Affiches : La passion Mesrine

Posté par vincy, le 19 novembre 2008

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Le marketing peut servir de test. Il est certain que Warner regardera de près les scores du second Mesrine, quatre semaines après le premier (1,9 millions de sepctateurs). En janvier, le studio américain tentera la même opération avec le diptyque autour du Che, réalisé par Steven Soderbergh.

Cependant, le Che, martyr sacrificiel et icône des révoltes modernes, est précédé d'une critique cannoise qui sait à quel point le personnage n'est pas magnifié, ni idolâtré.

Le contraire de Mesrine. Même si le film de Richet n'héroïse pas ce gangster, l'ampleur du projet a fait croire à sa mythification. Deux films pour un tel personnage, n'est-ce pas trop? Si le résultat, et spécifiquement l'interprétation de Cassel, permet de justifier cette proposition duale, le malaise persiste avec l'affiche de la deuxième partie.

Cela saute aux yeux : Mesrine y est christique. Saignant, tête baissée, barbu, chevelu. Comparons avec le poster du film de Mel Gibson, La passion du Christ, et l'on voit bien le sous-entendu de l'image qui illustre le film de Richet. Le problème n'est pas tant dans cette manipulation visuelle. Elle est juste hors sujet. Mesrine est tout sauf un martyr ou un idéal torturé. Quel rapport entre cette image de victime et le titre de cette partie, L'ennemi public n°1? Aucun, on est même dans le contre-sens. Cette partie misant davantage sur le spectaculaire, on se retrouve avec une affiche infidèle à l'esprit du film et du personnage.

Pourtant, reconnaissons aux "marketeurs" une campagne réussie et plutôt esthétique. Mais encore une fois, pourquoi la nimber d'un certain cynisme?

Deux Boorman sinon rien

Posté par geoffroy, le 19 novembre 2008

excalibur.jpgJohn Boorman est à l’honneur dans les salles obscures françaises ! Réjouissons nous, à quinze jours d’intervalle, de pouvoir découvrir (pour les plus jeunes) et redécouvrir (pour les autres) dans l’incroyable filmographie du maître anglais, deux de ces films les plus emblématiques : Excalibur (1981, photo) et Zardoz (1973).

Le premier, en salles mercredi 19 novembre, raconte dans un foisonnement aussi bien visuel qu’onirique, l’histoire ô combien célèbre des chevaliers de la table ronde. Adaptation fidèle du Morte d’Arthur de Sir Thomas Malory (1485), Excalibur est un récit d’aventures aux enluminures somptueuses sans doute plus proche du romanesque que du symbolique. Par la force narrative d’une mise en scène brillante, John Boorman donne vie à la légende, humanise chaque personnage et nous plonge dans une époque fantasmée par le souffle du dragon.

Long-métrage tampon, il symbolise l’existence de deux cinémas. Celui, nostalgique, d’un âge d’or hollywoodien foisonnant et celui, réaliste, d’un modernisme formel annonciateur des futurs Conan. Les scènes découpées en tableaux, l’utilisation parfaite de morceaux musicaux empruntés au registre classique (Tristan et Isolde et la marche funèbre de Siegfried pour Wagner, O Fortuna dans la désormais célèbre cantate scénique Carmina Burana de Carl Off), le lyrisme des passions et les réflexions sur les hommes au travers du sexe, de la guerre et de la religion, finissent de célébrer une œuvre puissante qui nous aura donné, par l’interprétation d’un Nicol Willamson inspiré, le meilleur Merlin du cinéma à ce jour.

Zardoz, en salles le 3 décembre prochain, est devenu au fil des ans ce que l’on appel communément un film culte. Culte de part son histoire, son époque, son acteur (Sir Sean Connery vraiment impeccable) et son genre cinématographique. Long-métrage d’anticipation post apocalyptique plus formel qu’il n’est vraiment psychologique, Zardoz véhicule à coups sûr des thématiques-symboles très ancrés dans son époque (liberté sexuelle, famine, structuration sociale, environnement, immortalité, manipulation génétique…) et trouve sa place parmi des œuvres comme l’Ange exterminateur (Buñuel), le Soleil vert (Fleisher) et Orange mécanique (Kubrick). Ode au désir et à la vie, Zardoz est une réflexion contre le sectarisme, la religion comme moyen de domination et l’avilissement des êtres. Si le film a vieilli (décors et costumes kitch) la mise en scène, quant à elle, fascine par sa capacité à nous offrir un jeu aux multiples ouvertures.

