Venise mêle politique des auteurs et curiosité cinématographique

Posté par MpM, le 29 juillet 2008, dans Festivals, Venise.

venezia_salagrande.jpgPour sa 65e édition (du 27 août au 6 septembre), qui sera dédiée à Youssef Chahine, la Mostra de Venise semble marcher dans les pas de son rival cannois en mêlant habilement auteurs confirmés (et pour certains même détournés de la Croisette, comme les Coen, Kitano ou encore Aronofsky) et nouveaux venus intrigants et prometteurs, à l'image de Christian Petzold (remarqué à Berlin en 2007) ou de Tariq Teguia (déjà sélectionné en 2006 avec Rome plutôt que vous). Le festival rompt même avec sa fidélité envers les cinéastes de la nouvelle vague en choisissant des auteurs très personnels comme Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic (réalisateurs et interprètes de Dancing en 2003) ou encore Barbet Schroeder pour représenter la France.

Le signe d'une vraie exigence qui en éclipserait presque la profusion de stars attendues (Kim Basinger, Guy Pearce, Charlize Theron, Anne Hathaway, Anthony Wong, Benoît Magimel, Mickey Rourke, Ralph Fiennes..., mais sans elles, pas de festival digne de ce nom) et surtout l'annonce la plus excitante de la compétition (et qui nous vient une fois encore de l'animation) : la sélection de deux des plus grands cinéastes de l'animation contemporaine, les Japonais Hayao Miyazaki (avec son dernier succès Ponyo sur la falaise) et Mamoru Oshii (le réalisateur culte de Ghost in the shell), adulés bien au-delà des frontières de leur pays. Joli doublé pour Venise qui réussit ainsi ce dont bien des festivals, Cannes en tête, ont rêvé.

Pour ce qui est de la diversité géographique (autre critère révélateur de la bonne tenue d'une compétition), on est par contre assez étonné de constater le forte concentration des oeuvres retenues.  Seize films sur les vingt et un en compétition (soit plus des trois quarts) viennent en effet de seulement six pays : les Etats-Unis (5), l'Italie (4), le Japon (3), la France (2), l'Allemagne (1) et la Russie (1). Les cinématographies plus "rares" (Algérie, Portugal, Turquie, Ethiopie) ne sont pas exclues, mais systématiquement représentées par des coproductions impliquant à nouveau la France (4 films), l'Allemagne (3 films) et le Japon (1 film). De quoi donner l'impression que Venise reste en terrain connu, n'osant pas vraiment s'aventurer dans les nouveaux paradis cinématographiques tels que l'Asie centrale ou l'Asie du sud-est.

Hors compétition, on retrouve sensiblement les mêmes tendances, avec une majorité de films européens et une flopée de noms célèbres, de Claire Denis à Abbas Kiarostami en passant par Manoel de Oliveira, Agnès Varda et Jia Zhang-ke. Plutôt relevé, le niveau ! Le grand moment reste toutefois la présentation en ouverture de Burn after reading, des frères Coen, qui réunit à lui tout seul Brad Pitt, George Clooney et John Malkovitch. Emeute assurée et buzz maximum ! Plutôt malin d'avoir placé ce grand show en début de festival, car une fois les paillettes retombées, les festivaliers auront retrouvé lucidité et esprit critique pour apprécier le reste de la manifestation. Et même, pour les plus courageux, sa section "Horizon" qui présente un panorama des nouvelles tendances cinématographiques.

Côté français, on y retrouvera notamment Arnaud des Pallières et Philippe Grandrieux, et c'est également là que l'on pourra découvrir une douzaine de documentaires de tous les horizons. Sans oublier la compétition de courts métrages, la rétrospective du cinéma italien, la compétition de la Semaine de la critique italienne et celle des Venice Days organisée par les réalisateurs et producteurs indépendants.

Maintenant, c'est sûr : la dolce vita italienne est un mythe. A Venise fin août, c'est du stakhanovisme cinématographique le plus forcené que les cinéphiles feront l'expérience !

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commentairesUn commentaire
  1. Posté par vincy, le 29 juillet 2008 à 22:02

    Ouais mais ils ont pas Angelina Jolie, eux…

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