Golden Globes 2009

Posté par vincy, le 11 décembre 2008

Toutes les nominations.
L'étange histoire de Benjamin Button, Doute et Frost/Nixon font la course en tête avec 5 nominations chacun. Aucun de ces films n'a reçu l'adoubement des critiques. ceux de New York ont préféré Milk et Be Happy, ceux de Los Angeles, Wall-E, Milk, Be-Happy et Slumdog Millionaire, et ceux de Washington ont favorisé Slumdog Milionnaire. (tous les détails et l'analyse sur les nominations)

Elton John, du cinéma sur scène, de la scène au cinéma

Posté par vincy, le 11 décembre 2008

the red piano tour elton john

Mardi 9 décembre, Bercy était presque plein (avec des sièges dans la fosse, la moyenne d'âge du public étant de 40 ans) pour écouter Elton John et les mélodies de son piano rouge. En grande partie, hormis un morceau des années 90, il a été puisé dans son répertoire des années 70.

Scéniquement, l'extravagant Elton John semblait sage, assis derrière son clavier, à boire de l'eau, vêtu d'un costume sobre, signé Yamamoto. Cela change d'un autre concert à Bercy il y a une quinzaine d'années, où il était tombé raide sur la scène.

Mais l'excentricité se trouvait ailleurs : l'immense écran qui faisait la largeur de Bercy projettait des clips colorés, des histoires chorégraphiées ou des montages / collages plus abstraits. Ainsi on revoit le chanteur lorsqu'il était jeune, ses fantasmes, son époque. Dans l'un des films  évoquant la folie du show biz et des fans ("The Train doesn't stop there anymore", Justin Timberlake incarne la star. Sur la scène, la direction artistique n'a rien de conventionnel. Pour "Candle in the Wind", Marilyn reprend son rôle, reléguant Lady Di à ses roses anglaises. Gonflés à l'hélium, des gros nibards, une banane et deux cerises, des roses ou un stick de rouge à lèvres s'érigent et donnent au spectacle une atmosphère décadente, criarde et délirante. Tous les fantasmes, jusqu'à l'homosexualité assumée du personnage, y passent.

C'est le créatif et réalisateur David La Chappelle qui a imaginé tout ce décorum pop art et satirique où, comme avec Warhol, "Elton" devient un sigle, une marque.  Ce spectacle court (90 minutes) de 17 chansons a commencé à Las Vegas en 2004 (200 représentations durant 4 ans) avant d'aborder une tournée mondiale. La seule date française était Paris Bercy. Mais 28 salles de cinéma du pays proposaient la diffusion du concert sur un grand écran et en haute définition. Une tendance de fond puisque l'Euro de football et un concert de l'opéra de New York avait déjà suscité de telles projections. La Géode en avait même fait un choix stratégique lors du lancement de la Géode numérique en mars 2007.

Pour Bercy, il fallait débourser 73 à 194 euros. Pour ailleurs, le ticket d'entrée n'était qu'à 17 euros. Les Kinépolis de Nancy, Thionville, Lille Lomme, Mulhouse, Metz, Nîmes, les Pathé de Nice, Toulon et Lyon, les Gaumont de Reims, Paris (Champs Elysées et Labège ont fait partie du réseau. D'autres salles de villes moyennes comme Agen Aix en Provence, Angers, Beaune, Blos, Cannes, Carcassonne, Montauban, Montpellier, Périgueux, Saint-Quentin ou Sarlat s'y sont jointes.  Le show, très visuel, s'y prêtait, l'ambiance d'une salle en moins. Cela devait ressembler à l'expérience d'un immense DVD "live" sans montage. Selon Le Parisien, il y avait 300 personnes dans la salle du Gaumont parisien pour partager ce moment.

Poitiers : quand la musique révèle l’image

Posté par MpM, le 11 décembre 2008

FadosComment filmer la musique ? C’est à la fois une question rencontrée par bien des cinéastes et le nom d’un atelier de création documentaire initié par les Rencontres Henri Langlois en association avec la SACEM et en coproduction avec Ars Nova ensemble instrumental. Le principe est simple : sélectionner par le biais d’un appel à projet de jeunes réalisateurs diplômés d’un cursus de réalisation documentaire et les faire travailler sur une création contemporaine du compositeur Martin Matalon (Traces I) pour violoncelle et ordinateur. A l’arrivée, cela donne quatre courts métrages de treize minutes, à la fois indépendants et complémentaires, qui tentent de restituer la vision particulière de leur auteur sur la manière de donner corps à la musique.

Dommage, les œuvres ainsi obtenues peinent à dépasser l’exercice de style. Peut-être les jeunes réalisateurs sont-ils trop restés dans le premier degré en illustrant uniquement le processus de création musicale par des images de répétitions entre Martin Matalon et sa violoncelliste Isabelle Veyrier, au lieu de lui offrir une résonnance plus multiple dans d’autres scènes ou d’autres lieux. Toujours est-il qu’on étouffe un peu dans cet huis clos d’un auditorium vide où se joue le tête à tête entre les artistes… De plus, filmés au même endroit au même moment, les quatre films deviennent redondants. Le seul qui soit réellement convaincant est celui qui, justement, s’extrait de ce contexte étriqué pour montrer l’envers du décor, cet ensemble gigantesque d’immeubles qui semblent assaillir la salle de répétition. Il ne s’agit plus de labeur et de minutie mais de sentiments bruts démontrant le pouvoir émotionnel de la musique.

Toutefois, si le résultat peut apparaître mitigé, la démarche n’en est pas moins passionnante, d'autant qu'elle trouve écho sur grand écran, et notamment devant la caméra de réalisateurs confirmés comme Pere Portabella (Le silence avant Bach) ou Carlos Saura (Fados, prévu le 14 janvier). Les deux cinéastes espagnols se sont en effet penchés l’un sur la musique de Bach, et plus généralement la discipline absolue de la création musicale, l’autre sur l’art du fado, ce chant portugais mélancolique et profond. Chacun dans son genre, les deux films expérimentent cette tentative impossible de retranscrire par l’image le pouvoir de la musique : Portabella en tentant de décortiquer ce pouvoir, s’adressant plus à l’esprit de son spectateur qu’à son cœur ou ses sens, Saura en proposant au contraire tout un panel d’émotions et de sensations par le biais d’interprétations variées et complexes seulement appuyées par la puissance affective de la danse. Comme les jeunes réalisateurs de l’atelier de création, ils n’échappent pas à une certaine forme d’exercice de style, mais prouvent ainsi que la question de "comment filmer la musique" garde tout son sens.

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Dans les traces de Camille Fougère
Les sens des traces de Benoit Perraud
Continuum d'Etienne Duval
Traces I : l'esprit, le corps, la machine de Oona Bijasson