslet ralph fiennesPour cette première journée de festival, c’est un film hors compétition qui a monopolisé toute l’attention berlinoise. Little soldier d’Annette K. Olesen (un thriller intimiste entre un père proxénète et sa fille récemment revenue de la guerre) et Ricky de François Ozon (comédie réalistico-symbolique sur une famille étrangement bouleversée par la naissance du petit dernier) ont en effet été élégamment éclipsés par le très attendu The reader (Le liseur) de Stephen Daldry. Logique pour un film cinq fois nommé aux Oscar (dont meilleur film et meilleur réalisateur) et adapté d’un best-seller, le roman éponyme de Bernhard Schlinck…

Plus encore que la présence du réalisateur ou de son interprète masculin Ralph Fiennes, la venue de Kate Winslet a littéralement électrisé la capitale allemande. L’actrice, qui interprète une ancienne gardienne de camp de concentration, rôle pour lequel elle a déjà reçu le Golden Globe du meilleur second rôle féminin, s’est retrouvée sous un feu nourri de questions allant de son rapport à la nudité à son opinion sur la manière dont on enseigne l’Holocauste aujourd’hui. Elle a expliqué s’être énormément documentée sur cette période de l’histoire afin de mieux entrer dans son personnage. "C’était très compliqué pour moi de jouer ce rôle", a-t-elle avoué. "J’ai éprouvé une grande responsabilité. Il était difficile de trouver le bon équilibre entre la honte ressentie par Hannah et la culpabilité dont elle prend conscience au moment de son procès. Pour autant, il aurait été faux de tenter de l’humaniser… même s’il fallait aussi qu’elle reste un être humain également capable de faire parfois preuve de chaleur."

L’interprétation de la comédienne est à ce titre extrêmement subtile, entre rudesse et passion, violence et douceur, monstruosité et banalité. L’Oscar pourrait facilement être au bout du chemin… Le film, lui, s’inscrit dans un surprenant retour en force des intrigues liées à la seconde guerre mondiale dans le cinéma américain : Walkyrie de Bryan Singer, Adam resurrected de Paul Shrader (présent en section parallèle), The boy in the striped pyjamas de Mark Herman, Inglorious basterds, le prochain Quention Tarantino… et même international ! Rien qu’à Berlin on découvrira quatre films ayant pour toile de fond cette période de l’histoire récente (John Rabe de Florian Gallenbreger, North face de Philipp Stolz…). La Scandinavie semble même s’être fait une spécialité des "actionners" situés pendant le conflit mondial, comme Max Manus des Norvégiens Joachim Roenning et Espen Sandberg, qui raconte l’histoire vraie d’un saboteur ayant combattu l’occupant nazi…

Immanquablement, le retour en force de ce type de films fait grincer quelques dents : faire de l’art (et de l'argent) avec un sujet tel que l’Holocauste choque encore de nombreux professionnels… et Stephen Daldry, malgré la qualité de The reader, n’a pas échappé aux remarques acerbes. Lui, pourtant, se défend d’avoir fait un film sur la Shoah. "Le sujet est l’Allemagne d’après-guerre", clame-t-il. C’est justement ce que les esprits chagrins lui reprochent : ce mélange de love story sensuelle et de récits terribles sur le fonctionnement d’Auschwitz… Pourtant, à bien y regarder, c’est le cas de la plupart des films à venir, qui ne se sentent plus obligés de témoigner sur le passé et n’éprouvent aucun malaise à utiliser la force dramatique et romanesque de ce traumatisme récent. On jugera sur pièces, mais le fait est que ces histoires ne viennent pas de nulle part : elles plaisent au public international et remplissent les salles, voire récoltent des prix. On n’a donc pas fini de voir des nazis parler anglais dans des thrillers haletants et des comédies sentimentales tragiques…