Deux films, deux œuvres phares. A ne pas manquer pour tous les amoureux du 7e art.

Arras célèbre John Boorman

Posté par MpM, le 19 novembre 2008

John BoormanDécidément, John Boorman tient le haut de l’affiche. Alors que deux de ses plus célèbres longs métrages ressortent sur les écrans (voir actualité : deux Boorman sinon rien) et qu’il est annoncé aux commandes d’un nouveau projet (une version animée du Magicien d’Oz), le réalisateur britannique était l’invité prestigieux du 9e festival "L’autre cinéma" d’Arras. Une rétrospective fascinante, constituée à la fois de ses chefs-d’œuvre (Délivrance, Excalibur, Point de non retour…), de son tout premier film (Sauve qui peut), rarement diffusé, et de ses deux dernières œuvres, inédites en France (In my country et The tiger’s tail), lui était ainsi consacrée.

Souriant et facilement accessible, l’auteur culte de Hope and glory et Duel dans le pacifique s’est prêté avec élégance au jeu des autographes, photos et questions sur le vif. Lors de la leçon de cinéma animée par notre confrère Michel Ciment (auteur du classique John Boorman, un visionnaire en son temps), il a même tenu en haleine un public extrêmement fourni venu écouter ses souvenirs de tournage et découvrir sa manière d’appréhender le monde et le cinéma. "Quand je finis un film, ma motivation pour le suivant est de ne jamais refaire la même chose", a-t-il par exemple déclaré comme pour justifier l’aspect extrêmement éclectique de sa filmographie.

Sur sa capacité à tourner sur les tous les continents, et parfois avec des acteurs ne maîtrisant par l’anglais comme Toshiro Mifune, il répond simplement que "le film est un langage universel. Ce qui change, c’est juste la méthode. Donc si on comprend ce langage, on peut aller n’importe où." Et il avoue (un brin émerveillé) que Marcello Mastroianni prétendait que Leo the last était son film favori. Ce qui avait le don d’exaspérer Federico Fellini… Tant qu’on parle des stars, quid de Lee Marvin, qui accepta de jouer dans son second film, Point de non retour ? Deux anecdotes lui viennent instantanément en mémoire. D’abord celle de l’objet qu’il a gardé de l’acteur après sa mort : ses chaussures, qu’il fait régulièrement briller, et qui lui rappelle le personnage du film, Walker ("marcheur" en anglais). Et puis sans doute la plus connue de tous, mais qu’on ne se lasse pas de lui voir raconter : lorsque totalement ivre, Lee Marvin s’était installé sur le toit de sa voiture. Bien sûr, Boorman s’était fait arrêter par un policier, atterré, qui lui lança cette réplique d’anthologie : "Vous savez que vous avez Lee Marvin sur le toit ?" Et le réalisateur de répondre : "Est-ce que c’est illégal ?"

Difficile d’aborder en deux heures la filmographie foisonnante du maître, et pourtant les images défilent. Voilà par exemple une scène de Délivrance où les quatre personnages basculent dans des rapides de plus en plus chaotiques. Pas étonnant que le cinéaste ait la réputation d’aimer le risque… "Je n’ai jamais utilisé de cascadeurs", explique-t-il pourtant. "Car s’il en faut, c’est qu’on reconnaît qu’il y a un danger. Donc tout était préparé et extrêmement maîtrisé. Ensuite, quand on monte tous les éléments, on a cette impression de chaos…" Et l’eau, omniprésente dans son œuvre ? "J’aime beaucoup l’eau, elle porte la vie et apporte beaucoup à un film", confirme-t-il. "Un cours d’eau, c’est comme l’existence : ça commence par quelques gouttelettes qui grandissent jusqu’à devenir la mer."

Une dernière anecdote pour finir ? Dans Hope and glory, inspiré de ses souvenirs d’enfance, le jeune héros est captivé par une virtuose scène de combat aérien sur grand écran. Aussi lorsque la sirène annonçant les bombardements retentit, il rechigne à quitter la salle, bien que sa sœur lui fasse remarquer que les mêmes combats ont lieu au dehors, et cette fois pour de vrai. Et Boorman de conclure : "le héros préfère déjà, comme c’est mon cas, la vision filmée des choses plutôt que la réalité…"